La maison suspendue

Allongé sur une banquette, James gît, toujours dans le cirage...
Celui qui l'a déposé là n'y est plus, de toute évidence...

Arrivée au pied de l'arbre, je reprends mon souffle, une main sur le genou, l'autre tenant toujours celle de Graceella. Tête qui pivote en arrière. Putain pas de Kristoff ni de Vince. Pourvu qu'il ne leur soit rien arrivé...

Je reporte mon attention sur Graceella. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'elle. Je n'ai franchement pas l'instinct maternel, et même si j'ai envie de la protéger, une part de moi-même me dit que c'est un bien étrange fardeau, cette jeune fille. Soupir.

Allez ma chérie ! monte la haut pour être en sécurité. Maman te suis.

Petite pression sur le bas du dos pour la pousser à agripper les barreau de l'échelle en bois.

Une lumière qui se réfléchit sur quelque chose, la haut, dans la cabane. Je lève la tête en stoppant net Graceella, en posant ma main sur son poignet.
Une silouhette, métallique, je le reconnaîs.

C'est un des monstres qui était au festin. Celui qui nous avais fait signe de venir ici. Traquenard ?

Attendre Mike et le laisser tirer ou parler, là en bas, pour en apprendre plus ? faisons place à la discussion pour une fois. la violence n'amène souvent rien de bon et je devrais m'en souvenir plus souvent !

Je me baisse sans lâcher prise sur Graceella et ramasse un caillou au sol. Je le lance sur la chose. Bruit métallique, le caillou ricoche.

Qu'est ce que tu nous veux ? ... boite de conserve, finis-je la phrase en moi même.

Je ne vais pas le traîner longtemps comme ça l’asticot tout froid que j’ai sur mon dos… va falloir rapidement faire un état des lieux, NFS, chimie iono… ça se résumera plutôt à une bonne paire de baffe dans sa petite tronche pâlotte. Kheira est restée a pied de l’arbre et semble guetter vers le haut. Simple prudnce, où y aurait-il autre chose ?

Je ralentis le pas et me porte près d’elle.

Au-dessus de nous, robocop tient le haut du pavé. Un bond en arrière et le freluquet est déjà à terre. Mon flingue est encore vide, pas eu le temps de recharger…

Kheira.

« En arrière, vite, Kheira ! »

Je me précipite vers elle et me place entre elle et le danger. Je ne sais pas trop à quoi ça peut servir, mais les réflexes ne se commandent pas. Une sorte d’épouvantail ridicule qui brandirait ses bras pour faire peur aux Messerschmitt qui assaisonnaient gaillardement les colonnes de réfugiés de l’exode…

Un criquet... un criquet métallique... c'est à ça que me fait penser cette chose qui stridule comme un criquet, alors que mon regard fixe le caillou désintégré pour revenir ensuite à cette fenêtre qu'elle me montre de son doigt. Je ne suis pas superwoman pour rejoindre d'un bond la fenêtre, si vraiment c'est ce qu'elle cherche à me faire comprendre.

Et monter la haut seule, sans arme, c'est un peu suicidaire si on tient compte du fait que la chose n'est peut être pas si pacifiste. Regard vers la poussière de caillou. Déglutissement. Regard qui se pose de nouveau sur le monstre d'acier. Que faire...

Un bruit de course derrière moi. De trois quart je pivote, et vois arrivés Kristoff avec Vince toujours inconscient. Décidément il a un regard de Lynx pour apercevoir ce que je n'ai pas vu dès le départ. Et bien évidemment sa réaction première est de jouer les chevalier servants. En temps normal ça m'aurait grave irrité, mais là j'en soupire de soulagement.

Quand il se place devant moi pour me protéger, je ne peux m'empêcher de lâcher Graceella, de passer les bras autour de la taille de kristoff et de poser mon menton sur son épaule. Oui je vais monter la haut rejoindre la chose, mais je ne serais pas seule.

