Portail (3eme signe)

[Axelle et Vince viennent du coin de verdure]

Ils arrivèrent un peu essoufflés sur le promontoire. Le vent balayait les quelques buissons qui avaient réussi à s’accrocher sur le rocher aride qui surplombait la plage.

En bas, des silhouettes minuscules s’agitaient. Les naufragés s’étaient dispersés mais le plus gros du groupe était encore près de ce feu qu’ils avaient eu tant de mal à allumer. Quelques autres exploraient les lieux, comme eux…

Axelle tourna résolument son visage vers le large pour voir le soleil qui perçait derrière les eaux. Elle lâcha la main de Vince et s’approcha au plus près de la falaise pour profiter au mieux de ce moment.

« Regarde comme c’est beau ! »

Elle avait l’air d’une enfant qui regarde une vitrine de jouets juste avant noël, des guirlandes dans les yeux.

Une enfant, voila ce que je croyais avoir devant moi. Une enfant heureuse et insouciante. Ce n'était plus la même Axelle qui me parlait.

Nous arrivames en haut de la falaise un peu essoufflés. Elle s'approcha pour contempler le levr de soleil.

Resté un peu en arrière, je humais l'air frais et vivfiant du matin. cerets nous étions perdus sur une ile, mais qu'importe. Après tout, nul soucis de travail ou d'argent ici. Quelque part, il y avait cette liberté qui m'avait toujours manqué.

Je m'approchais du bord, puis m'assis juste sur le rebord, les pieds sur l'extrème limite de la falaise, de sorte à ne pas basculer dans le vide au cas où. J'invitais Axelle à en faire de même.

"Oui c'ets beau. ca fait longtemps que je l'avais plus admiré. Dans le fond, ici nous avons un avantage: nous sommes libres, libres de vivre et d'admirer ce qui est beau...
Trop de temps passé dans ce fichu monde sans véritables valeurs, à servir mon hypocrisie, a vouloir de l'argent sans compter les conséquences... Mais au fond avais je le choix?"

Ces pensées débitées à haute voix me firent comprendre qu'Axelle n'avait que faire de ma vie après tout.

"Mais et toi, dis moi? Qui es tu exactement? J'en sais à peu prêt autant sur toi que sur le captiane du navire ou nous étions... Si nous parlions un peu, qu'en dis tu? J'iamerais savoir qui tu es, et ce que tu fais dans ta vie.
Ca m'aidera peut être a mieux te comprendre..."

[hrp : roo, ce qu'il est impatient ce MJ alors. On l'a vu la grosse bulle va ! ]



Elle n’a pas envie de répondre, pas envie de parler d’elle. Pour dire quoi ? Qu’elle est une gosse de la rue, qu’elle a toujours joué solo et que c’est la première fois qu’on lui demande de parler d’elle.

Elle ne sait pas parler d’elle, elle ne veut pas surtout.

Alors elle reste debout à côté de lui et fait comme si elle n’avait pas entendu. Le vent sûrement aura balayé les paroles pour les porter jusqu’aux arbres qui n’auront pas su d’où viennent ces questions qui ne leurs sont adressées.

Elle regarde au loin, là où le ciel rejoint la terre et elle pense, elle pense à tout ce qu’elle n’a pas pu faire, à tout ce qu’elle aurait voulu faire et qu’elle ne pourra plus jamais faire. Elle pense, elle pense qu’ils ne quitteront pas cette ile vivants et que finalement, celui qui avait raison, c’est cet homme avec sa batte de base ball.

Survivor !

Pire encore. Car il n’y a pas de caméra pour les filmer, pas de médecins pour soigner leurs petites blessures, pas de secours à attendre, pas d’aide à recevoir.

Elle se détourne du spectacle et laisse son regard découvrir ce que la nuit cachait. Une mer redevenue calme, si bleue, si belle, et si dangereuse aussi. Une plage de sable fin, si chaud, si doux, et …

« Vince, regarde en bas ! Ya une espèce de grosse boule verte qui brille just’à nos pieds ! Viens »

Envolée ses pensées et elle aussi elle n’est plus là, elle est déjà partie. Ses pieds nus effleurent à peine le sol, ses cheveux trainent derrière elle, incapables de suivre la cadence. Elle court à perdre haleine, comme s’il s’agissait de gagner le rallye pédestre de l’année, comme si sa vie en dépendait.

