La cabine de Captain Stupid (Infirmerie)

Blanc partout, et boiseries chaudes, un lit immense dans une alcove au fond, une moquette épaisse comme la fourrure d'un ours polaire, et d'ailleurs, une fourrure d'ours polaire devant la cheminée factice...

Sofas profonds, un minibar bien garni dans le coin, musique douce...

La cabine de V.I.P.
Ne cherchez pas à comparer, même si vous avez casqué le prix fort, la votre n'est pas aussi bien.

Merci. Grognement. Voila que je me transforme au bon samaritain sur ce rafiot. Mon crédo ça a toujours été un pour un, tout pour soi. Mais faut croire que l'instinct de survie qui pousse les gens à devenir égocentrique et égoiste, a un effet inverse sur moi. A la fin de ce périple, je crèverai le coeur noble et beau que celui de mère Teresa ! Conneries oui ! t'es là pour ta dose.

Pense qu'à toi. Ramène lui ce qu'il faut et après laisse les se démerder. Le plus important c'est ta survie et celle de Tara. D'ailleurs ou c'est qu'elle est passée cette pouf ? Ca lui ressemble pas... même si elle s'envoie en l'air avec une autre minette ou un autre gus, elle se serait arrangée pour que j'en sois au courant. Pincement de coeur.

Sifflement. Et ben ! y en a qui se la coule douce sur ce rafiot ! il s'emmerde pas le capitaine. Nos cabines ont l'air miteuse comparées à la sienne. La police de bord aurait pu faire un effort quand même. Ya des cartons entassés n'importe comment, sans indication dessus. Il va être content le doc ! d'ailleurs il est ou lui aussi ? mais ils ne travaillent jamais sur ce putain de bateau ?

Soupirs. Frustration. Allez au boulot sister ! la boite de Pandore doit être dans le coin et le paradis des illusions t'ouvrira à nouveau les portes.

J'ouvre les cartons un à un. Posant à gauche, ce dont j'ai besoin, à droite ce qui est inutile. Y a des noms de médocs que je connais et d'autre pas. Au final, je décide de faire un meltingpot de tout ce que je trouve. On sait jamais, ça peut servir. Et j'ai pas passer mes dernières heures en vie à faire l'aller retour jusqu'à l'infirmerie. Bandage. Compresses. Anti douleurs. Sirops et cachetons de tout genre. C'est bien beau mais jusque là j'ai rien trouvé pour moi.

D'un coup d'oeil, j'avise que je pourrais jamais tout porter jusqu'au salon. Direction l'armoire du capitaine. Dans la situation o on est, un petit vol et il ne s'en apercevra même pas. Au fond de celle-ci un vieux sac à dos en cuir craquelé... l'a vu du pays celui là. Je le bourre avec tout ce que j'ai pu trouvé et continue mes recherches.

Méthadone. Putain. Tout mais pas ça. Et pourtant y a que ça.Aucune trace des petites pilules que j'ai l'habitude de prendre dans les pharmacies à l'aide de fausses ordonnances. Bordel pas la méthadone !!! et pourtant va falloir faire avec sister...

Rageuse. J'en prend et fourre le stock dans une pochette à part du sac.

Il est temps de repartir voir les autres. La nuit est tombée et j'ai pas franchement envie de me retrouver seule à roder dans les couloirs...

Je me dirige vers la porte lorsque minuit sonne sur la pendule en forme d'ancre du capitaine. Déjà ? j'ai même pas vu le temps passé ! Bonne année sister ! Y a quelques chose de bizarre, qui a changé. J'arrive pas à mettre le doit dessus.

Machinalement, je me dirige vers le Hublot, et scrute les flots, à la recherche de quelque chose. Je l'ouvre et l'hume. Rien que des senteurs iodées. Putain qu'est ce qui va pas ? Déclic. L'allure du bateau, elle s'est stoppé. On flotte mais on avance plus. Putain !!! c'est quoi ce merdier encore.

Je referme violemment le hublot et me met en quête dans la chambre du capitaine. Je vire tout ce qu'il y a dans l'armoire. Pas là. Je reetourne le lit, vide la table de chevet, la commode, le placard. La chambre commence à être un véritable foutoir. Direction la salle de bain, première porte du placard, rien. Petite porte en bas d placard ! Enfin !

J'attrappe le gilet de sauvetage vais pour le mettre mais mon sac à dos me gêne. Je le fait donc glisser de mes épaules, le pose entre mes jambe et enfile le gilet, par dessus je metd le sac à dos mais de biais, après avoir pris soin de distendre les bretelles. Ca ne fait que commencer.... la fin est proche. Je le sens gros comme une maison !

Les hauts parleurs se mettent à grésiller... Putain je la sentais pas si proche que ça la fin quand même !

Le bateau va heurter un récif, veuillez vous rendre aux canots qui se trouve sur les ponts. Que chacun garde son calme et son sang-froid.

Garder son calme? son sang froid ? ya pas moyen ducon !!! t'es au courant que le moteur de tes putain de canots sont morts !!! grillés !!! kaput !!! on va tous crever !!!

Tara... faut que je retrouve Tara.... pas moyen que l'on coule sans que je sois avec elle. Comme avant la mort, je revois tous dans ma tête. Mon enfance, mes bons et mes pires moments et... Tara. Putain ce qu'elle me gave cette meuf. Je devrais plutôt penser à sauver ma peau !

Panaique. Bruit de zip. Crépitement de l'emballage qu'on ouvre. Méthadone. Glops... c'est pas de la beuh mais au moins ça aide.

Je me casse dans le couloir... TARA !!!

[direction toutes les salles]

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Plus vite, toujours plus vite.
S'accrocher à l'espoir comme à un filin, aussi mince soit il...
Courage petite soeur.

*Baaam*

Merde... Étalé sur le sol, j'ai trébuché.
Voilà ce que c'est de trop réfléchir.
Rapidement je me relève.
Pas le temps d'avoir mal.
Claudiquant un peu, je reprend ma course.
On est presque arrivés...
Me voilà devant la cabine du capitaine.
Je pousse la porte.
Ma soeur est là, assise, complètement paniquée.
Elle fonce dans mes bras, me frappe de toutes ses forces :

- Pourquoi tu m'as laissée !! Qu'est ce qui se passe ? J4ai peur !!

Des larmes coulent le long de ses joues.
Une boule de douleur dans ma gorge.
Je n'aurai pas dû la laisser, elle a raison.
J'ai été égoïste, encore une fois.
Elle semble encore faible, mais l'énergie du desespoir est là.

- Viens Amy, il faut y aller... Je suis désolé.

Elle me regarde. Premier sourire.
Je la monte sur mes épaules.

- Prête Amy ?

Elle acquiesse tacitement.
Je prend ce qui pourrait servir.
Du fil, des aiguilles, quelques antibiotiques et antalgiques.
Un grincement assourdissant.
Il faut partir, et vite.
Nous sortons de la pièce.
Il faut s'enfuir... Allons faire un tour au pont inférieur, peut être y a t'il des canaux...