Au pied des arbres - Le festin

J'y crois pas...
Impossible.
Cette fois ci on approche de la fin...
Je m'arrête un instant essuie le sang qui coule de mon front.
J'analyse...
Lhod fonce sur Mike...
Notre seul espoir c'est cet autre créature.
Mais il ne peut rien faire tant qu'il tient Gracella.
Je ramasse, un des bouts de la chaise.
Un pieu bien pointu.
Une attaque ultime, je peux pas faire plus...
Ce sera du gateau, Sigma est fascinée par l'autre monstre.
Sans réfléchir, je lui plante le pieu entre les homoplates.
Juste à la suite de Kheira...

Il s'est relevé, évidemment.

Fou de rage, de douleur.

Un homme debout, un homme étendu.

Proie morte, aucun intérêt.
Sauf pour assouvir la frustration, la rage.
Il s'approche de Vince, lève sa main aux griffes longues et puissantes.
Hurlement de joie pure.
Tuer...

Lâche... elle fuit après m'avoir jeté à terre et de détaler ventre à terre. Putain SIGMA toi et moi l'histoire ne fait que commencer. J'aurai ta peau crevure... oui je l'aurai avant de quitter cette maudite ile.

Un regard à James. Un merci du bout des lèvres pour son aide.

Le corps meutri, je rampe jusqu'à Graceella, inerte. J'attrape son poignet, et cherche le poul. Elle est encore envie. ouf.

Je me redresse difficilement, l'attrape sous les aisselles et l'amène un peu plus à couvert sous un arbre pour l'éloignée, la mettre hors de portée du danger immédiat.

A genou à côté d'elle, ma main tenant la sienne, je regarde Kristoff d'un regard soucieux. putain fait gaffe Kriss... fait gaffe...

Mon doigt se crispe sur la détente et tout le chargeur y passe. Une seule de ces bastos fait un trou à faire pâlir d’envie un hublot de paquebot. S’il résiste encore à ça, va falloir le démonter à la main, pièce par pièce. Et puis, sa cop’s l’a lâché semble-t-il.

« Riiiick ! En groupe ! Il faut former un groupe ! » Pas là… il est parti ce crétin…

Kheira, là-bas, au sol, sans adversaire… ok…

Avant même que je puisse toucher le monstre Kheira l'avait fait détaler.
Bien joué...
La douleur est trop forte...
Il gagne du terrain.
Vince... Il va bouffer Vince.
Soudain je peux plus respirer.
Je crache du sang...
Merde, j'ai déconné.
Mes jambes ne me portent plus.
Mon corps lourd tombe en arrière.
Et puis le noir.
Je ferme les yeux et je souffre en silence.
Ces conneries sont plus de mon age...

Il roule au sol, une fois de plus, heurté par une volée de balles.

Cri de souffrance.

Mais déjà il se rassemble, déjà il s'apprête à se relever.

Vérole, plus de chargeur, sont restés là-haut dans le sac…

Ok.
Pas le choix.

Je saisi mon arme par le canon et le brandi comme une massue primitive, mais une massue en acier aux arrêtes tranchantes. Et je me précipite sur le cadavre qui marche. Et je taille. Et je frappe. Et je cogne. Les joyeux vendangeurs qui foulent le raisin, au pied, au poing…
Vais en faire de la compote…

[HRP]

PAUSE

La suite demain...
Argh...

[/HRP]

C’est pas un homme. C’est une machine ou quelque chose d’assimilé. Même en petits morceaux il finirait par revenir. Pas moyen de s’en défaire… peut-être que le feu…
Ok.

Plan B.

J’empoigne le gamin à terre. Pas le temps de faire les présentation ou de demander s’il a mal quelque part. Là, c’est tu te casses ou t’es mort. S’il me fait le coup de « je suis un poids pour l’expédition » je le laisse baigner dans son sang. J’ai un Rick à récupérer fissa, et je veux protéger Kheira.

