Les coursives tribord

Tout va trop vite à nouveau.

J'ai à peine eu le temps d'entendre la réponse de James, qu'un couple déboule dans la coursive. Je reconnais la brune délicate. Elle est terrifiée, cramponnée au bras d'un jeune homme dont la tête me dit quelque chose aussi. Derrière eux un grand type, encore jamais vu. Ses yeux scrutent, analysent. On dirait moi il y a 24 heures... Froid et fermé.
Il n'a rien vu.
Il ne sait pas.

Le jeune type m'apostrophe. Passablement secoué le gars. Toute la journée dans le grand salon ? Je fronce les sourcils. Il est donc resté dans le même état, le grand salon ? Bravo le service...

Un signe à Kheira qui s'éloigne. Elle s'apprête à répondre.
Puis le cri et le tumulte.

Au moins ça nous prouve que le capitaine est toujours de ce monde. Son intervention est brêve et efficace (ce qui en soit est assez surprenant...)

Quelques minutes plus tard, un type est affalé sur le pont.
En piteux état...
Brûlé par le soleil, desséché, amaigri.
Les yeux encroûtés de sel.

Mais qu'est-ce que tu foutais en pleine mer sur un radeau, toi ?

Bon.
T'as pas de chance mon gars.
Mais tu as gagné un petit sursis...

Elle s'approche, mais ne le touche pas.
Juste pour essayer d'évaluer si il pourra se déplacer ou pas...
Le salon au buffet permanent est à deux pas. On y trouvera tout ce qu'il faut pour s'occuper de lui.

Très affaibli...
Ca doit faire un moment qu'il dérive.
Mais c'est un coriace.
Il se remettra.

Un coup d'oeil à Kheira.

On l'aiderait à aller jusqu'au salon ?
Je crois que c'est encore accessible, et c'est tout près.

Et puis on ne va pas le laisser par terre au beau milieu de la coursive, quand même...
Je ramène les yeux sur le rescapé.

On va vous trouver un coin plus confortable, monsieur.
Et à boire aussi.

Un sourire.

Non... Décidement la vie à choisi pour moi la solitude...
J'avais envie de connaitre un peu plus Sybille, au moins j'aurai essayé de changer, de m'interresser un peu aux autres...
Le sort en a décidé autrement car voilà trois personnes qui avancent vers nous.
Tant pis.
Je les regarde tour à tour dans les yeux, ils semblent inquiets...
Tiens, ils posent des questions à Sybille, comme s'ils savaient déjà que c'était elle qui détenait les réponses.
Personne ne sait...
C'est mauvais c'est tout.
Il n'y a que les faits, la chose en elle même nous demeure inconnue.
Sans bruit, je m'écarte un peu du groupe.
C'est à ce moment là que Kheira se met hurler à pleins poumons.
Un type à la mer...
Faut vraiment pas être doué... Quoique sur ce bateau tout arrive.
Même pas un regard pour le type repêché, tous sont déjà sur lui...
Sybille lui propose d'aller au salon, tant mieux, au moins elle ne sera pas seule.
Je crois que je n'ai plus rien à faire ici...
Surtout avec un type comme l'autre gueulard...
Un blond qui aggresse le capitaine.
De toutes façons que pourrait il faire ?
Nous sommes trop loin de la côte, le temps de revenir et nous serions probablement déjà morts.
Et puis il a l'air d'être un peu à l'ouest...
Regard impassible, un peu comme le brun avec le physique d'armoire à glace.
Allons y, je n'ai plus rien à faire ici.
Rapidement, j'avance vers ma cabine.
Je frole Sybille et Kheira qui sont côte à côte et je leur glisse quelques mots à voix basse :

- Content de vous avoir rencontré... Merci...

