La grande maison : la pièce à côté

Après un salut à Dellah et un sourire à la mignonne, accompagné d'une légère caresse sur l'épaule, je me dirige vers l'endroit indiqué.

Une fois passée la cloision, je me déchausse, ôte soutane et effets. Nu comme enfant Jésus en son étable, lorgnant le lieu, j'avise, derrière une porte de bois, une sorte de bassin bas de pierre, qui semble lieu de toilettes.

Malmenant quelques peu les poignées et bobinettes, j'ai le plaisir de voir surgir du plafond bon filet d'eau claire et tiède, sans doute chauffée par le soleil en quelque cuve placée sur le toi.

C'est avec grand plaisir que je laisse couler l'eau sur moi. J'avise alors pierre ponce et éponge.
C'est alors réel bonheur, presque coupable volupté de me décrasser enfin...

Une fois le cuir décrassé, je reste ainsi, profitant de la brise entrant par la fenestre pour me sécher.

Toujours dans le plus simple appareil, j'avise un baquet, baquet que j'emplis pour y nettoyer comme simple lavandière ma soutane. Puis je l'étend a la fenetre.
J'en profite pour oter mes bandages et les laver. Plus traces de blessures, a peine, une ombre sur les mains, comme un souvenir.

Je m'envisage dans un miroir : mon front lisse est redevenu.

Cherchant de l'oeil les effets dont avait parlé la femme, j'avise une parure de coton simple, faite d'un pourpoint au col ouvert et d'un haut de chausse de coupe étrange.

Prestement je me vêt alors que j'entends des voix dans le vestibule. Les compagnons de la demoiselle Lyana, probablement. Je ne suis mie des leurs et il va me falloir songer à les quitter bientôt.
Dès que la dame Dellah m'aura fourni certaines réponses.

Assez musardé, rejoignons donc les autres. Un dernier regard dans le miroir, je me testonne rapidement les cheveux des doigts.
Me reconnaitront-ils sans ma soutane ?

[hrp : venant de la grande maison pièce principale]

Je quitte le salon ou tous commençaient a s'entasser et j'arrive enfin a la salle de pluie... Fausto est la de dos a la porte... Je racle ma gorge pour signaler ma présence dans un léger...

-Hum Hum

Je laisse s'afficher un léger sourire et continue dans ma lancer me rapprochant un peu de lui

-Je ne vous dérange pas?

La porte s'ouvre soudain en grand, laissant passer une véritable furie. Les restes de vêtements volent à travers la pièce en une pluie de soie crasseuse. Sans se soucier des présents, la Duchesse se dirige la salle de pluie.

Hum… rien que le nom, j'en frissonne déjà!

Les mains fébriles tournent les robinets et bientôt il se met à pleuvoir. On se croirait en plein mousson ou dans une pub pour Tapipi douche. L'hyperactivité qui semble agiter Iris, la quitte peu à peu alors que l'eau coule sur son corps. Les tensions se dénouent petit à petit.

Un vague chant sans parole s'échappe de sa bouche, à peine plus fort qu'un murmure alors qu'en geste lascif elle se débarrasse de la pellicule de crasse qui la couvre. La peau retrouve son éclat de porcelaine, les fils d'or de sa chevelure retrouvent leur reflet précieux. Le visage de la Duchesse de Loncourt retrouve ses traits harmonieux, dénué du masque de folie qui la tient depuis le naufrage.

Les ablutions se prolongent quelques minutes, puis une main plus assurée vient tourner la poignée. Les dernières gouttes d'eau dévalent le corps laiteux, raisonnant en un joyeux clapotis autour d'elle.

Immobile un long moment, elle finit par se tourner avec la lenteur du doute. Ses yeux gris se posent sur Fausto et Lyana et s'agrandissent de surprise. Une main blanche se pose sur sa bouche entrouverte, cachant l'étonnement qui marque son visage.

Sans plus de cérémonie, Iris sort de la salle de pluie, couvant d'un œil méfiant les deux présents. Des tenues d'un blanc immaculé pendent dans un coin. La Duchesse en saisit une au hasard et l'enfile rapidement, tournant le dos au couple.