En arrière jamais... faut que je monte la haut. Mais si tu veux venir avec moi je me sentirai plus rassurée.

Un regard sur Vince au sol, sur Graceella. Je ne peux pas les emmener, trop risqué. Vaut mieux qu'il reste là à attendre notre feu vert, avant d'être sur que le monstre ne nous veut rien de mal.

Je quitte à regret Kristoff pour m'avancer vers Graceella. Je l'attrape fermement par les épaules et plante mon regard dans le sien, si vide, si loin.

Voir ferme, autoritaire. Ecoute moi bien chérie... Maman doit monter la haut, seule mais protégée par Kristoff pour savoir si la chose qui est la haut est gentille ou pas. Je viendrai te chercher après. Par contre, j'aurai besoin que tu t'occupes de Vince. Il est blessé, soignes le en m'attendant.

Baiser sur le front. Je relâche mon étreinte et grimpe les barreaux à toute vitesse pour me retrouver dans une pièce sombre mais que les lueurs du festin illumine partiellement par les fenêtres sans volet. Une forme allongée. Je m'approche. James !

Décidément c'est le pompom entre un Vince inconscient aussi et une Graceella qui a perdu la tête...

Son pouls bat encore, je le laisse. On repassera tout à l'heure. Je me dirige vers la pièce d'à côté et me poste dans l'embrasure face à la chose.

Murmure oppressé. Kristoff... dis moi que tu viens ?

Huuum... Maman, laisse moi dormir... C'est dimanche.
Arrête de me serrer l'épaule comme ça !
Tu me fais mal !!
Tu...

Je reprends conscience...
C'est là qu'en général on dit : "Putain de merde"
Mais non, pas moi. Pas un mot.
Une respiration calme et régulière, je lutte encore.
Je me suis pas loupé... James t'as vraiment déconné... Arrête les Jackie Chan. Reviens plutôt aux films à l'eau de rose, c'est mieux pour ta santé.
Dire qu'il y a encore 2 ans j'étais un vrai singe.
Promis, je reprend l'entraînement...
Je suis où déjà là ?
Ah oui... Cette foutue île.
Retour directos dans la merde.
A côté de moi une présence...
Je vais me faire bouffer par ces monstres.
J'ouvre grand les yeux.
Tiens, je suis plus par terre.
Au dessus de moi, un lustre étrange en cristal, et à côté une voix familière.
C'est Kheira. A moins qu'elle soit cannibale j'ai rien à craindre.
Lentement, je me redresse en serrant les dents.
J'aime pas ça du tout, je vais morfler quand je vais devoir me remettre cette épaule en place.
Un regard sur mon torse et mes bras. Tiens on a ouvert une boucherie...
De multiples petites coupures et écorchures, le tout sous un semblant de pull noir.
Je lève les yeux, m'habituant difficilement à la lumière.
Rambo face à Goldorak...
Heu, Mike et l'étrange monstre qui nous a sauvé la mise...
J'y crois pas, il est stupide ou il le fait exprès...
La voix un peu pateuse je parle au grand brun :

- Posez votre arme avant de blesser quelqu'un...
Il nous as sauvé la mise... C'est lui qui m'a ramené ici...

Je me lève avec difficulté, et je m'affale dans un coin, épuisé.

- Posez vous un moment, laissez Vince sur la couchette.
Il faut un peu se reposer un peu avant de réfléchir à quoique ce soit...

Je marque une légère pause, puis je reprend :

- Vous êtes plutôt doué avec une arme...

La douleur m'empêche de réfléchir correctement.
Il y Graceela qui semble totalement perdue... A mon avis cette soirée à brisé ses dernières illusions.
Même plus la force de sourire...
Une dernière phrase.

- Je crois que je vais avoir besoin d'un coup de main...

Il hallucine le gamin ! Il me demande de baisser une arme qui se trouve bien au chaud dans mon sac à dos et me parle alors que je ne suis pas là… Le contrecoup de la frousse sans doute…

Un regard rapide me permet de voir les deux prostrés. On va les laisser là un moment… inutile de les faire s’affronter à la vision d’un monstre métallique à la tête de limace.

