L'embarcadère (Tout le monde se présente ici)

Ah nous y voilà ! Pas mal du tout le rafiot, je m'y plairais à coup sûr !

Enfin, ne nous emballons pas il reste encore l'équipage, j'ose espérer qu'il sera à la hauteur . Rien de plus désagréable que de voyager en mauvaise compagnie, et je vous parle en connaissance de cause !

Tenez par exemple, il y a trois mois, le voyage pour les îles G... une vraie catastrophe, je vous passe les détailles ... c'était épouvantable.

Mais que vois-je ? on embarque déjà ? serais-je en retard ?
Oh ils m'attendront bien le temps qu'il faudra . Alors :
mon mini sac à main, dernier cri ....oui,
lunettes avec petits diamants incrustés, une pure merveille ! .... oui .
Tout y est !

Charles mon argent de poche ! Passez mes amitiés à père et mère, enfin vous savez bien – je les aime, ils vont me manquer et patati et patata, enfin je vous laisse faire . Oust partez maintenant !

Allons y, tête haute, regard indiffèrent, hautaine ? non, fashionable !

Crac

Non ! mon talon aiguille ! C'est vraiment pas de chance, et mes autres chaussures qui sont bien au fond de mes valises, ça commence bien ...

Excusez-moi ! Pourriez-vous venir m'aider à monter les marches je vous prie ?

Oui je sais bien une demoiselle ne demande pas, une demoiselle exige, mais je suis vraiment dans l'embarras cette fois !

Tu devrais prendre des vacances, a dit le boss. Sous-entendu part loin et reste-y.
Qu’elle idée j’ai eu aussi de me taper sa fille. Enfin, je ne me plaint pas, il aurait pu me faire dessouder par le reste de la meute.
C’est sans doute ce qui arrivera quand il se rendra compte que la gamine est en cloque, mais à ce moment là je serais loin.

J’ai envie de gerber, une croisière, c’est bon pour le troisième âge, j’aurais pas de chair fraîche à me mettre sous la dent, ou seulement de salles gosses de riche.

Vieux sadique t’aurait pu me prendre un allé simple pour Bora Bora.

Bon cesse de te plaindre, t’est en vie, c’est déjà ça.

Ma valise à la main, l’air morose, je m’avance pour embarquer.

Non, je veux pas y aller!

Mais enfin, chérie, c’est ton cadeau d’anniversaire! Tu sais combien Tatie Danielle a déboursé pour t’offrir ce voyage? Et puis de toute façon, c’est ça, où tu passes quinze jours chez Pépé et Mémé. Alors, tu choisis quoi?

Franchement, t’as pas de figure, m’man. T’as jeté un œil sur le nom de la croisière? C’est un truc pour les détraqués du zizi sexuel qui veulent tremper leur haricot à tout va!

Bon, maintenant, ça suffit, tu embarques, et je ne veux plus entendre un mot! Quelle enfant, mon dieu, quelle enfant!
Allez, amuse-toi bien ma fille!

Faudrait qu’elle se décide, un jour ou l’autre. Parce que le « je t’aime, tu m’emmerdes », j’en ai raz la casquette. Non, mais elle va pas m’embrasser devant tout le monde en plus! Et si, elle l’a fait. Seule échappatoire, la fuite en avant. Alors je monte sur ce rafiot.

Si la blondasse m’approche de trop près, avec son sourire colgate, je la mords.
Je sais, je suis mineure, mais c’est pas pour ça que je vais me balader avec cet horrible machin autour du cou, et me faire escorter par un matelot boutonneux qui se croit drôle avec ces blagues à deux balles sur Paf le chien. Les mouvements droite-gauche de ma tête, regard posé sur le sol, moue pas franchement rieuse, j’avance.

Non mais ils le voient pas, mon tatoo?
J’en ai choisi un gros quand même! Quand je leur dirai que j’ai même pas pleuré quand je me le suis faite TOUTE SEULE, alors que j’ai eu une super allergie, ils vont s’espanter. Et j’en ai plein d’avance, comme ça, s’il s’efface, je pourrais le refaire. La petite sudiste, ils vont apprendre à la connaître…

Tiens, un qui-s’la-pète. Je vais le suivre de près pour embarquer, on me lâchera les basques, comme ça.

Me voilà sur le pont. Ma vieille est encore là. si elle croit que je vais faire comme la bande de niais qui fait coucou, elle se brosse.
Malgré un gros effort de concentration, ma main se lève et s’agite.
Me voilà toute seule, abandonnée, sur un bateau immense. Je ne connais personne, j’y suis pour un moment…

Le pied!!!

Parfait…

Belle plante, le derrière aussi serré qu’une courroie de distribution, le talon aiguille qui se faufile, les pare-chocs bien à leur place, rien qui dépasse, juste ce qu’il faut pour attirer les regards.