Du coton! Quelle horreur! Et même pas traité en plus! Je sais pas qui est leur couturier, mais j'irais jamais le voir… quelle coupe horrible!

C'est une robe longue simple resserrée sous la poitrine, aux manches courtes et au décolleté plus que sage.

On dirait une enfant de cœur…

Visiblement déçue par son accoutrement, la Duchesse se retourne vers les deux autres hôtes, hésite un instant, puis fait quelques pas en direction de la sortie, avec l'intention manifeste de partir.

Debout devant le chambranle, je vois Lyana s'approcher. La pauvrette doit avoir envie de se reposer et voilà que je lui refuse le passage !

Non, ma fille, point ne me dérangez. Je suis fort goujat de ne point vous laisser à vos ablutions. je vous prie de bien vouloir m'en...

Je vois alors arriver, telle furie déchainée, la bachelette blonde avec tenue comme en bordo qui court en notre direction avec face déterminée et rageuse. Sans nous envisager, elle se jette dans le bassin où je me suis tantôt lavé.

Mais il me semble que ces dames ont besoin de se repimplocher et de faire toilette... Voilà une de vos amies, je vous laisse à vos pudeurs

C'est a ce moment que sort, nue comme Eve, la blonde qui d'un regard hautain nous toise avec morgue....
Il est temps que je sorte de ce lieu avant que ne s'égare en des endroits démoniaques mon regard....

Revenant dans la grande pièce, je me dirige vers Dellah.

[retour pièce principale. 2 femmes sous la douche, c'est beaucoup trop de tentations, meme pour le pur Fausto]

La Duchesse regarde le mâle sortir, levant un sourcil étonné devant sa manière de parler archaïque, qui n'est pas sans lui rappeler l'air que se donnait certain des vieux aristo qui composaient la cour de sa mère.

Une fois le cureton dehors, la Duchesse reporte son regard sur la donzelle. Celle-ci la dévisage, sourit…

- J'espère qu'elle était bonne?

Le visage d'Iris se fend en un sourire serein en guise de réponse. Au lieu de sortir, comme elle en avait visiblement l'intention, elle s'adosse au chambranle de la porte et regarde la demoiselle s'effeuiller. Les yeux s'attardent sur les formes féminines, appréciateurs. Le sourire de la Duchesse se fait un rien carnassier.

Délicieuse…

La déception se lit sur le visage de la Duchesse lorsque la serviette vient couvrir le corps de Lyana. Visiblement intriguée par le regard pesant qu'elle pose sur elle, la miss se tourne vers Iris.

Mouais…

Moue appréciatrice, elle dévisage les traits de la jeune femme. Une question raisonne dans l'air, qui ne trouvera d'autre réponse que le silence. Le visage de la Duchesse se tourne une fois vers la droite, puis vers la gauche.

Consentant enfin à bouger, Iris s'approche de Lyana. Un éclat fauve brille au fond de son regard, la fixant avec assurance. A quelques centimètre de la demoiselle, un bras s'enroule autour de sa taille, avec la douceur d'une étreinte maternelle. Les lèvres se posent à la naissance du cou, là peau a le plus de saveur, et y déposent un furtif baiser.

Sans autre transition, la Duchesse desserre son étreinte et s'éloigne en riant silencieusement.

Vraiment délicieuse…

La porte claque derrière elle.

[Direction la Grande maison]

Elle ne me répond pas et s'avance simplement vers moi m'attrapant a la taille... Que veut elle... Son regard en dit long et elle dépose tendrement un baiser dans le creux de mon cou...

Une sensation bizarre m'envahit, mon corps se met a frissonner... Puis un sourire naissant sur ses lèvres elle lâche l'emprise se retourne et s'en va comme elle était venu sans un mot...

Je porte ma main a l'endroit ou ses lèvres sont venu caresser ma peau, je sens mes joues rosirent quelques peu...

Je me rapproche du lavabo, je me passe de l'eau fraîche sur le visage et relève la tête vers le miroir un instant...

-Lya change cette tête tout de suite..

Je me sourit a moi même et plonge enfin la main dans mon sac, plus de bustier, juste une fine robe blanche et quelques dessous, je les attrape et m'habille rapidement, et jette mes vêtements sales dedans je n'ai pas vraiment le courage de les lavés maintenant...