Pas d'adieux.
Merci...
C'est pas tout les jours que je dis ce mot à quelqu'un.
Sans me retourner, je poursuis mon chemin et pousse la porte de ma cabine.
Je n'ai pas le courage d'aller voir ma soeur...
Qu'est ce que je pourrais lui dire de tout façon ?
"Coucou petite soeur c'est moi ! Tout va bien sauf que l'on peut mourir d'une minute à l'autre..."
On dit que les ignorants sont bénis... Je commence sérieusement à le croire.
Je m'affale sur le lit puis j'attrape mon baladeur dans le sac.
Quelques mesures de U2 me feront du bien...

http://www.radioblogclub.com/open/93709/beautiful_day/U2%20-%20Beautiful%20Day

A beautiful day ?
Tu parles Bono...
Les yeux clos, le visage tourné vers le plafond, j'écoute, sans un mot et j'attends...

Les gars envoyé par le capitaine ont réussi à le rejoindre et à le ramener. Il est dans un piteux état. Pas beau à voir. Qu'est ce qui m'a pris de gueuler. Peut être que sur son radeau, il arait eu une chance de survie et serait tombé sur un autre bateau. Ici nous somme en suris à statuer sur notre sort. Le jugement va tomber.

Je secoue la tête tant pour m'évacuer la tête de ses pensées pessimiste que pour refuser le merci du naufragé. S'il savait ce qu'il se passe sur ce bateau, il me maudirait de suite le gus.

Marmonnement. Détournement du regard. Mains dans les poches. Tête enfoncée dans les épaules. Tremblements toujours et encore. Y a pas de quoi...

Sybille s'est approché de lui. L'efficacité et le sens pratique même cette nana. L'emmener ailleurs ouais bonne idée. Mais à mon avis, il lui faut plus que de l'eau pour qu'il retrouve de sa superbe ! héhé une excuse parfaite pour aller fouiner dans l'infirmerie improvisée dans la cabine du capitaine.

Sybille, je vous laisse le soin de l'emmener dans le salon. Vu que j'ai une petite course à faire à l'infirmerie, je vais essayer de trouver le doc etde ramener des compresses, des anti douleurs. Enfin... de quoi le soulager.

Je me détourne en même temps de la scène que James qui nous fait ses adieux silencieux, laissant Sybille s'entretenir avec le blondinet. Si elle arrive à le convaincre de l'aider à aller là ou elle veut, la compagne et le larbin suivront aussi.

Petit signe de tête à James.

Beuglements lorsque j'arrive au bout de la coursive. Si tu savais mon gars. Je crois que tu t'époumonnerais pas ainsi en vain. Soupirs. Allez sister ! y a peut être une chance de survivre à toute cette merde ! secoues toi un peu.

[Direction cabine du capitaine]

Haaa… enfin, le niard pique sa petite crise d’enfant gâté. Bon, je vais le laisser s’époumoner sur le décérébré galonné, ça fera toujours ça de moins à supporter. Mais ne le perdons pas de vue, je ne voudrais pas avoir à le courser dans tout le bateau comme la dernière fois, c’est qu’elle est grande cette coque de noix.

Tiens ? n m’adresse la parole, à moi ? Depuis quand on s’occupe des loufiats dans ce clapier à friqués ? Ha oui. Je vois. Ce n’est pas de moi dont on a besoin mais d’un déménageur. Ok. Ca rentre dans mes cordes.
Je m’approche du corps trempé et d’un bras puissant l’empoigne sans ménagement. Je pivote et le bascule sur mon épaule gauche. Voilà, un costard à nettoyer… Qu’est-ce que je peu être con…

Je me retourne vers la demoiselle aux airs mystérieux.

« Je vous le dépose où madame ? »

Ah bon ?

Comme ça hop-là ?

Ma foi... Efficace.
J'imaginais un peu plus précautionneux, comme déplacement, mais bon...
Il a vu pire, le "miraculé", si il a tenu jusqu'ici, c'est pas ça qui devrait l'achever...

Et ce qu'il y a de bon là-dedans c'est que je n'aurai pas à le toucher. Rien que ça ça mérite un beau sourire... D'ailleurs j'ai même pas à le forcer, il sort tout seul.
Ca fait du bien de voir des gens qui ne s'embarrassent pas de tergiversations. Ni de fanfreluches verbales...

Merci.
Par ici...
Ce n'est pas loin.

Je le devance en direction du salon.

[suite au "brunch Time"... ben oui... :S C'est le plus logique...]

