Fuite dans la forêt

Tout s’assombrit de plus en plus, je marche sans savoir ou je vais ... Il a indiqué la forêt, ce chemin ? ... Voulait-il nous protéger ? Ou juste nous séparer ... La nuit est encore en son sommet ... Rien ne perse, rien n’éclaire ... Obscurité ... Froid, j’ai froid, si froid ... Je m’enfonce toujours, les branches qui me fouette le visage quand je passe ... Peut-être qu’il m’attend, peut-être qu’il va surgir ... C’est égal, compétemment égal ... Peu importe ce qu’il va m’arriver ... Maintenant ...

Je suis fatiguée, enfer est arrivé, il à tenter, sont-ils mort ? Mère est morte ... Elle aurait pu peut-être nous soulager ... Finalement, c’est elle qui est soulagée ... Elle a certainement mérité ce repos qui ne parvenait pas à se finir en elle ... A présent, elle ne souffre plus libérée de ses chaînes qui l’empêchait d’avancer !

Mes pieds semblent savoir ou ils vont tant mieux, moi je suis perdue au milieu d’une forêt que je ne connais pas ... Ceux qui rôdent ici ... Ils finiront par m’avoir d’une manière ou d’une autre ... Je ne recherche plus refuge.. J’attends.. Un arbre immense me fait lever la tête à son sommet, si grand ...

C’est la que je vais m’arrêter, la que je vais me reposer, je m’adosse contre ce tronc, et Doucement, je me laisse glisser le long de cet arbre, l’écorce, je la ressens au travers de mon vêtement, lente griffures .... Comme mon âme elle me déchire ! Je suis assise et regarde autours de moi ...

Ceux qui rôdent ici, finiront par m’avoir d’une manière ou d’une autre.. Enfer qui s’est étendu et à souiller nos pensées, notre force ... Bruits étranges au cœur de l’obscurité, Bruits inquiétants, qui tort les tripes ... Mais je n’ai pas peur Pourtant, je n’ai plus la force d’être angoissée, plus la volonté de souffrir ... Je ne recherche plus refuge j’attends..

La mort si douce soit elle, si elle doit venir m’accueillir, je la remerciai d’abréger mes souffrances qui sont enfoui au plus profonds de moi.. Je la saluerai, et je partirai ... Sans aucuns regrets !

Je vis lente agonie, morsure dans ma chair, je dépéris ... Je ne sais même pas si je suis seule, si quelqu’un est encore en vie.. Je repose ma tête sur mes genoux replié sur mon ventre et les larmes commencent à couler... Pourquoi je pleure ? Peut-être par ce que je suis encore en vie et que je ne le mérite pas ...

Mes yeux me piquent de plus en plus fort ... je n’arrive plus à les ouvrir, si fatiguée, si épuisée, je ne lutte plus ... Je laisse place à la noirceur qui commence lente ascension.. Ne plus ouvrir les yeux, me laisser emporter ...

Je cours comme un malade la baronne rivé aux basques, sa main pendue à la mienne, et l’adrénaline au taquet.
Les bruits de bagarre se font plus lointain étouffés par ceux de la forêt.

Je ralentis, la baronne me suit sans un mot, sûrement effrayée et à bout de mot.
C’est sur que c’est pas ce soir qu’elle va pouvoir sortir le tailleur dernier cri et son petit air pincé.

On avance main dans la main, un peu à tâtons un peu maladroitement, fatigués surtout.

Le calme imposant, les bruits suspects de la nuit se mêlent étrangement à la peur de les voir débarquer devant nous.
Cette peur qui se greffe à la place de l’estomac et serre comme un étau et remonte dans la gorge. J’ai la nausée.

Chaque bruit devient suspect.
En temps normal on peut se rassurer en se disant que tout va bien et que les bruits qu’on entend, ces craquements, ces froissements et ces petits crissements sont la vie de la forêt. Mais tout va de travers, et le moindre craquement de branche peut annoncer l’arrivée d’une de ces pourritures.

Je décrampe pas de mon flingue…

Très vite on rejoint les trois filles pas trop moches.
Je reconnais celle qui a pris ma défense, et celle qui est appuyée contre l’arbre je ne sais plus.
Peu importe, on est vivant et ensemble.
Je suis vanné, je m’affale contre l’écorce de l’arbre, la tête renversée en arrière, les jambes repliées, les bras posés dessus, les avants bras pendus sans force.
Je lâche pas mon flingue.
Je garde une oreille éveillée.
Le regard perdu dans les étoiles.