Je l’accroche sous le bras et lui crie dans les tympans.
« DEBOUT ! ALLEZ DEBOUT ON S’CASSE ! VITE ! »
Je le soulève facilement, il est plutôt fluet. Je l’entraîne un instant à ma suite pour l’éloigner de l’autre monstre.

Un coup d’œil circulaire sur le champ de bataille. Kheira s’occupe d’une blessée, mais derrière elle un cadavre se relève. Mille bombes, ils sont vraiment increvables résidus de fausse couche.

« KHEIRA ! DERRIERE VOUS ! BARREZ-VOUS, JE VAIS LES OCCUPER UN MOMENT PARTEZ SANS VOUS RETOURNER, JE VOUS REJOINS ! »

Bon, et maintenant, phase expérimentale en action. Je cours vers le feu de camp le plus proche. Eteint.
Ca se confirme, y a une taupe parmi nous et le feu est bien leur point faible. Quelques braises rougeoient encore. La broche que tenait Delha est figée et la graisse dégoutte de l’animal. Mais oui ! la graisse ! Quand on rôti une bestiole, on a toujours un mélange d’huile et d’herbes fines pour enduire le cuir de l’animal !
Effectivement, à côté d’une forme allongée ressemblant étrangement à un tas de tissu, un petit pot graisseux d’où sort une longue cuillère de bois… Je m’empare de mon butin et en jette le contenu sur les braises… normalement, ça devrait prendre… Sinon… On verra bien.

Haaa… rien de tel qu’une bonne flambée pour retrouver un peu d’espoir…

Je m’empare d’un brandon et l’attise aux flammes naissantes. Je le tourne et le roule dans la flaque d’huile brûlante. Rapidement, la torche de fortune flambe elle aussi. On va pouvoir y aller.

Je reviens au trot en direction du type qui a reçu ma boîte complète de valda dans le tiroir. Son corps bouge encore et je le vois tenter de se relever. Un coup de tatane dans la mâchoire déjà bringuebalante. Pas un retourné à la Bruce Lee, mais un coup sale, franc et direct. J’entends un craquement significatif. Chez n’importe qui, je m’inquiéterai pour sa vie, mais le gus en question ne semble pas avoir de soucis de cet ordre.
Il s’écroule de nouveau.
Immédiatement, je rapproche ma torche de lui et l’en caresse brutalement. Je tente de mettre feu à ses vêtements, il va pas résister à ça quand même !

Mais je n’ai pas trop le temps de me perdre en conjectures. Je rechope Vince au passage qui a l’air vraiment mal en point. Rien à foutre, c’est pas le moment.

Vers Kheira.Vite.

Je cours.

Graceella commence à reprendre connaissance. Son corps est secoué de soubresauts, des tremblements imperceptibles dans un premier temps puis des gestes désordonnés, comme si elle rêvait, un rêve agité.

Sa main se crispe sur celle de Kheira, ses muscles se tendent puis se détendent, sa tête roule sur le côté mais son visage est dénué d’expressions. Elle a chaud, elle a très chaud, elle a mal, tellement mal, mais il ne faut pas le montrer.

Sa tête est la seule à bouger, d’un côté, de l’autre, sans repos, sans trouver de position qui annihile la douleur. Cette douleur dans la poitrine, ce souffle qui lui manque, cette impression de suffoquer, un étau qui l’enserre, elle a peur mais se tait. Il ne faut pas bouger, ne pas résister, sinon ce sera pire, accepter, accepter tout jusqu’au bout, jusqu’à ce que ça s’arrête enfin, qu’elle n’est plus mal.

Des gouttes de sueur perlent sur son front, sa respiration se fait saccadée, elle se réveille, et la douleur est toujours là, qui l’oppresse. Elle ouvre la bouche, cherche à respirer, happe un peu d’air qu’elle enferme dans sa gorge puis ouvre enfin les yeux.

Kheira est à genoux à côté d’elle, elle a l’air inquiète.