« Charles mon argent de poche ! »

C’est ça, Charles, files-lui son argent de poche…

Elle est PARFAITE !

Je tourne et vire, un regard à droite, un coup d’œil à gauche, je matte l’héritière, la bien née, et le papy richissime. Mais alors elle, c’est la cerise sur le gâteau…

Vas-y ma poule, roule du roturier, pendant ce temps, je reluque la marchandise.

Pardon m’ssieur dame, laissez-passer.
Et la p’tite, pousse un peu ta glace, tu vois pas qu’tu gênes !

Eh éh… la star… ça sent le pèse à plein nez… lui, je le sens bien autour d’une table de poker.
Mais, d’abord la poulette aux talons aiguilles…

Mada… mademoiselle ? Laissez-moi vous aider, prenez mon bras !

La consultation semble durer une éternité ... J’attends qu’il termine, puis hop, il va falloir que je parte ! Loupé ma croisière ! Pour rien au monde !

Bon, il se dépêche le lourdeau là ... Vraiment ! J’aurais jamais du le prendre aujourd’hui celui –là ...

Il me trends alors enfin le cash ! Vite je dois vraiment y aller là !

Merci Monsieur, et au plaisir, si vous avez d’autres questions, je serai de retours après mes vacances !!

Même pas le temps de le saluer qu’il prend ses affaires, puis passe le palier de la porte. Bien bon, de toute façon, je n’ai pas le temps de faire causette trois siècles là ...

Dans un mouvement précipité, je file vers ma chambre, et j’y emporte mon matériel ! A près tout, si je peux me faire un peu de blés sur le Paquebot, autant en profiter.

A peine sorti de ma maison, j’appelle un taxi via le portable ! J’ai plus qu’à attendre qu’il arrive puis enfin, les vacances !

Ahh détente, ne rien faire, juste profiter de cette croisière !

Juste le temps de me replonger dans la réalité, et le Taxi arrive !

Après quelques minutes de route, et savourant le paysage qui défile sous mes yeux, le chauffeur s’arrêtes ...

On est déjà arrivé, si j’avais su, j’aurais demandé à Momo de m’amener !! Ça m’aurait évité de gâcher de l’argent !

Une fois descendue du taxi, je récupère mon matériel, puis mes affaires, et je me dirige vers un immense bateau de ... oui de luxe, déjà quelques personnes sont là ! Oh, je vois même des petites culottes roses qui jonchent le sol ... Et là, aussi une jeune fille qui pleur ! La pauvre, si elle à pas tout ramasser avant que j’arrive, je vais quand même l’aider !

En tout cas, je constate qu’elle ne va pas manquer de sous-vêtements au moins, à voir la quantité qui y en à au sol ! J’arrive enfin à sa hauteur ... Je me baisse ...

Attendez, je vais vous aider ! Voilà, ici encore quelques unes, et le tout y est enfin je pense ! Voilà ne vous mettez pas dans un état pareil tout de même, ce sont que des culottes...

A mes dires, je ne peux m’empêcher intérieurement de rigoler ...

Bien cette foi, je suis prête à embarquer, mais mon regard est attiré par quelqu’un ...

Tien il me dit quelque chose l’autre bô gosses là-bas Son visage ne m’est pas inconnu... Peut-être est il venu en consultation ? C’est possible, ce serais le genre en tout cas !

Paquebot me voici, puisse les clients affluer !

Comme quoi demander n’est pas une si mauvaise idée,

Merci monsieur vous êtes charmant

Et comment qu’il est charmant, les cheveux bien en place, le sourire ravageur, excellent .
Charles n’est plus là, pas de mouchard en vue, rien a craindre !
Je m’accroche à son bras le regard suppliant

Je vous dois une fière chandelle ...

Mais non je ne lui dois rien, mais c'est ce qu'on dit ...

C’est bien beau tout ça je l’admet mais faudrais peut-être y aller, je dois me changer, et mettre de nouvelles chaussures .
D’accord pour lui mais faudrait pas non plus que tout le monde me voit trop longtemps dans la même robe !

Vous m'accompagner jusqu'à ma cabine ?

Et là, mes aïeux, je ne vous dis pas, Tarzan en personne qui saute à la rescousse d'une jeune demoiselle très sucrée .

PLOUFFFF

Ah ben c'est fini pour mon brushing du matin !
Et ma robe toute neuve !!!!!

Parfait.

De tout. Et n'importe quoi, d'ailleurs. Impeccable. Exactement ce qu'il me fallait.