Tout le monde va bien ici ?

(Corso je sais pas ou tu es...)

Odeur qui s’approche, lointaines paroles infinies ... ça y est, elle vient me céder place, la mort et sa voix féminine ... Les Paupières toujours closes ... Je n’ai pas envie de les ré ouvrir ... Sombres songes ils me tiennent en joue prêts à exploser sous légères impulsions juste une touche de volonté pour parvenir à les enfermer ...

Bruissements dans les feuilles ... Si c’est bien la mort, je veux la regarder en face ! Encore des paroles, des sons qui me sonnent pas inconnus ... Lyana c’est elle ? Elle est envie, alors peut-être quelqu’un d’autres pourrait s’en être sorti ! Espoir qui renaît trop faiblement oui mais ...

Lentement, très doucement, j’ouvre les yeux ... Il fait encore sombre Je suis là, mais ailleurs ... J’écoute, mais n’entends pas, je ne veux pas écouter.. Pourquoi s’obstiner si c’est pour ne rien demander ! Pression sur mon cou, touché éphémère comme si quelqu’un m’effleurait.. Ce n’est pas elle ... Fièvre qui grave mon esprit ! Je vais mourir si je ne regarde pas !

Une ombre qui prend place ... Je sais qui il est ... Il n’est pas seul encore quelques âmes sauvées ... Pour combien de temps ? Pas d’importance ... Amertume et regrets, tout ce qui ne veut pas sortir, me ronge ... Reprendre sur soi pour toucher encore la réalité du bout des doigts ? Peut-être ! La menace est pourtant encore là. Alors ?

Mutisme de quelque minutes, je veux pas parler, pas maintenant, plus tard.. Juste encore regarder le ciel et l’obscurité ... Ensuite clarté peut reprendre place dans mon univers.. Rien qu’une étoile que j’aperçois ... Je l’entreprends et décide qu’elle me montrera le chemin ...

Alors tout comme lui, tout comme cet homme je lève ma tête et regarde cette étoile ...

Comme si je m’adressait à personne et à tout le monde en même temps, cette phrase sort de ma bouche comme un nouveau souffle de volonté..

Oui ca va ... Maintenant, ca va aller..

Juste accepter cette réalité qui frappe sans remords ....

J'essaie au maximum de garder le peu de sang froid qu'il me reste... Rayana me réponds enfin et je lui sourit contente qu'elle aille bien...

-Repose toi un instant Rayana car j'suis pas sur qu'on pourra rester la encore longtemps...

Je m'approche un peu plus de Sibylle elle accepte que je la soigne... Je m'agenouille près d'elle et attrape sa cheville droite pour la posée sur mon genou...

Méfie-toi je suis chatouilleuse... Sa réflexion me fait sourire, d'une voix douce je lui réponds...

-Je ferai attention

J'ouvre la bouteille d'eau et je commence a nettoyer les coupures, doucement afin de ne pas déclencher l'hilarité de ma patiente... Puis j'attrape l'un des deux morceau de tissu que j'ai déchiré et j'enveloppe son pied droit ne laissant a la vue de tous que le bout des orteils puis je le repose au sol...

J'attrape le second et j'emploie la même technique...

-Ca n'est pas parfait mais cela te protégera en attendant mieux et au moins tu aura moins mal quand tu marcheras...

Leurs voix me rassurent, pourtant et malgré la fatigue je reste méfiant, je sais que tout peut encore arriver, que tout ça n’est qu’un répit, une trêve et que rien ne nous dit que ces choses ne vont pas apparaître là, maintenant ou plus tard.

Je regarde la grande tige soigner la cheville de Sibylle. Ses gestes sont précis, presque tendres.
Apres tout ce qui vient de se produire, cette scène à l’ordinaire sans aucun intérêt, devient touchante, et réconfortante. Un peut d’humanité…

Ma voisine d’arbre me parle, je pivote la tête vers elle. Je crois que la même étoile nous attire, alors je retourne y perdre mes pensées.
Et je songe aux autres.
Qui a survécu, qui y est resté..
Quelle importance, je ne les connais pas ou si peu. Ils ne sont pas plus intéressés à moi que moi à eux. C’est un peu chacun sa mère sur cette île, sauf que la mienne, ce soir elle me manque…
Puis c’est l’image de la duchesse et le sang qui s’échappe de son cuir chevelu..
Et puis je revois la créature éventrer et arracher les tripes..

