Evènement N°3

Passerelle - 23h55

Dernier bulletin météo :

Prévisions pour la nuit du 31 décembre 1999 au 01 Janvier 2000 :
Vent de secteur nord 3 Beaufort, faiblissant et devenant calme ou
variable faible en fin de nuit.
Mer peu agitée.
Houle modérée de nord-ouest s'amplifiant 2 à 3 m.
Ciel étoilé, puis brume en fin de nuit.
Visibilité supérieure à 10 milles, s'abaissant localement 1 à 3
milles par brume ou inférieure à 1 mille en fin de nuit.

Equipage au rapport.

Tout va bien… les systèmes ont été vérifiés.
RAS Captain.

Vous y croyez ?
Je m’amuse…

Passerelle - Minuit

Captain !
Les cadrans !

Regardez ! tous les voyants sont dans le rouges…
Il n’y a plus rien de cohérent…
La boussole !
C’est pas possible Captain… on devrait pas être ici !

Toutes ces données sont fausses
Tout recalculez…
Les cartes…

(…)

Captain, c’est impossible !
Nous devrions être ici, regardez sur la carte…

Premier janvier 2000 - On se fait la bise !

Machine arrière toute !

Captain…

Plus aucunes commandes ne fonctionnent
Les moteurs sont en rades
Les instruments HS

Réparez-moi ce bordel !

(…)

00H15

Regardez !
Dehors !

Mais c’est impossible…

Les récifs Captain !
Devant…

(…)

Amusant non ?

Et oui, tout est HS.
Pire, le bateau ne se trouve pas sur l’itinéraire prévu.

Pire encore ?
C’est jouable.
Le bateau dérive et devant lui, une barrière de corail.
Pas bon ça, je vous le dis.

Je crois que vous devriez préparez vos petites affaires.
Moi j’dis ça, hein…

Allez Captain Stupid, envoi ta petite annonce, qu’on s’barre en vitesse.

Message du Captain Stupid : le bateau va heurter un récif, veuillez vous rendre aux canots qui se trouve sur les ponts. Que chacun garde son calme et son sang-froid.

- Putain, faut qu’on s’casse en vitesse !

- Mais Captain ! Le Captain doit quitter le bateau en dernier…

- Ah… j’savais pas… zêtes sur ?

- Oui, Captain ! Captain !

- Boulot d’merde…

http://www.radioblogclub.com/open/129747/sweet_dreams/nevemore

Et oui, ce qui devait arriver, arriva. Je parles des récifs…
Mais du reste aussi, enfin… ce qui va arriver
Plus tard
Très bientôt…

Mais… revenons à notre bateau.

Les récifs…
Le bateau n’a plus de capitaine, un équipage plutôt minable.
Il dérive, il n’est pas dans les eaux qui devaient accueillir la croisière.
Et devant, la barrière de corail.

La rencontre inévitable de deux géants, l’un d’acier et de bois, l’autre de calcaire dur et profondément ancré dans les fonds marins.

D’abord un bruit lancinant, c’est ce qui frappe le plus.
Et puis, vient le choc.
Violent, et là… à l’instant où l’acier s’écrase sur les récifs, toute cette puissance mise œuvre, ces énergies libérées…

Le bateau est soulevé, secoué. La mer explose sous les masses qui se mêlent, ça éclabousse… et les remous s’ensuivent…
La coque se déchire dans un hurlement viscéral.
Ça prend aux tripes et c’est la peur, l’angoisse.
Les jambes qui tremble, les mains qu’on essaye de cacher parce qu’elles tremblent aussi, et qu’on ose pas montrer qu’on a peur.
Et ce vertige qui semble se coller au rythme des secousses.
Les regards qui se croisent, se cherchent, partout, nulle part, au hasard, n’importe où.
Et ça secoue encore…

Tout ce qui est accroché tombe, se fracasse sur les ponts, les beaux tapis, le luxe qui devient brutalement tellement inutile, tout ce faste réduit à rien, le néant par la destruction.

L’impuissance, oui, l’impuissance. C’est qu’on peut lire dans tous les regards, et la peur… Cette peur de la mort, elle est si proche…

L’espoir !

Il naît d’un voisin, de l’expression sur un autre visage, d’un geste amical, si peu de chose au fond.

Et la coque grince comme une porte rouillée.
Elle est éventrée, déchirée.
Le silence soudain, oppressant.
L’eau s’infiltre dans les cales.
Le bateau coule.

C’est la fin.