Je monte rapidement à la suite de Kheira, non pas qu’elle aie besoin d’un protecteur, mais je ne voudrais pas la laisser seule. Bizarre ça d’ailleurs… Faudra que j’y songe un moment. Depuis la première pièce, j’aperçois en enfilade le dos ciselé de Kheira et la masse imposante du monstre. Au fond, dans un coin, le type qui a du parlé juste avant. Ses propos incohérents me font penser qu’il risque de rejoindre le tas en bas, avec le comateux et la givrée…

Je la rejoins, le monstre me reluque avec le regard mort et lointain d’un éléphant, ne prêtant qu’une attention distraite au monde de fourmis qui l’entoure.

Je prends ma voisine par le bras. Son contact me… non rien.

« Je ne sais s’il est bon de rester ici avec cet engin sur pattes devant nous. Nous n’avons aucune idée de ses intentions, de sa nature et de ce qu’il sert. »

De la tête, je fais signe au rescapé de nous rejoindre.

Elle a couru vers les maisons comme sa maman lui a dit, attendu patiemment en bas de l’échelle, et puis comme elle ne revenait pas elle a regardé Vince inconscient à côté d’elle.

Vince …

Elle se rappelle...

Vince, il faut l’aider ! Que lui est-il arrivé ?

Elle se précipite vers lui et s’agenouille à côté de son corps inerte.

Vince ! Vince ! Réveille toi, ne me laisse pas toute seule !

Elle le secoue par les épaules pour qu’il se réveille, il ne faut pas qu’il meure. Mais il ne bouge pas alors elle se relève et regarde autour d’elle, paniquée, seule.

Sa maman lui a dit de ne pas la suivre, mais elle ne sait pas quoi faire pour soigner Vince. Elle se rassoit alors à côté de Vince, prend sa main, et attend.

Hum...
Étant donné la merveilleuse solicitude de mes camarades... Chacun sa merde.
La mienne, pour le moment, c'est une épaule déboitée.
Je serre les dents, c'est pas la première fois que ça m'arrive... Et je vais déguster.
Un regard à mon bras.
Encore hésitant, les idées peu claires, je dis à Mike toujours suspicieux :

- Mais laissez le... Il m'a sauvé la vie, il a beau ne pas parler, il est inoffencif... Si il avait voulu nous voir mourir il aurait laisser ces monstres nous attaquer non ? Mais vous avez raison sur un point... Faut pas s'éterniser. Mais bon...[b]

Je montre mon étrange sauveur de la tête.

- [b]Je crois que nous avons pas grand chose à craindre dans les parages...

Bon, t'as assez retardé l'échéance... Place à l'action, James...
Je déchire un lambeau de la loque qui me sert de pull, et je le met entre mes dents.
J'attrappe mon bras gauche... A la une... A la deux... Et à la trois...
Là ça va faire mal.



- Hung !

Une douleur vive, atroce, durant quelques secondes.
Un cri bien étouffé, je manque de tomber dans les vappes.
Au bout de quelques secondes, ça se calme.
Le bout de tissu entre mes dents tombe.
Ma respiration est forte, je me calme peu à peu.

Pourquoi j'ai laissé tomber l'entraînement ?
Y a deux ans j'étais agile comme un singe, et là je me traîne...
La retraite ça te réussit pas James...

Je bouge un peu le bras droit. Bon ça ira mieux après une bonne nuit.
Si elle arrive...
Je me redresse, puis je dis aux deux rescapés :

- Je vous suis... Je vais me trouver des vêtements.

Il est en vie ! Elle sent sa main qui serre la sienne, lève les yeux vers son visage mais elle n’y voit aucun signe qui puisse indiquer qu’il soit conscient.