[hrp : direction la grande maison]

Voilà donc l'endroit... Pas si mal pour une maison dans les arbres.
Autre point génial, personne à l'horizon, enfin un peu de détente...
L'eau n'est pas trop sale malgré le passage de la foule affluante.
Je pousse un long soupir, face au bassin, les pieds sur le marbre.

Quelques pas vers ce qui s'apparente à un porte vêtement.
Un regard derrière moi, je suis plutôt du genre pudique.
Personne, pas l'ombre d'une âme qui vive... Heureusement.
Petit sourire satisfait, cette fois cet endroit est idyllique.

J'approche mes mains des boutons de ma chemise que je délie un à un.
C'est pas que je suis matérialiste mais je l'aimais bien moi...
Maintenant elle est toute délavée et rendue rigide par le sel et les embruns.
Il me manque plus qu'a la jetter... Ce que je fais contre la paroi.

Tiens, peut être que mes tatouages sont partis tant le sel irrite.
Non, je vois encore celui sur mon épaule... Il n'a pas disparu.
Je l'aime bien sur mon bras droit, c'est le symbole d'une époque révolue.
Un tatouage maori, peut être une certaine marque de rite ?


[HRP : dans ce genre là ]

A présent je retire les loques qui étaient un superbe jeans à l'origine...
Il me faut vraiment forcer, ma peau est collée à la fibre. Pouah...
Je me fais pas prier pour retirer mon boxer, qui est en assez bon état.
J'aime pas ça mais pour une fois je serai bien allé faire du lèche-vitrine.

Après m'être baissé, je me glisse dans l'eau. Elle est assez tiède.
Je crois que je pourrais y passer au moins un bon quart de siècle...
Regard déprimé à mes affaires... Je vais devoir accepter de l'aide.
Il y a les habits que les autochtones ont laissé posés sur un socle.

Je me frotte avec une éponge naturelle, tout droit sortie de l'océan.
Durant près d'une demie heure je me nettoie le corps en entier.
Mes cheveux aussi, je crois que je les ai jamais vu dans cet état avant.
Le savon sent drôlement bon, il doit être fait avec des arbres fruitiers.

Je me décide enfin à sortir. Pire qu'une lycéenne avant son premier bal.
Mais enfin c'était pas du luxe. J'attrape une serviette et m'essuie.
Prochaine étape : des vêtements. J'approche de la pile espérant l'idéal.
Pourvu que ce soit pas une robe ou des hâbits de marquis...

Ah, voilà qui parait pas mal. Un pull noir rayé près du corps. Je prends.
Quelques minutes plus tard je trouve ce qui s'apparente à un pantalon.
Il est noir également. L'ensemble est plutot assorti et seyant.
Au moins je suis pas ridicule. C'est pas le but d'être un Apollon.

Passage devant le miroir. Pas de cernes. Mais par contre quelle coiffure !
Mes cheveux sont tout tirés vers l'arrière, on dirait un vrai mafioso...
Après quelques secondes, je parviens à un resultat sur ma chevelure.
Comme d'habitude, légèrement tombant sur le front. Me voilà beau.

Je quitte la pièce pour rejoindre les autres, retour à la réalité.

[HRP : To the Great House =)]

Vide.

Grands dieux que c’est bon. Sans plus réfléchir, je m’approprie les lieux. Il y a bien de quoi se faire par là un coin pas trop désagréable pour ronfler. Je réunis des couvertures et des coussins en suffisance pour m’y installer confortablement.

Une fois de plus, j’ouvre mon sac à dos magique, on va finir par me prendre pour Dora l’Exploratrice là… Le flingue, sous l’oreiller, les ananas… heu, non, pas dans un lieu fermé, trop dangereux, la lampe, à portée de main, le couteau, pas besoin, les restes de bouffe… faudra trier ça au réveil…

Tiens une chemise un poil crade. Toujours moins que celle que je porte pour l’instant… On verra. J’en profite pour enfin retirer ces godasses, rien à faire, les Bexley, c’est pas pour faire du trekking, mais j’ai rien d’autre sous la main. Mes chaussettes ressemblent à une compresse sur les hémorroïdes d’un éléphant… faudra laver ça aussi…

Exit la chemise, le futal tombe dans la même foulée. Le slip… erf…. Un dim, ça tient pas le chos longtemps, basta… A oilpé, je fais quelques gestes d’étirement histoire de décontracter un peu ce vieux corps tendu par les derniers évènements. Dormir maintenant. Vite, bien, efficace. La suite… ben on verra après.
En moins de trois minutes, ma respiration est lente et profonde, mes yeux calmes sous mes paupières.