Finalement, la bonne samaritaine était deux, il a fallut que mon regard se fixe pour que je le comprenne. Ces dames sont charmantes et quand je vois la tripotée de types derrière, je me dit que j'ai eu du bol. Y a un petit nerveux qui chante comme les petits chanteurs à la croix de bois. J'ai connu un type qui s'était fait chatré, après, il avait une voix de fausset. On l'appellait castafiore. Mais celui-là gagne la palme. Putain, j'ai tellement de mal à garder les idées clairs avec ce gueulard.

Il est accompagné en permanence d'une ombre en costard, le genre de second couteau qui pète les doigts comme des allumettes parce que t'es en retard d'une traite à payer au prêteur du coin. Y a bien un autre mec, mais, il s'esquive comme un serpent. Et peut-être encore d'autre gens à la périferie, mais, nib, j'ai des étourdissements. Je comprends juste que mes sauveuses ont plus de jugeote et du reste que les clampin du navire.

" Ouais... A boire... Merci, on m'appelle Corso. "

Qu'est-ce que je peux bien leur raconter, ils ont surement vu que j'étais saucissoné sur mon radeau. Restons en là, j'ai pas le courage d'inventer un bobard, d'abord récupérer. Et puis, le petit excité qui crie comme un pcochon qu'on égorge, on dirait qu'il vient de voir un fantome ou pire ! j'ai vu les yeux de la jolie brune celle qui a l'air de prendre les décisions avec sa copine qui file à l'infirmerie, elle a l'air a peu près aussi ragouté de me toucher que de caresser un cadavre.

J'y comprend goutte. Mais, je frissone... J'ai l'impression que c'est la fièvre, mais, finalement, c'est comme si un mort marchait sur ma tombe. Pour un breton ya pas pire sensation. Comme si l'ankou venait lui chatouiller les petons. Je délire.

Mais, le grand baleze est décidé à jouer à Tarzoon, et c'est moi, jane ou le sac de patate sur son épaule. JHe gueule.

" Merde, faites doucement ! quand même... "

Mais, le ton y est pas, j'ai mes vapeurs, autant se laisser emmener.

Bon trés bien elle vient.
Dis Achille tu n'as pas remarqué ce qu'elle tient par la main?
Tiens, ch'est vrai elle a ch'a main comme ch'i elle tenait quelqu'un par la main.

Achille ne peut s'empécher, de regarder ostensiblement dans la direction en question. Il ne voit que le vide, mais soit elle est trés douée pour le bluff, soit elle tient entity par la main.

Achille attrape Céli par l'autre main et la tire, de toutes ses maigres forces pour qu'elle se hâte. Et court vers les canots.

"Dites moi mademoiselle Céli, vous comptez garder votre main ainsi? Ch'est comme ch'i vous teniez quelque chose qui ne peut y être. Comme ch'e qu'il y avait l'autre ch'oir. Vous ne ch'ouhaitez pas en parler je ch'uppose, mais vous ne pourrez ech'quiver des quech'tions génantes ch'i vous n'êtes pas plus dich'crète"

"Bien ch'ur que je ch'ais, je ch'ais tout, ch'est évident, non? Ch'est volontairement que je me ch'uis mis dans ch'e pétrin!
Excusez moi, demoiselle Ch'eli, je dois avouer que je ch'uis plutôt nerveux d'avoir quelque chose que je ne peux pas voir, ni même ch'avoir ch'i ch'a ne va pas m'attaquer ch'oudainement, mais j'attendrai vos explications.
Quant aux canots, nous n'avons qu'à regarder ch'ur un plan du navire."

Il regarde un plan, s'y attarde même plus que nécessaire et se dirige le plus vite possible toujours tenant la jeune dame par la main, vers le pont inférieur.

En tout cas on peut être ch'ur que je ne vais pas y tourner le dos, à la chose.
T'en fais pas, pour l'instant tout va bien...Au fait c'est quoi ton plan?
Tu te ch'ouviens de Titanic?
Oui! film de merde. Heureusement ça fait chialer les femmes, c'est toujours ça. On a pu mater pépère...
Oui, la seule bonne chose est que ce pécheur meurt à la fin.
Pas ch'a idiots, mais le temps que met le bateau à couler..
45 minutes, temps réel dans ce film à la con. Sans la minette j't'aurais fait chier pour qu'on se casse.
Oui, oui, mais auch'i trois choses leur manquent! Il ch'uffit de mélanger avec Robinch'on crusoé et on a le kit de ch'urvie du naufragé!
Des capotes? De l'alcool?
Exactement, mais pas que ch'a!
Achille, c'est péché!