Ses doigts se posent sur le col de sa chemise entrouverte, ils hésitent mais il faut qu’elle l’aide, qu’elle voit exactement à quel endroit il est blessé. Les mains tremblantes, elle enlève le premier bouton en essayant de ne pas toucher sa peau, de ne pas penser à ce qu’elle est train de faire.

Lentement, elle déboutonne sa chemise puis délicatement la repousse pour pouvoir voir son torse nu. Au niveau de l’épaule gauche, elle remarque des ecchymoses et remonte lentement ses doigts vers la blessure, cherchant à déterminer si telle ou telle pression occasionnera une réaction, une douleur particulière.

Arrivée près de l’épaule, elle sent les muscles de James se contracter, retire immédiatement sa main et regarde son visage qui a l’espace d’un instant marqué la souffrance.

Il s’est fait mal à l’épaule visiblement, un muscle froissé, pourvu qu’il ne se soit rien cassé !

Doucement elle repositionne le pan de sa chemise pour cacher sa nudité, puis sa main vient caresser sa joue

Vince … Réveille toi, je t’en supplie … Tu vas guérir, on va te soigner … Vince … J’ai besoin de toi … réveille toi !

Une larme s’échappe de ses yeux, glisse sur sa joue et tombe dans le vide pour finir sa route dans le cou de Vince. Elle la regarde s’étaler sur sa peau et vient la chercher pour effacer les traces de sa tristesse.

Elle lève alors les yeux vers la maison, dans une prière muette pour sa maman qui doit revenir la chercher.

Les tensions retombent petit à petit. Le gars vient de tirer bizarrement sur son bras et un bruit de craquement semblerait indiquer qu’il vienne d’essayer de remettre son épaule en place. Balèze…

A mon tour, je sens de nouveau mon corps se manifester, la cuisse me cuit, j’ai du être touché. Il sera nécessaire que je songe rapidement à panser tout ça pour éviter l’infection carabinée. Sous ces latitudes, je ne donnerai pas cher de ma fichue carcasse avec une plaie ouverte, pire que dans un aquarium rempli de grands blancs, les bactéries feraient un festin de mes chairs tuméfiées.

Kheira ne bronche pas, en attente ou en réflexion, pendant que la grosse cigale métallique a cessé ses stridulations énigmatiques. Je ne le quitte pas des yeux, impossible de comprendre ce qui l’anime, de percevoir des sensations ou des reflets de vérités dans ses yeux morts. Il observe et chacun de ses mouvements semble être calculé au quart de poil. Y a vraiment une escalade dans le n’importe quoi sur cette île, je ne serai même pas étonné de voir débarquer un bisounours géant armé d’un lance-flamme.

J’attends que le type se meuve jusqu’à nous en passant devant l’armoire à glace. Il semble pouvoir à peu près marcher… Nous en aurons besoin si nous devons avancer.Quelques signes d’encouragements… Je murmure.

« Besoin d’un coup de main pour la descente ? »

Je glisse ma pogne dans celle de la brunette et la tire doucement pour essayer de la ramener vers la réalité, pour tenter de la faire sortir de sa fascination. Viens… allez viens…

Le grand échalas contemple nos mouvements sans réagir. Je ne sais ce qui le fera réagir, mais finalement, je ne tiens pas à le savoir, ce truc est puissant, dangereux et capable d’être violent. Il faut que nous soyons hors de portée.

Immobile et toujours immobile.
Regardant de l'un à l'autre.
Attendant.

Puis il se met en mouvement.
Il se rapproche de la fenêtre, regarde au-dehors.
Puis il s'en détourne.
Un son, ça ressemble à un reniflement.

Il passe devant la petite troupe assemblée là et sort de la maison sans plus leur prêter attention.

Quelques instants plus tard il est hors de vue.

Barrière du langage, je ne comprends strictement rien à Madame la cigale qui joue du crin crin en me montrant la fenêtre de son doigt. Je viens de monter, alors pourquoi continue-t-elle à me la montrer du doigt. Elle ne nous a pas indiqué cette maison pour repartir aussitôt quand même !