[exit nulle part, juste un dodo qui durera…]

La porte bien huilée ne grince pas quand je la pousse pour m'engouffrer dans la pièce qui sert apparemment de salle de repos et de bain. Pas un bruit. Pas un mouvement. Juste une forme immobile, allongée de tout son long sur un amas de coussins et recouvert d'une couverture jusqu'à la taille.

Faisant abstraction du dos nu qui se présente à ma vision, je m'approche de lui pour le réveiller. Quel genre de type peut-il penser à dormir alors qu'il a appris il y a quelques minutes qu'il y a eu un autre mort ? un être qui ne pense qu'à lui-même. Et bien ça tombe très bien car je n'ai pas besoin d'avoir un sentimental de plus sur les bras. Par contre peut-on lui faire confiance ? sera-t-il là en cas de danger ou prendra-t-il la fuite ?

Une discussion s'impose pour le jauger...

Je me penche vers lui, les doigts de ma main droite agrippent la fine couverture et la rejettent en arrière. Décidément on met mes résolutions à l'épreuve depuis que je les ai prises. D'abord Graceella et son attitude d'oisillon égarée, et maintenant cette paire de fesses musclées et fermes à souhait. Soupir. Et bien ça ne me fait ni chaud ni froid qu'on se le dise.

Aucun mouvement de sa part. Aucun tressaillement. Il dort vraiment comme une masse. Bon je vais pas tergiverser cent sept ans pour trouver un moyen de le réveiller. Machinalement je vais vers la douche, ramasse au passage un bac en ferraille qui doit servir pour je ne sais quelle raison. Une fois dans la douche j'active celle-ci, et dépose le bac sous le jet d'eau le remplissant à moitié. L'eau m'éclabousse quelque peu et ça me fait du bien. L'eau et moi c'est une grande histoire d'amour.

Une fois ma tâche accomplie, je retourne vers le dormeur et sans retenue aucune, lui verse le contenu du bac sur la tête. Si avec ça il ne se réveille pas... je lui fous le feu aux fesses !

[pas de repos tant que je serais dans les parages... non mais !]

Noir.

Le sommeil me tombe dessus comme la pierre tombale sur la tronche d’un macchabée. A croire que j’en avais besoin. Les formes géométriques qui papillonnent devant mes yeux se sont estompées pour laisser place au néant. Le vide. Le rien. Une sorte d’échantillon gratuit de la mort. Un repos éternel.

Non.

Il y a quelqu’un. Une âme est là, quelque part et je la sens hostile, mes vieux démons ne s’endormiront donc jamais. Je sais que les cauchemars arrivent. Je les sens, je les voie. Une forme sombre se glisse dans une chambre. Les rideaux volent sous la brise qui s’insinue entre les ventaux de la fenêtre laissée ouverte. L’air est chaud malgré la nuit. Un moustique vole paresseusement à la recherche d’un cou dodu à pomper. Au loin, une voiture passe. La fille est là, dans son lit. L’ombre se glisse vers elle et se penche au-dessus de son corps assoupi. La lune éclaire faussement cette scène digne d’un film avec Christopher Lee. Un parfum de fruits monte d’une corbeille posée sur une table basse. Mais Je suis là. Dans le lit et au dessus d’elle, dans la corbeille et sur le mur… Mes bras se déforment et entourent le lit, mes mains enserrent mon propre cou nimbé de lumière sélène. Mes yeux s’ouvrent et je me vois. Je suis auréolée d’une couronne de Neptune et mon trident est posé non loin de là. Des poissons argentés tentent d’entrer par ma bouche tandis que mes cheveux couleur d’algue exhalent une odeur de pourriture. Mes yeux d’un bleu vitreux rencontrent mes yeux. Je suis la victime et le bourreau. Le plafond de la chambre se tord et ondule. Il se pare d’un voile bleuté et ses vagues se font de plus en plus pressantes. J’étouffe.