Arrivé là où l'accés aux canots devrait être, surprise, des grilles fermées.


Merde, ch'aleté de film à la con! ch'est exactement pareil! Bon réagir vite! Il faut que je puich'e agir ch'ans me trainer ch'e danger avec moi, mais ch'ans rich'quer de le perdre.

Se tournant vers la jeune dame:
"Excusez ma rudech'e mais voilà comment je vois les choses: il n'y aura pas de la place pour tout le monde, et tant que ces grilles ch'eront fermées, il est inutile de rech'ter là où une cohue rich'que de ch'e pach'er. Ch'e qui ne ch'erait pas bon avec ch'e que vous tenez, n'est ch'e pas?
Il nous faut prévoir une éventualité ch'ans ch'ecours.
Donc ch'i vous êtes d'accord allez à votre cabine, et récupérez des affaires chaudes en double, et un maillot, ch'i vous avez des antich'eptiques et médicaments prenez les, laich'ez tomber tout ch'e qui n'est pas utile, mais prenez un drap au moins. Et le plus grand ch'ac que vous ayez ou une valise ch'inon.
On ch'e retrouve dans dix minutes au ch'alon Brunch! Croyez moi ch'est le mieux, ich'i nous perdons notre temps. Ch'i tout ch'e pach'e bien, il nous rechtera une bonne vingtaine de minutes pour quitter le navire. Ch'i je ne ch'uis pas là au bout d'un quart d'heure, partez ch'ans moi."

Ce disant, il part en courant vers les salles réservées au personnel.

Les coursives tribords, désertes….

Un œil sur les canots pour s’apercevoir qu’ils sont inutilisables et l’eau qui est toute proche à quelques mètres au dessous... Que faire. Se jeter à l’eau et espérer avoir assez de force physique pour pouvoir parcourir la distance qui la sépare de la terre ferme ou continuer à chercher d’autres canots ?

Personne….

Mais où sont-ils. Sont-ils tous déjà partis ?

Non ! Elle entendrait le bruit des rames fouettant l’eau ou celui des moteurs s’éloignant bruyamment.

Mais où sont-ils tous passés alors ?

Elle s’aperçoit qu’elle n’a rencontré quasi personne, qu’elle en connaît encore moins et qu’elle va devoir compter sur elle et sur elle seule pour se sortir de là.

Les canots, il y en a peut-être qui peuvent porter des naufragés mais il y en a beaucoup d’inutilisables visiblement. Les gens se regrouperont par affinités, les places seront chères, elle sait déjà qu’il n’y en aura pas pour elle. Alors elle n’essaye pas.

Elle cherche du regard une idée, quelque chose à jeter à l’eau pour pouvoir supporter son poids et qu’elle pourrait utiliser comme radeau. Peine perdue, ce genre d’objet ça s’appelle un canot et, bien qu’il y en a partout sur la longueur du pont, aucun n’est viable.

Par contre, une idée lui vient à l’esprit, elle germe, elle se peaufine, reste la dernière chose à tenter, est devient ce qu’il faut faire.

Un clou qui dépasse de la coque, une malfaçon, une honte pour les armateurs de ce bateau, sa dernière chance à elle. Elle dépose les deux rames contre la rambarde, déchire le bas de sa robe puis la coupe en deux morceaux, un plus grand que l’autre. Elle entoure l’une des rames avec le tissu le plus large puis pose l’autre tissu sur le bord du canot à côté d’elle. Elle est prête, elle sait qu’elle n’a plus le choix. Alors elle respire longuement et approche sa main libre du clou qu’elle fixe du regard.

Au dernier moment elle ferme les yeux et pose sa main à plat puis perce la peau fragile d’un coup sec. Elle serre les dents mais ne crie pas, les larmes la brûlent sous ses paupières tandis qu’elle retire sa main ensanglantée. Elle l’essuie contre la rame encapuchonnée puis jette l’objet par-dessus bord.