Et cette putain d’envie de vomir…

Le marin sue à grosses gouttes, visage blème. Course à la lueur vacillante des flammes du festin. Apocalypse, choses qui leurs hurlaient aux basques, grinçantes ricanantes, les griffes qui sifflaient dans l'air. Tout s'est passé comme un vieux rêve gris, il a couru, ils ont couru, Sibylle à ses côtés. Corso croyait sentir leur souffle sur ses traces longtemps après que les lueurs des torches disparaissent et qu'ils se soient enfoncer dans les sous bois.

Saolperies chasseresses, on aurait cru une horde de hyène équipée de griffes d'acier. Les balles ont sifflées, rien ne semblaient pouvoir les arrêter. Avec les autres on s'est enfuit, j'ai le souffle rauque. Sur mon épaule, Rick pèse son poids le gentil bambin. Aussi amorphe qu'un sac de patate. Je regarde le groupe. Lyana soigne les écorchures de Sibylle, j'ai une esquisse de sourire grisatre pour ma belle qui a pas l'air bien en point. Rayana est dans un état pire pas très loin. Trapp tire une tronche aussi verdatre que la mienne, et sa copine qui le consolait tout à l'heure.

J'arrive à la traîne du groupe, j'ai déposé le corps du gros bébé. Je sais même plus vraiment comment je l'ai récupéré. C'est surement le seul moment, où j'ai éte bien conscient dans cette foutue histoire. Je reste debout appuyé à l'arbre. Et je secoue Rick...

" Ouais, on est sorti du gros de la merde, là ! Reviens... "

Il respire normalement, il a juste l'air d'en avoir pris un coup derrière le crâne en somme, à part quelques griffires comme tout le monde.

Qu'est-ce qu'il veut que je lui réponde ? Ca sentait la tripaille éventrée et le sang à gros bouillon. Moi aussi, je flippe, Rick, mais on ne pouvait pas y faire grand chose. Y retourner, ce serait folie, continuer d'attendre jusqu'à ce que les démons hurlants nous tombent sur le rable, pire. J'ai un vieux goût de merde dans la bouche. Indestructibles, plus vicelardes, qu'une bande de charognards, j'ai l'impression que sans le mystérieux sauveteur kidnappeur de Sibylle, ca aurait été encore pire.

On s'est retrouvé séparé du reste des naufragés, ça tirait dans tous les sens et pourtant aucun de nos asssaillant n'a semblé vraiment en difficulté. Si rapides, si puissants, des anges de morts terrifiants. A voir Rick triturer son flingue et y puiser de quoi se rassurer, j'ai un sourire amer. J'ai pas été utile à grand chose, Je garde le souvenir des corps entripaillés méthodiquement comme par des charognards avides. Ceux qui nous avaient accueillis sont morts avec leur secret. Nous sommes de retour à la case départ, des errants flippés, mais maintenants nous connaisssons le visage de nos ennemis. Est-ce que c'est mieux ?

Je ne sais rien du Oôg, de la citée sous terre dont Dellah avait parlé à Celi. On est six couillons perdus dans une jungle qui ressemble à l'antichambre de l'enfer. Si on a du bol, on possède encore deux flingues et une dizaine de balles, qui ne servent à rien contre les horreurs chasseresses. Trois gars mal en points, quatre femmes épuisées terrifiées. Y a plus glauque comme tableau ?

Je dois faire un coup de calgon. Parce que si je m'écoutais, je lui dirais vraiment ce que j'en pense d'où on est à Rick. Mais, c'est pas vrazi, cela ne me ressemble pas. Sibylle est sortie vivante de ce cauchemard, je respire encore, et faut pas baisser les bras. Pourtant, m^me ma voix sonne éraillée, je cherche mes mots.

" Va savoir Rick, ton pote est pas taillé dans un cure dent... On s'en est sorti... Pour l'instant ! Les bestiaules pouvaient pas être partout. Y a des chances que d'autres trouvent une issue momentanée... "

J'ai du mal à espérer. Mais ce qui fout le plus les glandes, c'est ce que je crois lire dans les yeux de Rick. On dirait qu'à avoir rangé son flingue dans son calbut sans se faire sauter les burnes, il est décidé à tenter un coup de jarnac. Et puis, merde, elles nous ont surpris, comme des chasseurs en embuscade. On y pouvait rien. Maintenant, c'est droit devant.