Elle approche calmement de la passerelle d'embarquement, sac de voyage à l'épaule, à l'aise dans son jean et ses sandales. Les yeux cachés derrière les lunettes de soleil détaillent ceux qui se massent sur le quai, ils scrutent, pèsent, analysent, classifient déjà... Ils s'attardent à peine sur la donzelle BCBG au talon cassé, et sur le bellâtre qui se précipite, ils glissent sur la gourde en train de s'imbiber et sur le rouleur de mécaniques qui patauge à sa rencontre en ramassant au passage la pellicule d'huile qui flotte sur l'eau du port. Ils cataloguent. La belle plante, la chipie, le type au sourire un rien malsain.

Parfait... Ca valait la peine, vraiment. Ca valait l'investissement...

Sans plus s'attarder, elle s'avance, sort sa carte d'embarquement, et la tend sans mot dire à l'un des piquets à dents blanches et uniforme. Son sourire à elle est léger, à peine esquissé. Pendant qu'on contrôle son identité et vérifie la liste, elle continue à observer, par-dessus son épaule, à travers les verres sombres de ses lunettes de soleil.

Au hurlement de la demoiselle, deux membres de l'équipage tournent la tête, et l'un d'eux s'éloigne au pas de course. Il court le long du bastingage vers l'endroit où la passagère est en train de reprendre son souffle après cet éclat de voix assez remarquable, décroche une bouée bicolore, et la jette vivement par-dessus bord.

La bouée tombe en tournoyant, prend de la vitesse. Mais au lieu du "splatch" escompté, on entend un "poc" de bien mauvais augure...

La bouée de matière synthétique poreuse main néanmoins assez lourde vient de heurter le valeureux Casserondelle. En pleine tête...

Gapher... Eeeeh, oui...

Tiens, finalement j’ai pas droit à un ramassis de vieillards, mais plutôt à un défilé de tocards et des donzelles en couche culottes.
Quoique, il y à quelques belles poulettes à l’horizon. Cette rouquine par exemple.

Hé hé, charmante douceur, j’irais bien humer ta chevelure de feu, beauté, et le reste...

Une gamine tombe à l’eau et ça manque pas il en faut un pour jouer les héros… Il aurais mieux fait de s’abstenir. *rire* Si tout l’équipage et comme le gars venant de lancer la bouée on est mal barré…
Qu’est ce qu’elle fou tout de seule d’abord la blondinette ?

Nerveux je regarde par-dessus mon épaule, épie les visages des autres passagers.

Je presse le pas, il faut que je regagne ma cabine, y trouve une cachette pour déposer ma valise et son contenu.

Non! et comment je vais l'avoir ma photo ch'il ch'e noit, toi le ch'teward t'as du bol d'avoir un croupion affable..à chille..pfff hihi j'la rechortirais, bon va falloir que je fach'e quelque choze...décontrachté...

Se retournant vers le gaffeur: "Et bien alors, ch'teward qu'attendez vous pour aller les checourir?"

Et voilà, c’est dans l’sac ! Je sors mon p’tit sourire de chez faux-cul et à tous les coups ça marche.
Mais oui, ma chérie, t’es belle comme un camion, mais n’en fait pas trop quand même, j’suis pas taillé sur mesure…

Mais gaffe ! Merde quoi, cette conne va bousiller mon costard trois en un ! Tire pas trop sur la manche, la bordel, tu vois pas qu’c’est du neuf de chez Garfield…

« Je vous dois une fière chandelle ... »

Ça, j'te l'fais pas dire. En parlant de chandelle, elle en a deux… Eh Mama ! C’est pas d’la quille de trottoir ! Rien que de la belle marchandise, et tout ça planté sur deux p’tit pieds à donner envies de se prendre pour une chaussure.

Allez, j’accentue un peu la fossette et je tire encore sur le sourire… Voilà, parfait. Un vrai gentleman, Trapp !

« Vous m'accompagner jusqu'à ma cabine ? »

Mais oui ma chérie, et même jusqu’au faubourg Saint Honoret. Je suis bon prince, j’te pique pas ton argent d’poche. J’veux tes bijoux, tous les p’tits bijoux que tu dois cacher dans tes valises.

Diantre, il manquerait plus que je vous abandonne au milieu de cette faune ! Venez ma chère, essayons d’échapper à cette foule bruyante.

N’en fait pas trop, Trapp… juste ce qu’il faut…. La bonne note, la bonne figure…

SPLOUFFFFFFF

Le con ! Mon costard neuf ! Non, tout va bien, la poulette a fait écran. Putain, sa robe par contre, c’est la piste aux étoiles, jour de pluie.

" Ce sont des vacances qu'il te faut Sven !! Loin de tout, les idées légères, prend du bon temps, au soleil de référence, pense à toi et rien qu'à toi, éclate toi.. Saute des gonzesses à ne plus en pouvoir, flambe, roule en décapotable et sifflant les jolis culs, Sven !!
On a pensé à toi... Tiens, ouvre... "


Et j'ai ouvert... Mon frangin a toujours été d'un naturel extraverti, croqueur de vie, et a toujours été protecteur avec moi.. Mais mon dieu qu'il n'a jamais su me connaitre..
Une croisière, rien de mieux pour me ressourcer m'a t-il dit.. Moi qui aurait rêvé d'être seul, isolé dans une cabane, quelque part, je sais pas, dans le grand nord canadien.. Au Groëland, qu'en sais je.. Mais non, pas ça..