Nooooooooooon !

J’ouvre les yeux, à l’instant même ou l’eau m’arrive en pleine figure. Le cerveau se vide d’un coup et les réflexes prennent le pas. Ma main droite est déjà lesté du desert eagle que mes jambes se recroquevillent. Je bondis sur la source du déluge et la renverse sans ménagement. Elle chute en arrière et je roule avec elle. Instinctivement, j’attrape un de ses bras et le tort brutalement pour l’immobiliser. Un centimètre de plus et son épaule se déboîte. Le genou coincé contre ses reins, la douleur devrait l’empêcher de trop moufeter. Le canon du flingue vient s’écraser naturellement sur la nuque offerte.

Merde, y en a d’autres.

Nu et trempé, je suis agenouillé sur une femme dont je ne vois pas la figure, un canon contre sa tête.


Qui a dit que j'avais l'air con ?

Su j’avais su qu’il aurait agit ainsi, je lui aurais cramé ses fesses. Aussi vif qu’un félin il s’est jeté sur moi et on a commencé un roulé boulé qu’en d’autres circonstances, dans un autre endroit, j’aurai apprécié.

En moins de temps qu’il ne lui en a fallu, je me retrouve plaqué ventre à terre, un bras tordu dans le dos, l’autre étendu le long de mon corps, les reins, dénudés, douloureux par ce genoux poilu et calleux qui s’y est posé sans délicatesse. Une froideur glaciale sur la nuque me laisse présager que c’est la bouche d’un gun.

Putain... je suis mal, très mal.

A moitié assommée, j’entrevois trois solution : mutisme, négociations ou crise d’hystérie. En temps normal j’aurai choisi la troisième solution. Oui mais voilà, je ne suis plus sous l’effet des drogues et je vois les choses différemment.

C’est dans ce genre de situation qu’on se rend compte vraiment qu’on y tient à sa vie aussi merdique soit-elle. Et j’y tiens à la mienne ! j’ai pas envie de crever maintenant. C’est pas le moment de régler mes comptes avec l’archange Gabriel.

J’opte donc pour le mutisme....

Je serre les dents pour pas hurler. Evite de trembler sous la douleur. Essaie de calmer ma respiration. Je suis aussi tendue qu’une corde à linge et putain que j’ai mal, que j’ai envie de lui faire bouffer son canon. Ce type est un malade !!! c’était qu’une douche !!!

A ce rythme là, je vais pas résister longtemps, mais je ne lui donnerai pas ce plaisir de pouvoir décharger son flingue sur moi.

Douleurs lancinantes dans le bras et les reins. Suées. Muscles tétanisés. Je m’écrase, attendant que mon bourreau daigne vouloir lâcher prise...

Plitch plitch plitch plitch…

Je goutte sur le dos de la fille. Personne dans la cahute, j’ai simplement entendu des voix dans la grande pièce, à côté. Je réenclenche la sécurité du flingue, lâche le bras et me relève en prenant garde de ne pas endolorir un peu plus le dos de la demoiselle. Vue de dos, je ne la connais pas. J’ai du la croiser rapidement sur l’île, mais je ne sais plus où.

Je jette le gun sur le tas de couvertures et relève le plus délicatement possible l’arroseuse. Le baquet git encore là, à quelque mètres de nous. Les couvertures sont trempées jusqu’à la corde et il y a for à craindre que la mag-lite aie subit les aléas de l’humidité.

La lumière tombante du soleil couchant n’a pas bronché. J’ai du dormir viens 3’52. Une grasse matinée quoi. En cumulé, je vais faire tomber des record d’hibernation.

Un minois pas laid et un regard à faire fondre de la tôle blindée, un air de savoir s’y prendre et d’en avoir vu de toutes les couleurs. Qui est-ce ?

«J’étais si sale que ça ? »

Woaow… alors là… si tu te mets à faire de l’humour… tu aimes être pathétique mon gros…

Je suis saine et sauve car il a dû reprendre ses esprits et se rendre compte que je n’était pas une menace pour lui. Tout du moins j’espère.