Je regarde les femmes, Sibylle en train de se faire soigner par Lyana, Rayana dans un coin, la copine de Trapp. nous, on est guère mieux, mais boire le thé ici...

" Plus on mettra de distance entre ces saloperies et nous, plus on retardera le moment qu'elles nous retrouvent. "

Il me reste que trois clopes dans mon paquet, je sais que si j'en fume une maintenant, je la chialerais plus tard. Raclement de gorge.

" Le seul problème, c'est que droit devant ou plein ouest, y a rien que de la jungle. Dellah avait parlé d'une citée souterraine à Celi, il nous faudrait un refuge... "

Toujours le regard tourné vers le ciel, je ne quitte pas cette étoile.. Les yeux perdus dans les profondeurs du ciel … Juste un appel, juste un signe … Mais elle veille. Ombre à mes côtés, son regarde fixe aussi cette étoile … Plonger dans ce cauchemar, ensemble, tous …

Je pressens ce qu’il se passe autour de moi … Un homme, puis un autre.. Des questions, toujours ces questions.. Réfléchir, non, se laisser guider oui ! Avancer … C’est ce qu’il y a de mieux à faire pour le moment..

Ma tête reprend son axe, et à présent, je regarde ceux qui sont là, tous … Lyana m’attrape les mains, elle est encore inquiète … Mais moi, je ne le suis plus … Maintenant ma route est tracée quoi qu’il arrive je céderai !

Oui, c’est bon Lyana, merci, ça va aller..

En prenant appui sur elle et Trapp, je me relève, mes jambes ne sont plus que coton, mais elle supporteront moi poids, elles me porteront encore, si au bout, un peu plus loin, la délivrance m’attends …

Une femme, une parole … Elle veut aussi avancer, elle, elle l’a déjà rencontré ce géant d’acier … Si elle, elle pense qu’on doit continuer, c’est qu’elle le ressent. Alors, je m’approche un peu plus du groupe et ces paroles se lâchent.

Je suis prête, allons-y.. De toute façon … si on reste là, je ne donne pas cher de notre peau !

Dur réalité, j’étais bien dans mon rêve, je voulais juste m’en aller, me reposer …

Le visage enfouie dans ses cheveux, envie de partager de tout donner, Trapp reviens.

Tu dois revenir, reprend toi j'ai .... j'ai.... j'ai besoin de toi.

C'est moi qui l'entoure et c'est moi qui a besoin de lui ? n'importe quoi, tu dérailles complètement ma jolie. Tu n'as besoin de rien ! et sûrement pas de lui !

Une seconde pas plus

Suffoquée, les membres agités de spasmes, je les sent, je ne les vois pas, pas encore ,je ne veux pas les voir
Les sentiments peuvent être trompeurs, les sens beaucoup moins, je les sent, je pourrais toujours trouver une explication après, je les voie...plus de doute...

Une.... Chose, des yeux fous qui rient, un regard qui promet une mort horrible, ce parfum fétide qui ne me quittera plus.

Les mains plaquaient sur les yeux, m'éteindre, disparaitre, partir, mourir, tout, n'importe quoi mais pas ça !

Le chuchotement de ma nounou

Il est dehors .... Et si tu n'es pas sage tu verras peut-être son visage qui te regardera par la fenêtre de ta chambre quand tout le monde dormira sauf toi, tu le verras sourire en te regardant du fond du placard, tu entendras son souffle sous ton lit, tu le verras lui , lui et son rasoir avec lequel il s'est tué.

Alors sois sage, sois sage ou...

Je suis sage nounou, je suis sage toujours, alors pourquoi, pourquoi ?

Sa main dans la mienne, tout ce bruit, je ne veux pas non jamais, les yeux fermées je plaque mon visage livide contre son dos. Ne rien voir, rien entendre.

Des sifflements, quelque chose transperce l'air, ses muscles tendue contre ma joue, des sursauts à chaque bruit, rien, je ne veux rien entendre.

Des cris l'odeur du sang, nausée...
Les yeux clos
Quelque chose .... encore
nounou je suis sage je ne ferais plus jamais de bêtises.

Différence
Protection
Trapp ? non autre chose

Il me tire, je ne sais pas où j'ignore pourquoi, marionnette de tissu je le suis, plus de volonté juste cette peur, sous le lit....

Odeur de foret, ouvrir les yeux... non ! pas encore, pas maintenant, plus jamais

Tout le monde va bien ici ?

Tout le monde ? ici ? on est pas seul ? où sommes nous ? ouvrir les yeux...