Des hurlements ! Elle entend des hurlements et elle crie à son tour.

Elle lâche la main de Kheira et se met à gesticuler comme prise de folie, protégeant son visage de ses mains puis elle se replie finalement en chien de fusil, et reste dans cette position sans plus bouger.

La chose de métal se met à siffler en montrant du doigt la maison suspendue. Refuge ? piège ? obéir ? ne pas obéir ? je quête Kristoff du regard. Celui brûle une torche qu'il balance sur un des monstres. Des monstres, ils n'en restent plus beaucoup, de même que des naufragés. Tous ce sont éparpillés dieu sait ou.

J'aurai dû faire pareil, prendre la poudre d'escampette. Mais je pouvais pas. Graceella... Une Graceella qui semble reprendre conscience, qui se met à gigoter comme si elle avait le diable au corps. Sa main glisse de la mienne? j'essaie de la calmer mais me repousse de sa folle gestuelle. D'elle même, elle s'assagit pour se recroquevillée en chien de fusil.

Une main qui se pose sur ces cheveux, les caresses, mon visage qui se tourne vers Kristoff qui court jusqu'à nous en portant un Vince inconscient.

Des hurlements stridents, inhumains, à vous glacer le sang. Faut qu'on dégage de là. Mais je ne peut pas porter Graceella toute seule et Kristoff a déjà Vince comme fardeau. On est pas dans la merde.

Ma main glisse des cheveux à la joue de Graceella et la lui tapote pour qu'elle réagisse.

Allez Miss... faut qu'on y aille et j'ai besoin de ton aide car seule je n'arriverai pas à te soutenir.

Un regard vers Kristoff qui se rapproche.

Kristoff.... on fait quoi ?

Je traîne le mouflet plus que je ne l’aide, pas le temps de prendre des pincettes, et puis porter des gens, hein… L’obscurité est maintenant déchirée par la lumière des flammes de la torche humaine… si tant est que ce zombie soit humain.

Mais le temps n’est pas à la philosophie. Je rejoins Kheira en quelque bonds. Sa patiente a l’air mal en point, elle gigote comme un orvet dont on aurait coupé la tête. Pas le temps de moisir ici.

« Kheira, faut se barrer vite fait. Avez-vous vu où sont partis les autres ? »

Les bois ? Les maisons ? Et puis, j’ai un sac à dos que j’aimerai bien récupérer aussi… Ca me semble mal barré c’t’affaire. A deux, on pourrait encore se tirer rapidos, mais avec un blessé et une hystéro, nos chance s’amenuisent. On a aucune chance en partant vers les bois, et les blessures de la loque vont s’infecter à vitesse grand V. Vu l’humidité ambiante, je lui donne pas douze heures pour choper la gangrène.

Pas d’autre solution que les baraques. D’une position surélevée, on a une petite chance de pouvoir se défendre correctement, et vu ce que leur fait le feu, ils ne penseront pas à faire flamber les arbres.

« Kheira, on remonte dans les arbres, go ! »

Vince au bout du bras gauche, j’agrippe l’aisselle de la fille. Ca va être simple sur les passerelles…

Elle se recroqueville, bouche ses oreilles avec ses mains, ne veut plus entendre ces hurlements, toute cette agitation autour d’elle. Une main vient lui effleurer les cheveux, une caresse, comme sa maman lui en faisait quand elle avait un cauchemar et qu’elle venait près d’elle pour la réveiller doucement.

Maman !

Elle l’écoute, la sent proche, si proche. Sa maman a besoin d’aide, il faut qu’elles s’enfuient toutes les deux, qu’elles courent loin, loin de ceux qui leur veut du mal.

Et puis soudain une main qui l’enserre, qui les sépare. Elle se retourne contre l’homme qui veut l’empêcher de sauver sa maman et frappe de ses poings fermés contre son torse, avec acharnement, avec toute la force dont elle est capable. Elle frappe, frappe, frappe, et crie

Lâche moi ! Lâche moi ! Va t’en ! Laisse ma maman tranquille !