Mon dos est trempée, je suis poisseuse de sueur, j’ai les reins qui crient au martyre et je me tient debout devant lui en frictionnant mon bras meurtri, qui me lance terriblement. Il a dû me froisser un muscle ce con, je vais en avoir pour quelques jours à m’en remettre.

Pas contente du tout du tour qu’ont pris les événements, je lui lance mon regard le plus noir, mon regard revolver, celui qui vous cloue sur place et vous donne envie de vous taper la tête contre le sol pour l’y enfouir.

Désarmée, nu comme un ver, il se tient nonchalamment devant moi en faisant de l’humour. Si il croit que ça va me calmer, il se fout le doigt dans l’oeil.

Je m’approche de lui, furibonde, la tête bien haute.

T’as surtout besoin de te rhabiller... car dormir et traîner le cul à l’air...

Ma phrase je ne la termine pas juste pour qu’il soit gêné, le voir piquer un fard, qu’il se sente ridicule. Mais s’il y a bien une chose que je n’arrive pas à retenir c’est mon bras validequi se lève en direction de sa joue, la paume de ma main grande ouverte au bout, afin de lui coller une baffe monumentale...

Ma tête part en arrière sous le coup. C’est qu’elle de la poigne la pisseuse. Ses considérations oiseuses sur ma nudité, je m’en cogne, ma pudeur ne se trouve pas là. Mais il y a un truc que je ne peux pas laisser passer. Souris mon gars, souris.

*baffe*

Du plat de la main pour pas trop abimer ses jolies pommettes, mais que la joue lui cuise au moins autant que la mienne. La galanterie, c’est bon avec les dames, mais là, c’est plutôt un caporal-chef qui veut me sortir du lit et me sermonner. Et j’ai passé l’âge d’être conscrit. Chuis pas d’humeur à supporter ce genre d’humiliation. Pas maintenant.

« On est quittes ou on continue ? J’ai pas demandé à être sorti du pageot moi.

A votre service mademoiselle. »

Dites moi que je rêve. Il a osé lever la main sur moi ce con ! comme si ça ne suffisait pas qu'il m'ait plaqué au sol, détruit un bras, et menacé de son flingue !

Bon... Bon... Bon... Inspiration... Expiration... Inspiration... Expiration... Zen attitude... Calmer le jeu... Aaaahhhooouuummm... Se venger plus tard... Aaaahhhooouuummm... relachement des muscle...

Ca va mieux. Nettement mieux. Mensonge. Ca va pas. J'ai toujours envie de m'acharner sur lui. Faut que je me calme... faut dire que tout à l'heure il y a pas été de main morte. J'ai failli passer l'arme à gauche et ça il aurait pu en tenir compte avant de me donner une claque. Et voilà qu'il me donne du mademoiselle maintenant... on croit rêver !

Sortie de l'artillerie lourde. Je le regarde avec des yeux de biche effrayée, mes lèvres s'arrondissent en un O muet de stupeur, avant de se relâcher en une moue boudeuse tremblotante. Je frotte ma joue endolorie, et mes yeux commencent à devenir brillants, humides.

Vous êtes un mufle. Et si moi et ceux qui sont dans la salle à côté n'avions pas besoin de vos capacités, de vos bras, je ne serais pas venu vous déranger. Un butor comme vous on l'évite comme la peste ! vous devriez vous excuser pour votre attitude...

Qui a dit fontaine je ne boirais pas de ton eau ? Pas moi... car les larmes coulent le long de mes joues tandis que je croise les bras sur ma poitrine comme pour me réchauffer, et que j'adopte une attitude maladroite. c'est une feinte bien sur... oui... oui... je suis pas une marie pisse trois goutte !

Et puis rhabillez-vous!!! y a une jeune fille toute innocente à côté ! si jamais elle rentre... elle va être triplement choquée !

Qu’est-ce que c’est que cette givrée ? Un coup c’est Mata Hari, un coup Bambi… y a du cyclothymique sous roche là ou je m’appelle Sigmund Freud. LA voilà quasi prostrée à me jouer la grande scène du II.