Le second bout de tissu est là pour arrêter l’hémorragie. Elle l’entoure autour de sa blessure d’une main maladroite, et fait un nœud avec ses dents tout en regardant ce qu’il se passe en bas.

Elle attend, attend, et rien ne vient….

La rame continue à flotter et s’éloigne du bateau entrainée loin par la marée montante.

Maintenant elle sait qu’elle mourra peut-être noyée mais certainement pas dans le ventre d’un requin.

Il ne lui reste plus qu’une chose à faire, se jeter à l’eau. Mais avant elle veut mettre toutes les chances de survie de son côté. Alors elle cherche dans les débris de canots la pièce qui lui permettra de s’agripper à elle pour s’en servir de flotteur.

Elle trouve au bout de quelques minutes la planche de salut, le banc presque intact d’un des canots, une pièce assez épaisse pour servir de flotteur pour quelques longueurs mais cela sera-t-il suffisant ?

Elle l’examine, et puis se décide enfin. Elle a peur mais elle n’a pas le choix. Elle enjambe la rambarde, la planche entre les mains et saute dans les abysses.

[Arrive du salon Elisabeth]

Zut zut et triple, faut que je me grouille. Ce truc pèse lourd dites donc...
Ouf pouf. Ah voila, la porte ou j'avais tout entreposé. Elle est à moitié fracassé, je l'ouvre sans peine, mais l'intérieur semble intact, pas d'eau, tant mieux, les provisions y sont donc au sec. Espérons qu'elles n'ont pas souffert du choc. Non apparrament ca va.
La petite caisse à provisions, les quelques trucs de soins, de la corde, important ca la corde. Ca risque d'être lourd mais le caneau devrait supporter ca. D'autant que ce que j'ai sur le dos vaut de l'or, sans compter mon attirail.
Mais ce bruit...

Ya quelque chose qui est tombé à l'eau là. Quelque chose... Ou quelqu'un!

Je regarde par dessus la rambarde. Une femme est ans l'eau, s'accrochant à un bois de bois, apparament reste du canont dont elle a voulu se servir.

"Mademoiselle! Bougez pas, je vais vous remonter!"

J'suis malin moi, est ce qu'elle tient vraiment à remonter, ou cherchait-elle simplement à rejoindre la rive même à la nage? Vite vite vite, je déroule la corde. J'espère qu'elle sera assez longue.
J'attache un bout de bois à l'extrémité, pour que ca flotte...
Et je la lance le plus fort possible en direction de la demoiselle. Ca retombe pas trop loin, mais tout de même.
Bon sang, j'espère qu'elle arrivera à le rattrapper, car on a pas beaucoup de temps!
Sinon... Sinon je devrais utiliser la solution de dernier recours!

Elle jette la planche quelques secondes avant de toucher l’eau. Le long morceau de bois l’éclabousse mais elle n’a pas le temps de s’en rendre compte qu’elle est déjà happée par la mer. Elle s’enfonce dans les profondeurs, ses cheveux laissant derrière elle un sillage de lumière.

Elle n’a presque plus d’oxygène dans les poumons, Il faut qu’elle remonte alors elle force la gravité qui l’entraine au fond de l’eau et cherche à atteindre la surface pour pouvoir à nouveau respirer.

Elle bat des jambes, remonte les eaux avec ses bras, ses gestes sont ordonnés, elle n’a pas peur, ne panique pas. Sa robe raccourcie lui colle au corps et libère ses mouvements qui se font amples. Et elle immerge enfin, la tête, puis une partie du buste, ouvre la bouche pour récupérer une plus grosse quantité d’oxygène et entend une voix qui l’appelle.

La planche est déjà à quelques mètres d’elle, elle est partie à la dérive, il faut absolument qu’elle la rattrape. Alors elle ne regarde pas la corde tendue, elle s’en détourne, et nage en crawl vers son seul moyen de salut, celui qu’elle a choisi.