J'ai le cerveau qui tourne à plein tube à un tel point qu'absorber par mes réflexions je n'ai pas entendu arriver Mike ni repartir la chose. Je regarde juste par la fenêtre, et je ne vois rien ! strictement rien ! c'est quoi cette connerie encore !

Une pression sur ma main. je la regarde et reconnaîtrais entre mille celle qui me la tient. Oui oui j'arrive. Oui oui on va quitter cette barraque. Mais pourquoi la fenêtre ? je suis pas sherlock... et je ne le serais jamais apparemment.

Dépitée, je me retourne vers Mike et le suis sans broncher...

La fenêtre... pfff... ça va m'obséder cette histoire de fenêtre...

Ok.

Ok ok ok… Analysons deux secondes la situation histoire de faire moins de conneries que d’habitudes. Nous avons subi une attaque en bonne et due forme d’une bande de tarés résistants admirablement à un arrosage de plomb. Sur ces entrefaites, Robocop a débarqué, filé deux trois coups de lattes à droite et à gauche histoire de sauver tout le monde et a décidé de nous scinder en deux groupes en orientant chacun dans des directions différentes. Nous nous sommes donc retrouvés ici, avec un nouveau blessé. En bas, une douce-dingue et un type dans un coma avancé. Et la limace en conserve qui s’est fait la malle…

Bon, ça pourrait être mieux. Mais ça pourrait être pire.

Pas question de bouger un trauma plus que de raison, on essayer de voir ce qu’on peut faire en bas… un petit tour des lieux pourrait s’avérer utile également.

« Il faudrait aider peut-être monsieur à descendre… Je vais essayer de trouver ici tout ce qui pourrait nous être utile. »

Je relâche à regret la main de Kheira. Je vais finir par y prendre goût à la donzelle… même que…

Hey, survie ! sécurité ! offensive ! On arrête ça. T’as des gens sur le point de crever et un type à protéger qui se camoufle tu ne sais où ! Go !

Du calme, du calme...
Entre Graceella qui pleurniche et Rambo qui veut à tout prix faire une cascade par la fenêtre.
Bon, première étape : Vince.
Il faut le réveiller, traîner un quasi macchabée nous ralentirait et attirerai les monstres.
Allez Vince, tout à l'heure t'était prêt à m'en foutre une...
Je m'avance vers lui et Graceela. Une main sur l'épaule de la jeune femme pour tenter de la calmer... Et me permettre de réfléchir.

- Calmez vous Graceela, ça ne sert à rien de pleurer.
Il ne tient qu'a Vince de revenir à lui.
Pour l'instant le plus urgent et de trouver un endroit ou être en sécurité...
Si il en existe un. Monsieur Mike a raison, faut pas rester là...

Si je m'écoutais je l'aurai laissé là... Dans le coma ou mort, c'est du pareil au moment, c'est un fardeau inutile.
Mais voilà, je suis pas tout seul... Bon, il faut faire bouger son corps...
Un brancard improvisé pourrait être pas mal. Mais je suis pas Mac Gyver.
Allez, James agis, oublie ton mal de crâne et la douleur qui te lacère l'épaule.

- Je vous suis Mike... Oui, un peu d'aide serait pas de refus, mon épaule est pas tellement opérationelle. Juste un instant...

Quelques pas et je suis à l'abri des regards.
Je retire avec un peu de mal mon ancien pull en lambeaux.
Torse nu, je mesure l'étendue des dégâts...
C'est pas aussi grave que j'imaginais.
Plein de petites balafres, mais rien d'important.
Je déchire une étoffe de lin d'un drap, Personne ne m'en voudra, les propriétaires sont en train d'être digérés...
Je l'enroule comme un bandage autour de mon épaule.
Mobilité réduite, mais douleur réduite également...
J'attrape une espèce de chemise bleue que je met sur moi.

Action.

Je me dirige vers Mike, et je lui dis avec un léger sourire :

- Après vous...