Et tout ça pour quoi ? Pour réussir à obtenir les services du déménageur de service ? Mike 30’ une greluche tiède dans vos bras en moins de trente minutes… Tout ça pour aller ensuite se faire trombiner par…

Pfff…

« Mademoiselle, je ne vous connais pas et vous faites irruption dans ma chambre, vous m’arrosez d’un baquet d’eau froide, vous me giflez, et c’est moi le butor.

Et bien le butor a besoin de repos. Des gros cons plein de muscles, y en a d’autres sur cette damnée île. Des types justes bons à jouer les Saint Bernard avant d’être poliment prié de rentrer à la niche, vous en trouverez ailleurs.

Oui, je suis bien à poil, oui, j’essayais de dormir, ne vous en déplaise. Alors maintenant, mademoiselle l’Outragée, si vous requérez mes services pour quelque chose d’urgentissime, déballez rapidement la marchandise, parce que je ne suis pas d’humeur, tel que vous me voyez là.

Je suis nu et trempé, mais surtout à bout de nerfs. Alors, avant que je ne perde patience, je vous saurai gré de bien vouloir me dire le pourquoi du comment.
OK ? »

En d’autres temps et en d’autres lieu, ça m’aurait fait rire. Mais j’ai les zygomatiques hypotrophiés pour l’instant, et c’est pas avec sa gueule d’ange et ses yeux de Sailor Moon qu’elle va me dérider. Je ne suis pas encore au stade ou je la fais passer à travers la cloison direction le béton végétal en-dessous… mais presque.

Du bout des doigts, j'essuie mes larmes mais elles continuent de couler. Ce sont mes nerfs qui lâchent. Pas de doute. Trop de choses me sont arrivées en même temps. Mais pas question que je montre ma faiblesse devant ce type exaspérant. Un soupir de lassitude m'échappe.

Redressant le dos, ayant décidé d'arrêter de combattre contre mes larmes, reniflant pour ne pas avoir la goutte au nez, je reprend le dessus sur mes états d'âme.

Pour commencer, je m'appelle Kheira. Je ne m'excuserai pas pour vous avoir réveillé de manière si abrupte car même si j'avais employé la manière douce, vous vous seriez quand même jeté sur moi. Si je suis venue vous réveiller c'est parce qu'il ne fait pas bon rester seul sur cette île.

Vous n'en avez peut être rien à faire mais moi j'en ai marre de voir mourir les naufragés un par un et de tomber sur les putains de monstres qui habitent cette île. Avant tout je pense à ma survie, et c'est pour ça que je veux m'entourer de bras forts, mais là dans l'autre pièce, y a une jeune femme innocente, perdue qui mérite tout autant qu'on la protège.

Un deuxième soupir m'échappe et je tourne le dos à mon interlocuteur, gardant les bras toujours croisés sur ma poitrine, mon regard se perd au dehors, à travers une des fenêtres.

Il y a un mystère sur cette île. Naufragés du passé et naufragés du présent s'y côtoient. J'ai vu d'étranges symboles sur l'autel ou a été incinéré mon amie Tara. Dans la faille ou je me suis engouffrée avec quelques autres, on s'est retrouvé dans des tunnels métalliques comportant ponts de singe, plots en suspension dans le vide et j'en passe. Croyez moi cette île n'est pas une île comme une autre. Et quelque chose me dit que si on perce le mystère, on trouvera l'issue pour s'en échapper.

C'est une expédition que je veux monter. Et j'ai besoin d'un homme de poigne, expert en combat à mains nue ou avec arme. Et vous avez l'air d'être ce genre d'homme au vu de ce que vous venez de montrer.

Je pivote d'un demi tour, lui montrant mon profile, puis mon visage résolu se tourne vers lui et je scrute son visage froid pour y déceler au moins une émotion.

Vous voulez peut être moisir sur cette île mais pas moi... Libre à vous d'être victime ou bourreau...

Pfiou, nous voilà parti dans les grandes déclarations maintenant. Ca touche aux grands sentiments, salut au drapeau, montée des couleurs, tous unis contre le tyran…

« Heu… oui, certes… vous recrutez donc des gros bras pour une milice active pour boutez le monstre hors l’île. Belle et grande idée, je ne dis pas. Mais était-ce nécessaire de vous y prendre ainsi ? Et pensez-vous que j’irai me ranger derrière vous dans cette sainte croisade ? »

J’ai sommeil… je prends un air mon brusqué, mais plus éreinté.