Un grand bruit résonne dans tout le bateau...
Puis une immense secousse.
J'ai l'impression d'être monté sur une montagne russe...
Et elle arrive...
Notre petite apocalypse pour tous les passagers.
Encore un autre fracas. Cette fois le lit sur lequel je suis couché valdingue à l'autre bout.
J'ai manqué de me prendre le coin du mur...
Ce n'est pas encore mon heure.
Un peu résigné, je me redresse, puis je me lève.
Bouge James...
Bouge Toi !
Un éclair dans le regard.
Je dois sauver Amy, coûte que coûte.
Je fouille dans ma valise pour prendre des objets utiles pour la suite...
S'il y en a une.
La petite trousse de survie, quelques barres énergétiques, et un couteau...
Un souvenir de mon père... Un des rares d'ailleurs.
Quelques bouteilles d'eau, et je fourre le tout dans le sac à dos d'Amy.
Elle ne m'en voudra pas trop je pense.
Main sur la poigneé de la porte, je m'apprète à affronter la suite.
Rien ne se passe.
La porte à du être endommagée après les chocs succéssifs.
Après plusieurs coups de pieds sans succès, le désespoir s'installe...

- Mais merde ! Foutue porte !! Ouvre toi !

Non loin de moi, j'apperçois un des grands tabourets de bar métaliques.
Après quelques coups féroces, la porte cède enfin.
Première impression...
Nous coulons.
C'est simple et clair au moins.
Sans regarder autour de moi, sans penser au reste, je fonce vers l'infirmerie.
Elle a été déplacée, un des marins me l'a dit.
Je manque plusieurs fois de m'étaler au sol avec les débris qui jonchent le plancher.
J'implore de laisser ma soeur vivre...
La peur au ventre, et une idée fixe.

- J'arrive petite soeur...

Bon sang, elle se noie là... Elle se noie! Elle ne remonte pas... Ah si, la voila, trempée. Mais elle saigne en plus! Elle est vraiment en danger. Elle semble vouloir rattrapper la planche, s'arrimer au dernier espoir de survie qu'il lui reste... J'peux pas la laisse comme ca!

Je me retourne, saisi la petite malette a provision, une espère de caisse plate et large, la trousse de soin, un de mes flingues, et je fourre tout ca dans un petit compartiment blindé et hermétique de la caisse que j'ai sur le dos.
Bon, voilà, ca c'est fait.
Je remonte la corde, que je m'enroule autour du corps, puis me positione face à la demoiselle, juste dans la direction de l'ile, légèrement penché par dessus la rambarde.

Je suis prêt. Pour une fois, j'ai interet à avoir fait du bon boulot, car c'ets pas du fric qui se joue, c'ets ma vie et celle de cette demoiselle!

J'inspire un grand coup. J'ai pas du tout confiance là. Le bruit de la coque s'écrasant contre le corail me rend très nerveux. Je pourrais me retrouver coincé entre les deux si ca se trouve, avec ma chance.

Mes jambes sont tremblantes, mes mains peu assurées, et j'ai des gouttes de sueur qui coulent sur mes joues. Je me sens plus angoissé que tout.

Mais cette jeune femme, blessée. Elle était venue ici en croisière. Elle était ici pour se détendre, s'offrir des vacances, loin des soucis du monde... Elle voulait vivre un peu, et tout ce qu'elle risque de trouver, c'est la mort! Moi, j'étais là pour bosser, ce sont les risques du métier... mais elle?

Remotivé par cette simple idée, je fronce les sourcils, et tappant sur un coin de la grosse caisse sur mon dos, j'en fais sortir un petit levier.
Puis je monte sur la rembarde, et abaisse le levier. Aussitot un puissant bruit de moteur d'avion se fait entendre, et je commence à m'élever dans les airs, soulevé par les deux puissants réacteurs qui me propulse vers la mer.

Ouf, ca marche. ce prototype de jetpack ne m'inspirait pas confiance à moi. Oua c'est génial, ca vole bien... Et ca va vite, trop vite. Hé mais, attend, je vais la dépasser la demoiselle, stooooop.

Je commence à gésticuler au pas possible, cherchant à manoeuvrer l'engin. J'étais censé le livrer moi, pas le piloter! Je sais tout juste le démarrer!