Des voix, des femmes, des hommes ..

On vit ? et ces choses ? derrière la fenêtre...

Trapp, j'ouvre les yeux terrifiée je ne veux rien voir pas encore, juste lui, son visage familier
Revenir a la réalité, me réveiller effacer ce cauchemars

Dans le placard...

Ils bougent, des taches clairs parsemées de taches plus sombres, aucun visage, aucune forme distinctes, juste des taches mélangées. Ils veulent partir, aller plus loin.
Pourtant "il" a dit de venir jusqu'ici, protection, lui, "il" est notre protection.
Je ne veux pas bouger, rester la, securité, protection , pourquoi chercher ailleurs "il" a dit ici...



[hrp-oui c'est long, oui c'est bordelique, si ca colle pas je change sans probleme ]

La tête dans les étoiles je rêve d’une autre réalité, lointaine. J’y vois des tables de jeux, des jetons de pokers, les dès qui claquent entre les doigts, le croupier qui valse avec les cartes et je feinte, je triche même pas, je sais manier les cartes et les regards, observer et trouver la faille, le geste qui trahi, la goutte de sueur sur la tempe, petite trahison qui glisse et dérape sur le coin de l’œil.
Je cherche mes repères, je vois rien, ici c’est pas mon monde.
Et le vieux Chinatown et ses vices qui vient me chatouiller le souvenir, je rirais presque si la situation n’était pas aussi désespérante.

Je fouille dans la poche de ma veste et je sors un paquet de clopes. J’en prends une et envoie le paquet à Corso.
Celle là je l’allume avec amour et je la fume comme si c’était la première sauf que le fumée ne me fera pas tousser.

La baronne tremble sur mon épaule.
Je passe mon bras autour d’elle.
Juste la rassurer, lui faire croire que tout va bien.
Je sais faire, mentir et bluffer.

Faut y aller baronne

J’avale une bouffée, et la recrache en faisant des ronds qui s’étiolent et s’effondre dans la noirceur de la nuit.

Je me relève, main prisonnière de celle de Margueritte.
Je tiendrais parole, il t’arrivera rien.
Allez baronne, montre leur que tu es autre chose que celle qui parade ses grands airs et son petit sac à main coller sur l’avant bras.

On passe devant, j’ai un flingue et un chargeur plein.
Corso, tu assures nos arrières ?

Et.. garde mon paquet de clopes, tu me le rendras si on s’en sort.

Ca s'organise ! T'as raison trapp, je vais fermer la marche. tant que tu me laches une clope. J'ai pris mon temps pour l'allumer et la fumée qui s'envole est presque plus jouissive que celle que j'inhale.

" si, on s'en sort, ouais... "

Comme tous les fumeurs se reconnaissent sur la terre, Rick s'est avancé droit sur moi, je lui tends le paquet. J'ai un sourire las.

" Celle du condamné ? "

Grouillons nous maintenant. C'est jamais bon quand les nerfs relachent, il sera plus dur de repartir. Quand, on regarde la tête de la copine de Trapp, on se dit que ca vas déjà être dur pour certain. Mais, j'ai pas envie de finir en repas pour les hyènes hurlantes. Ceux d'en haut ou d'en bas. Rien à foutre tant qu'on marche, on met de la distance entre elles et nous.

Sibylle, elle a l'air d'avoir récupérée, mais, la pointe qui me taraude... On est pas sorti de l'auberge. J'ai pourtant l'habitude des mirages sonores quand on est seul sur un rafiot, dingue, les films qu'on peut se faire. mais parfois, j'ai l'impression que leurs cris résonnent comme de mauvaises acouphones. Je tends l'oreille et puis rien. Ils sont loin pour le moment, mais l'état des troupes est pas au plus haut.

Je m'approche de ma sorcière. On s'en est sorti jusque là, vivants envers et contre tout. La serre me semble resurgir d'un passé lointain, comme des années en arrière. J'aimerais qu'on est le temps, j'aimerais aussi t'avoir rencontrer ailleur, petite sorcière. Sourire tendu, un doigt rugueux qui glisse sur le satin de sa joue... C'est déjà l'instant du départ, pas de place aux sentiments, ni à l'émotion. On ne doit plus s'arrêter.

Petite poupée de porcelaine
Les yeux vides, deux billes brillantes dans le noir.
Son bras qui l'entoure, une chaleur tiède plutôt froide, mannequin de cire les bras ballants le regard lointain, perdu.