Et comment refuser ? Surtout quand on a aucun cran, quand on est un faible.. Et ben moi j'ai pris le billet, j'ai esquissé un merci. Et voilà ce con doit être en train d'explliquer à une pétasse péroxidée à quel point il a été mon sauveur...

Faut bien dire que la vie n'a pas été tendre avec moi ces dernières années.. Chienne de vie... Putain d'exiistence.. SALOOOOOOPE !!!
Hem... Calme, calme, calme... Le Xanax est dans la popoche..

Et il faut que j'arrive en plein drame.. Y'a du monde à l'eau, y'a Tarzan qui saute.. Au moins passerais je peut être inaperçu...

Je me faufile tranquillement pour éviter les regards.. Une bouée me passe à quelques centimètres du visage... Et assome Tarzan.


Mmmmh... Allez le secourir, oui. à moins qu'il n'en ai aucune envie. C'est vrai pourquoi s'acharner à sauver unevie dont on ne connait rien, peut être lui même vo...

VA-CAN-CES !! LA VIE EN RO-SEUH !

pfff... Mon dieu, c'est af-freux. Vi-teuh.

Sven,Sven, Sven.. Fais un effort, ou on va encore te jeter des cailloux quand tu demanderas l'heure.

Je me sens légère...à peine ai-je l'impression de toucher le sol à chaque pas. Quelle sensation étrange ! Je ne me souviens plus de rien, à vrai dire. J'étais sur ce bateau, tout allait bien, puis cet avis de tempête...et me voilà, irrésistiblement poussée à embarquer sur ce magnifique paquebot. Par qui ? Par quoi ? Je ne le sais pas. Mais une force en moi me brûle, me force à rejoindre la euh...la meute, c'est ça, déjà présente.

Mes sensations sont totalement irréelles. Suis-je vraiment vivante ? Je ne sais même pas quel visage j'ai. Je flotte, comme dans un songe étrangement réaliste. Et bien allons-y. Avançons. Nous verrons si les gens me remarquent. S'ils se retournent sur mon passage. Ou bien s'ils ne me voient pas. Auquel cas, c'est bien un songe que je vis...

Ah oui, mon sac ! Il est là, près de moi, mais je n'ai même pas l'impression de le tenir. Toujours aussi blanc, étrangement, comme mes habits. D'ailleurs, pourquoi je dis étrangement ? Je ne sais même pas. Arrête de réfléchir, Céli. Ca ne te réussit pas toujours. Sois naturelle, et va te présenter.


Un sourire timide éclaire le visage de la pâle jeune fille alors qu'elle monte sur la passerelle, indifférente aux formes qui s'agitent dans l'eau, à quelques mètres d'elle.

- Je...je peux embarquer ? Voici mon billet...

Et voilà, Gapher a encore frappé...

Le Doc secoue la tête d'un air désolé... Le Capitaine fait des grands sourires, Julie fait des grands sourires et Isaac aussi, il ne reste donc que lui... et Gapher, debout à côté du bastingage, les yeux écarquillés, et la main sur la bouche, parfaite illustration pour le sous-titre "oups, j'ai fait une bêtise"...

Et qui c'est qui va devoir réparer tout ça ?

Le Doc enlève donc ses lunettes et les range dans sa poche de poitrine, qu'il boutonne, enlève soigneusement ses chaussures impeccablement cirées, et bouscule Gapher en enjambant le bastingage.

- Va chercher l'échelle de corde, abruti !!!! Là, dans le coffre de secours !

Puis il se détourne et se flanque à la flotte...

De tout là-haut, ça fait un plouf considérable... Mais le Doc est un vrai dur, sous ses airs de haricot princesse mal cuisiné... Il refait surface à côté de la petite, qui a l'air très très affolée, aaaahlala, ça ne va pas être facile du tout, du tout !!!

- Mademoiselle ! Calmez-vous, mademoiselle ! Ne vous inqiétez pas, vous êtes sauvée !!!!

Il arrive à saisir la bouée, à la glisser fermement sous l'aisselle de Candy, et à choper de l'autre bras Robert, qui menaçait de couler... Puis, plein d'espoir, il attend l'échelle de corde, qui dégringole justement le long de la coque.

Poussant tout son petit monde, il exhorte Candy à grimper au plus vite...

- Allez-y, Mademoiselle ! J'aide Monsieur, ne vous inquiétez pas ! Grimpez ! C'est du solide, et Gapher vous aidera dès que vous serez en haut !!!