A force de gesticuler je sens que l'appareil supporte de moins en moins mes remous. Les deux sangles qui me retenainent à lui lachent ensembles, et je tombe rapidement à l'eau, tandis que mon jetpack continue en crachant son trajet. Et zut tient, saleté de marchandise!

Je tombe à la mer. J'ai besoin d'air, vite. Mais je suis trop lourd!

Me rendant compte que mon attirail me surcharge, je laisse tomber mes armes au fond de l'eau. c'est elles ou moi! Grace à ce gain de poids, je remonte péniblement à la surface. Et je me retrouve à côté de la demoiselle!

"Bonjour... désolé, je voulais venir vous secourir, mais manifestement, mon matériel a eu un petit soucis de fonctionnement. Aussi, je crains qu'il ne nous faille continuer tous les deux à la nage"

Elle atteignait la planche, allait poser la main dessus quand un bruit insolite la fit arrêter son mouvement. Elle leva la tête et en oublia qu’elle devait agripper la planche de salut pour ne pas couler.

L’homme qui l’avait interpellée était maintenant dans les airs avec un drôle d’appareil aéromobile dans le dos. Tandis qu’elle surnageait, laissant à nouveau filer le bout de bois, lui trouva le moyen de se démener comme un beau diable pile poil au dessus de l’emplacement où elle stagnait sur l’eau tant bien que mal.

Elle n’eut pas le temps de réagir qu’il était déjà trop tard. L’appareil allégé de son poids filait droit tandis qu’il tombait dans le vide. Elle fit au dernier moment un petit écart pour entendre un grand plouf juste à côté d’elle. Aveuglée, elle s’épongeait avec sa main bandée, furieuse, quand il apparut à côté d’elle le sourire aux lèvres et commençant à lui faire la causette.

Ses yeux lancèrent des éclairs de rage quand elle répondit à son aimable salutation.

« T’es bien sympa mon gars d’vouloir m’secourir, mais sans toi là je s’rai déjà en train d’me prélasser sur une plage de sable fin ! T’as pas un peu fini de v’nir m’gacher la vie ! J’en veux pas d’ton aide tu comprends là ! Non seulement tu m’aides pas mais tu m’gênes !

Roooo ! Je sais pas c’qui m’retient d’t’enfoncer la tête dans l’eau ! Ta chance c’est qu’ma planche en ait profité pour s’barrer pendant qu’tu tentais d’m’impressionner avec tes trucs abracadabrants et qu’j’ai rien sous la main pour t’faire comprendre que t’es pas l’bienvenue ici !

L'bout d’corde que tu m’as lancé là, c’est ta seule chance de salut, parce que moi j’ai assez d’emmerdes pour l’instants pour pas récupérer les tiennes dans l’paquet cadeau ! »

Ce qu'Axelle ne savait pas c'est que Vince ne risquait pas de pouvoir remonter sur le bateau, car la corde il l'avait sur lui...

En rage, elle planta là Vince et parti en direction de sa planche qu’elle désespérait de pouvoir utiliser un jour. Malheureusement sa fureur était si vive qu’elle avait du mal à réordonner ses mouvements et elle s’épuisa vite.

C’est toujours dans ces moments qu’une catastrophe arrive, et elle arriva. Ne pouvant plus lutter contre les eaux qui battait le flanc ouvert du bateau, elle se mit à se rapprocher dangereusement du paquebot, happée par les eaux en furie qui s’engouffraient dans le trou béant.

La panique avait remplacé la fureur dans ses yeux, les bras battants l’eau, les yeux ouverts d’effroi, elle tentait de quitter la zone de turbulence sans réussite.

« Au secouuuuuurs ! »

Cria t’elle quand elle senti la mort juste à côté d’elle.

Mais c'est qu'elle m'engueulerai presque que je veuille l'aider! Mais ya que des gens désagréables sur ce bateau ou quoi? entre l'autre furie qui m'a prit la tête pour trois gouttes d'eau et elle! J'aurais presque envie de la noyer moi aussi tiens! Heureusement pour elle j'ai quand même quelques scrupules en dehors du boulot!