Je regarde Graceella, prise dans son délire, asséner des poings sur Kristoff. Punaise. Pourquoi ai-je l'impression que je vais devoir faire quelque chose dont je ne veux pas. Jouer les grandes soeurs pas de souci, mais celui de maman....

En attendant, si je ne réagis pas, Kristoff va l'assommer et on aura deux jambes en moins pour courir jusqu'à la cabane.

Inspiration. Expiration. Je me lance.

Délicatement, j'attrape le poignet droit de Graceella pour la faire pivoter vers moi, attrappe son autre poignet et tente de la calmer par des paroles apaisantes. Elle peut frapper, elle peut tenir debout, donc elle peut courir.

Chérie... calme toi... le Monsieur ne veut pas de mal à maman, il veut juste nous aider à aller dans la cabane dans les arbres.

Baiser sur sa tempe.

Tu la vois la cabane, la haut chérie, et bien on va y aller tous les quatre se cacher des méchants monstres et attendre que les autres reviennent. Et soit courageuse ma fille. Maman court avec toi!

Je lâche un de ses poignets, mon autre main glisse le long de la sienne et entremèle ses doigts. et la tire à ma suite dans un galop pas trop rapide pour qu'ele puisse suivre.

Un regard en arrière sur Kristoff.

Kristoff... vient, je t'en prie !


[direction la maison suspendue]

Aussi actif qu’un âne mort ce jeunot, je n’arrive pas à savoir s’il est dans un coma éveillé ou dans un réveil ensommeillé. Mais il ne bronche pas et ses jambes suivent au ralenti la course que j’essaie de leur imprimer.

L’autre dingue et Kheira sont repartie vers le haut. J’ai un petit détour à faire moi. On monte déjà tant bien que mal les volées d’échelles bricolées qui nous mènent vers les frondaisons. Là-haut, peut-être, gagnerons-nous un peu de temps pour élaborer une véritable fuite. Faudra penser à des vivres et de quoi dormir. Dormir…

Costaude Kheira, elle a su remettre en place la régressive sans lui coller une paire de pain dans la cafetière. Ma foi, j’admire, l’utilisation de la psychologie de combat… bravo. Mais avec une fondue comme l’autre nana sur les talons, ça va devenir une vraie partie de plaisir que d’essayer de mettre les voiles.

La plate-forme supérieure… plusieurs passerelles s’orientent vers les arbres voisins. Je repère rapidement la direction qu’ont prise les deux femmes puis pose mon sac de sable. Je l’adosse tant bien que mal contre le tronc monumental de l’arbre. Il a l’air calé là ? Pas le temps de le foutre en position latérale de sécurité ou de faire les premiers gestes de secours, y a urgence de se retrouver.

« Bouge pas de là mon gars, chuis de retour dans une poignet de secondes, t’aura qu’à compter le nombre de cris du pantins qui crâme en bas pour tuer le temps… »

Au pas de course je retourne dans la grande maison commune et le refuge que j’avais barricadé. Je percute violemment la porte pour fouiller le coin. Une couverture qui traîne, une lanterne qui ne semble pas trop vide et mon sacro-saint sac à dos. C’est pas que j’y tienne particulièrement, mais, même si son contenu s’amenuise, j’aurai plus de tranquillité à me savoir pourvu et que mon arme puisse se regarnir la panse de mortelles dragées.

Allez hop, retour à la plateforme. Il a pas bougé d’un poil. Toujours le même regard inexpressif, du sang, un filet de bave qui coule d’entre ses lèvres… va falloir sérieusement s’en occuper. Je recharge mon fardeau, hue petit baudet !

Kheira a choisi une nouvelle baraque, je ne sais pas pourquoi, mais elle doit avoir ses raisons. Celle-là ou une autre, pas question de traîner de toutes façons.



[la cabane en haut de l’arbre, oui, c’est là qu’on va, z’êtes crevé Vince ?]