« Mademoiselle.. heu.. Kheira. Vous semblez animée des meilleures intentions du monde, mais voyez-vous, ne pourrions pas reporter le sauvetage de la planète à une date ultérieure, après une nuit de sommeil par exemple ? »

Je suis planté debout, toujours dans la posture de l’épouvantail qui a perdu les hardes du père Mathieu. Je ne comprends rien… j’en ai ras la casaque d’être le Popeye de service, je suis pas corvéable à merci… Et un boulot, j’en ai déjà un… un sale boulot, ouais, mais je peux pas y échapper.

Je retiens un baîllement.

Les traits du visage tiré, cette expression qu’on a quand on se retient de bailler. D’accord il est crevé et j’en tirerai rien sur ce coup là. Va falloir attendre demain matin !

D’ailleurs je devrais peut être me reposer aussi. Se reposer en le tenant à l’oeil oui ! manquerait plus qu’il joue la fille de l’air dès que Morphée me bercera. Dommage qu’il n’y ait pas de menottes dans le coin !

Soupir vaincu. Très bien... je n’ai pas d’autres solutions que de vous laisser vous reposer si je veux avoir votre soutien.

Sur ces mots, je m’avance vers la pile de coussins secs qu’ils restent dans un coin de la pièce. Pas assez pour faire deux lits. Faudra s’en contenter. Rapidement, je les dispose de manière à avoir assez de place pour soutenir deux poids. Ensuite j’attrape une couverture et m’en sert version drap housse comme ils font à l’armée avec un drap simple, au moins le lit de fortune se se disloquera pas comme ça et on aura pas le fessier par terre.

Je tapote. Bien ça tiendra. Je grimpe dessus à quatre patte et file me positionner au bout près du mur. Allongée sur le flanc, prenant appui sur le coude, la joue posée dans la paume de ma main je regarde avec un grand sourire carnassier mon futur sujet.

Je me penche un petit peu en avant et de ma main libre, je tapote la place de libre à côté de moi pour l’inviter à venir s’y allonger.

Vous voulez dormir ? très bien mais faudra compter avec moi... Pas de crainte , je vais pas vous manger ! de toute manière je les préfère plus jeune que vous...

Je me détourne alors de lui, et me place face au mur, en remontant la couverture sur mon corps et de m’y blottir.

C’est qu’elle me pique mon plumard la fanfaronne ? Non, elle le remet correctement en place… et s’y couche… Je passe la main sur mon visage. Ca me calme un peu et me permets de reprendre un peu de recul.

Bon.

OK.

Je récupère mon artillerie, faudrait pas que ça traîne trop ces perforateurs la. Je m’approche lentement, sa pudibonderie aucune.

« Je dors sur la droite du lit. Pas d’objection ? »

Je chope deux coussins et lui en envoie un. Je place le mien le plus confortablement et y loge ma pétoire. Elle aime les plus jeunes ? Parfait, il y en a pas loin d’ici dont elle pourra se repaître autant qu’elle le voudra. Et ça me permettra de remonter un peu les batteries. Sans plus attendre de réponse, je me glisse à mon tour entre les couvertures. Brrr… elle a les pieds froids en plus. Je donne pas trois minutes pour qu’elle me les colle dans le dos. Après le déménageur en folie, je vais jouer au radiateur portatif.

Je me tourne et me retourne plusieurs fois histoire de marquer un peu mon territoire et bassiner ma place. Dors mon gars, dors, les épreuves n’ont pas encore vraiment débuté et demain risque de ne pas être plus joyeux qu’aujourd’hui. Je glisse par réflexe une main sous le coussin. Tout va bien. Décidément j’aime pas les armes. Ca fait des bosses sous l’oreiller et ça pue la connerie.

Allez, fais abstraction des gens dans la grande pièce, oublie un peu qui tu es. Dors.

Je me force un peu à bailler et me tourne sur le côté.

« ‘ne nuit. »