Fouille donc. Je parcours rapidement les deux pièces de la maison en inventoriant tout ce qui pourrait servir à quelque chose. Quelques vêtements, des galettes à l’odeur forte de céréales, des fruits dans une corbeille… une réserve de draps de grosse toile… parfaits pour faire des bandages à peu près propres. Dans une étagère, je trouve également un pot de grès muni d’un large bouchon de liège. Intrigué, je l’examine et l’ouvre pour découvrir à l’intérieur de celui-ci une pâte jaune à l’odeur forte. Si sa texture rappelle la moutarde, son odeur camphrée indiquerait plutôt un produit médicinal. Mais aucune certitude à ce sujet.

Je découpe en bandes larges le drap et en roule plusieurs. Les rouleaux vont rejoindre les autres trésors trouvés dans cette cahute. Quelques secondes pour moi. J’ai une plaie à protéger. Un badage pas trop serré, un mouchoir en guise de compresse et vogue la galère, ça tiendra ce que ça tiendra… J’en profite également pour refaire ma mise, enclencher un nouveau chargeur dans mon flingue et boire une large lampée d’eau dans la cruche réservée à cet effet. Pas bête d’ailleurs, l’eau. J’embarque.

Je redescend au sol pour retrouver toute la petite équipe. Chacun s’affaire qui à construire un brancard, qui à rassurer les esprits les plus dérangés. J’offre à chacun d’étancher sa soif présente ou à venir. Pas dit que nous trouvions facilement de l’eau potable plus tard.

J’aime pas jouer au chef, je n’en ai ni l’envie ni les qualités. On va essayer de se débrouiller sans leadership, pour une fois… Mais je préfère poser deux trois choses avant de partir.

« Ecoutez, nous allons partir essayer de retrouver les autres. Je crois qu’ils sont partis en forêt, et c’est une indication pour le moins floue. Néanmoins, j’ai bien l’intention de les retrouver. Je ne compte forcer personne à me suivre ni même prendre la tête éventuelle d’un groupe. Si certains veulent rester pour prendre un repos mérité, qu’ils le fassent, nous reviendrons les trouver plus tard. Si d’autres veulent venir, qu’ils viennent. Je n’ai aucune idée des chances de réussites. Mais je n’ai jamais été doué en probabilité.

Ah oui. Appelez-moi Mike. »

J’ai jamais été doué pour haranguer les foules ou faire des discours. Tant pis. Je resserre mon sac à dos et me prépare à décaniller. Direction, la forêt profonde ?

Pendant que Kristoff s'affairait à fouiller dans les pièces, je suis retournée à la fenêtre et ait lorgné les ténèbres, à la recherche de quelque chose et je l'ai trouvé. Normal que je n'ai rien vu de la porte... à peine les fueurs du festin l'illuminait-il.

Fière de ma découverte, je descend peu après derrière Kristoff. Je le laisse finir son petit discours. Mike... pourquoi tient-il à ce qu'on l'appel Mike s'il s'appelle Kristoff ? faudra que je pense à lui tirer les vers du nez, entre quatre yeux. Si je dois lui faire confiance, il devra tout me dire de lui...

Je m'approche de Graceella agenouillée près d'un Vince toujours inconscient... mouarf ... un poids mort à transbahuté... faudrait peut être pensé à faire une civière avec des morceaux de bois et de toile où alors le laisser ici. Qui nous dit qu'il survivra à un petit voyage improvisé dans la fôret.

Et Graceella. Fragile mais la tête dans un autre monde. Là aussi un poids mort... c'est dans de telles situations extrêmes comme celle-ci qu'on se rend compte à quel point on peut être égoïste et ne penser qu'à sa survie. Je ne prendrai pas de décision pour eux. Ca sera eux seuls de trancher.... comme l'a si bien fait comprendre... Kris... Nan ! Mike !