Mais... Mais... C'est qu'elle se barre! Elle essaie de reprendre son bout de bois! Et moi comme un beau diable, je me débat pour reste en surface. Oh et puis zut. Je détache mon blouson, et le laisse couler, gardant juste un morceau de corde . Là je vais pouvoir nager à l'aise! Ha, ca y est... De quoi elle me parle? La corde? Elle est plus là la corde, ma chère, au cas ou tu l'aurais pas vu!

Mais elle est happé la pauvre. Et zut, j'peux pas la laisser mourir quand même! D'accord, elle a été désagréable. Mais quand même!

« Au secouuuuuurs ! »

Oui j'arrive, je fais faire ce que je peux. Voyons, vite une idée, vite vite vite.
Tiens, c'est quoi ce truc au fond? Un gros bout de métal? Nikel!

Je récupère le peu de corde qu'il me reste, et l'attache au métal, qui n'est pas très profond, puis l'autre extrémité a mon pied. La pauvre demoiselle se débat encore, mais elle continue a être aspirée, pourvu que la corde soit assez longue! Une fois attaché je me laisse entrainer par le courant, nageant même dans sa direction. Une fois à sa hauteur, je sens que j'ai plus beaucoup de corde.

Pas le temps de discuter. Je l'attrape par la taille, la serrant de sorte à ce qu'elle ne reparte pas, et commence à nager de nouveau dans l'autre sens. l'avantage, c'est qu'au moins on sera pas aspirés, au pire on s'épuise!

"Alors, pas besoin d'aide? Essayez de nager plutot que de raler, on peut peut être encore s'en sortir!"

Il arrive, elle s’en veut de lui avoir parlé ainsi, elle s’en veut d’être partie comme une furie se jeter dans les ennuis. Quand il lui enserre la taille à quelques centimètres seulement de la mort, elle a oublié toute sa colère et ne pense plus qu’à bien coordonner ses gestes avec ceux de Vince pour que leurs efforts conjugués les éloignent du danger. Mais ils se gênent, lui n’a qu’une main pour nager, elle a ses deux mains libres mais ne peut faire de gestes amples.

Le courant est fort et ils n’arrivent pas à se synchroniser, la corde se tend et résiste au courant. Ils sont immobilisés, n’avancent plus mais n’arrivent pas plus à revenir vers des eaux plus calmes.

Ils se regardent, leurs yeux se parlent, ils viennent d’avoir la même idée.

Elle passe son bras droit autour de la taille de l’homme et avant qu’ils se lancent pour une dernière chance, elle murmure

« Allons y »

Puis ils prennent leur marque et se lancent à l’unisson contre le courant, brasse à deux contre les éléments. Ils apprennent à coordonner leurs deux bras pour rejeter l’eau derrière eux pendant qu’ils battent des pieds avec le désespoir de ceux qui savent que c’est maintenant ou jamais.

Enfin ils gagnent un peu de terrain, mais en reperdent dès que l’espoir renaît. Il s’acharnent et s’éloignent petit à petit du trou d’eau. La turbulence reste derrière eux, la corde se distend, traîne à leur suite et devient inutile.

Arrivés dans des eaux plus calmes, ils continuent jusqu’à atteindre l’emplacement où les attend le bout de métal, un vestige certainement d’un ancien naufrage.

Elle est épuisée, lui semble aussi fatiguée qu’elle, mais ils sont heureux d’avoir réussi à se sortir de là. Elle approche ses lèvres du visage fatigué de Vince et dépose un baiser spontané sur sa joue

« Merci ! »

avant de le lâcher pour qu’il puisse se libérer de son entrave.

Elle attend en stagnation tout en essayant de juger combien de mètres il reste encore à parcourir pour atteindre la terre ferme. Ils sont complètement épuisés et ont parcourus dix mètres à peine !

Il reste encore tout à parcourir, toute la distance qui sépare le bateau de cette ile qu'elle croit avoir vu non loin de là.

La planche est maintenant trop loin pour qu’ils puissent compter sur son aide. Mais elle a confiance car elle se dit que s’ils ont réussi à se sortir de ce trou, il n’y a pas de raison que le destin ne continue pas à leur être favorable.

[Suite dans l'ile]