Fait pas si, fait pas ça
Marche tout droit, pas comme ça
Reste sage ne bouge pas
Ne dis rien !

Sage, sage, sage

Sourie quand tu veux pleurer
Pleurer au lieu de sourire

Marguerite !

Margot...

Il allume sa cigarette petite torche d'espoir dans la pénombre ambiante.
Un phare indiquant le chemin jusqu'à ses lèvres.
Elle la suivrait sans doutes
Mais..

Pas jouer, rester propre
Sage, sage comme une image
Image fausse mais tellement jolie
Eteindre cette étincelle qui enflamme tes yeux
Marguerite !

Sous le lit, derrière la fenêtre , dans le placard
Rester sage

Petite étoile carbonique qui s'étiole dans mes yeux

Faut y aller baronne

Pas baronne

Chaleur envahissant conquérante bouillante
Baronne,baronne
Rester sage

Sa main s'approprie la mienne
Pas baronne, la cire fond, la porcelaine craque
Margot, Margot, MARGOT !!!!

Les taches reprennent leur formes, je ne les connais pas, juste elle aperçu sur le bateau la jolie brune.

Je regarde sous le lit, j'ouvre la fenêtre et je vide mon placard.

Il se lève je le suis, un rire odieux m'échappe
Mourir ici ? d'accord mais pas en marionnette, pas en pantin, j'ai repris mes fils en main, vous allez en baver !!!

Oui enfin jusqu'à preuve du contraire.

Les branches semblent curieusement prendre un malin plaisir à venir se rompre sur mon crane ou mieux encore, me gifler sans la moindre retenue.
Si ça continue, je vais en perdre jusqu’à mon dernier cheveu et ça commence à m’énerver !
Si bien que je commence foutre des coups de poing dans le vide, et si on me regarde je nierais ce que vous raconterez ! Non, j’ai pas eu l’air de chasser des mouches et de taper des moustiques invisibles !

C’est ainsi que de baffe en baffe, je fraye un chemin pour le petit groupe que nous formons.

Quelque chose m’apaise et me rassure.
Parce que j’ai la trouille vissée dans le ventre, et que chaque pas posé dans cette forêt peut-être le dernier.
Parce que j’ai fait une promesse, et que je ne suis pas sur de pouvoir la tenir.
Cette main qui tient la mienne
Qui enfonce ses ongles dans la chair, et fait si mal que je serre les dents.
Cette main qui retient mon attention, et me fait oublier le temps d’un moment cet endroit
Et je me surprends à espérer qu’elle ne me lâche plus.

La baro… Margueritte. Si changeante, si... tellement… incroyable. Elle sait être la pire des pestes sans en avoir l’air, et derrière cet air, la plus remarquable des personnes, un cœur plus gros que son titre et toutes ses manières un peu idiotes.
Idiotes et pourtant qui me séduisent.
Je me demande ce qui l’attire vers moi…
Pourquoi je n’arrive pas à oublier sa main…

Sauvé par un pont !
Un pont de bois… tout pourri…
Fait de cordes… usées et prêtes à céder…
Putain, c’est la merde là !!

Stooop !!!
On pousse pas derrière, c’est pas le stand auto tamponneuse ici !

J’ose plus bouger…
Je regarde le pont et bizarrement j’arrive pas à détacher mes yeux de ses cordes toutes râpées et de ses traverses en bois… j’imagine des vers… plein de vers qui rongent les entrailles du bois et creusent des galeries à l’intérieur et ça s’effrite et ça va casser bordel !

Je me retourne.
Face à moi, la baronne…
Et dans mon ventre, une putain de trouille du vide.
Je sais pas pourquoi, mais là je me suis serré tout contre elle et je l’ai enlacé.
J’ai fermé les yeux…
Foutu vide…

Elle sent bon.
Je sais pas comment elle fait, moi je dois sentir le bouc. Mais elle, non. Elle sent la rose et la tulipe.
Sa joue est un peu moite, chaude et douce.
Je suis bien contre elle, sa joue, son corps, son parfum.
Après tout, on pourrait rester un petit moment et se reposer. Le pont peut bien attendre de s’effondrer sous nos pas…

Bordel…
Je m’extirpe de sa joue et c’est un déchirement.
J’ai promis…

Mesdames et messieurs, nous sommes arrivés au terme de notre excursion forestière…

Je la refais, version Trapp.

Merde, y a un foutu pont prêt à s’effondrer.
Un volontaire ?