Si je peux me permettre... J'ai enfin vu ce que nous montrait la créature par la fenêtre. Un peu plus loin, il y a une clairière, et au bout de celle-ci un chemin qui se perd dans les bois. On tente le coup ? au moins celui-ci nous amènera-t-il quelque part alors que s'enfoncer dans les bois, c'est prendre le risque de tourner en rond inutilement. Vous en pensez quoi ?

Si pas de réponse d'ici cinq minutes... je me casse toute seule comme une grande ! je peux le faire... je suis une grande fille qui a connu la jungle de la rue.... et au diable les remords, les regrets de laisser quelqu'un derrière moi... Enfin peut être pour une personne, mais s'il a autant de bon sens que je ne le pense, il suivra !

Un chemin. La bestiole nous a indiqué un chemin. Si je ne lui fais aucune confiance, on peut raisonnablement estimer qu’elle a montré la même direction aux autres. Kheira a bien vu. Plus besoin de tergiverser, c’est là-bas et tout de suite.

« Bien, je pars là-bas. Maintenant. Avec vous si vous le voulez bien mademoiselle. »

Le blessé ? Il semble avoir trouvé une nounou. On les embarque tous les deux s’ils le veulent. Sinon… sinon on viendra les chercher après. Kheira verra bien avec fifille. L’autre éclopé… il fera ce qu’il veut, je ne suis le chef de personne.

Sans plus traîner, je prends ce chemin obscur qui serpente d’une manière inquiétante sous les arbres.

On est pas dans la merde…

[fuite dans la forêt]

Mike qui part... sans moi ! il m'a proposé de le suivre bien sûr mais il ne m'attends pas, ne me tend pas la main, il s'en va juste dans la direction que j'ai indiqué. Si je ne me bouge pas, je vais le perdre de vue, et dans l'obscurité autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Je regarde James, puis Graceella puis Vince. Désolée faudra faire sans moi... je veux pas crever. Lui, il a un flingue... pas vous !

James, occupez-vous de Graceella et Vince. Quand ce dernier sera à même de marcher, suivez le sentier après la clairière. On se retrouvera tôt ou tard. Après tout on est sur une île ! Que dieu vous garde de toutes mauvaises rencontres.

Rapidement, je m'agenouille près de Graceella et lui murmure à l'oreille.

Graceella réveille toi. Ta maman n'est pas là, personne ne lui veux du mal là ou elle est. Pour ta survie, celle de Vince et de James, retrouve tes esprits et montre toi courageuse. On se retrouvera bientôt... foi de Kheira !

Je l'embrasse sur la tempe, me lève et file darde dare derrière Mike, dans la touffeur de la foret. J'ai un pincement au coeur de les laisser là, mais ils s'en sortiront... putain je l'espère.

Mike... attends moi !!!

[direction la fuite dans la foret]

J'entends des voix autour de moi. Ca parle de moi, de Graceella, de James... Kheira parle elle aussi. Tout s'entremèle, mes pensées ne sont plus que phrases et images entremélées dans un chaos complet.

Et puis tout s'ordonne doucement. je sens mes forces revenir doucement. Peut être ma guérison de plus tôt a-t-elle encore des effets?

toujours est-il que j'arrive à ouvrir les yeux. Eblouis par la lumière, je me masque le visage, le temps que mes yeux s'habituent à la lumière, tout en m'asseyant contre l'arbre proche. je finis par distinguer deux personnes, james et Gracella. Je souris alors à cette première, et d'un geste un peu incontrôlé la sert dans mes bras, comme pour la remercier sans les mots, puis salut James d'un hochement de tête et d'un petit sourire.

"Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, ni pourquoi je me suis réveillé si subitement... C'est comme si mes forces étaient revenues sans crier garre... Mais merci d'avoir veiller sur moi...

Mais dites moi, ou sont les autres? j'entendais il y a un instant Kheira parler à un homme... ai je donc rêvé?"

C'est quand même encore flou, et je me tiens la tête pour éviter de trop forcer d'un coup... faut le temps que le système redémarre!