Elle dévale la côte, se moque des rochers qui la blesse dans sa précipitation, se rue vers l’endroit insolite au bas de la falaise, et la voit enfin posée sur le sable.

Elle s’arrête à quelques pas du cercle, intimidée soudain.



Derrière le rempart bleuté, un pupitre est posé comme un joyau sur un écrin, elle s’en approche doucement, à pas feutré. Elle tend une main timide vers le mur virtuel qui protège le lieu.

Hypnotisée, elle ne peut s’empêcher de faire un pas. Et puis un autre, et encore un autre, jusqu’à être si proche du mur virtuel qu’elle sent des picotements la parcourir toute entière.

Elle n’ose plus bouger, n’ose pas le toucher mais sa main ne lui obéit plus. Elle étire son bras, résiste, cherche à reculer, mais elle ne peut plus rien faire d’autre que d’avancer jusqu’au point d’impact.

Quelques centimètres encore, plus de place pour passer un doigt, plus d’espace pour un cheveu, elle tremble de tous ses membres quand son index rentre en contact avec la bulle.

Elle ne répond pas... sans doute a t-elle vécu difficilement, ou a t-elle des choses qu'elle ne veut pas dire...

Je contemple la mer, et dans un soupir, pose ma tête sur ma main


« Vince, regarde en bas ! Ya une espèce de grosse boule verte qui brille just’à nos pieds ! Viens »

Oui oui... c'est... Quoi?
Une grosse bulle? Bon sang, elle a raison. Une bulle étrange, on dirait de la magie, comme dans les contes avec des magiciens. Axelle on y...
Punaise, déja partie!

Je cours derrière elle à en perdre haleine. Pff, elle est plus rapide que moi. Je fatigue, j'ai trop de choses sur moi, et pas question de m'en débarrasser...
Un arbre a ma portée. Ca tombe bien. J'attrape la première branche qui me vient, et me balance un peu dessus.

Craaaaac

Manque de bol, trop lourd, je m'écrase sur le sable de la plage

"Bon sang, je savais pas que j'étais aussi lourd. Axelle?"

Elle est déja à côté de la bulle. Elle la regarde fascinée. elle s'avance. pas après pas.Elle tend un bras. Doucement, celui ci se rapproche de la bulle.

"Axelle non!"

Je me relève d'un coup, et me met à courir vers elle, le plus vite possible.
Son bras se tend, ses doigts se détendent de sa main jusqu'ici crispée. Peu d'espace... Moi je cours vers elle, toujours...
Son doigt entre en contact avec l'étrange bulle, au moment même ou j'arrive à sa hauteur et la saisit par la taille...
Une petite décharge se fait sentir. Je tombe sur le sol, dans un grand fracas. Je n'ose ouvrir les yeux, même si je sens encore le corps d'Axelle entouré de mes bras. Je ne veux pas savoir... Je ne veux pas...

Elle touche la paroi du bout des doigts et son corps ne lui appartient plus. Il est projeté sur le sable, le choc est brutal.

Vince !

Elle est en fureur lorsqu’elle comprend que c’est lui qui l’a fait tomber en se ruant sur elle. La rage monte, une envie de le gifler, de lui apprendre les bonnes manières.

Va-t-il l’empêcher de faire ce qu’elle veut à tout instant !

Elle crie, elle hurle, elle gesticule, une hystérique qui se démène pour se relever.

« Lâche moi ! T’es fou ou quoi ! Regarde maintenant on est plein d’sable ! Mais t’es pas vrai !

T’arrêtes de jouer les ch'valiers servants oui ! Mais pousse toi d’la bon sang, tu m’écrases à la fin ! »

Elle reprend sa respiration, est tentée une nouvelle fois de le gifler, se retient juste à la dernière minute puis s’en veut. Il a voulu l’aider même si son aide a été maladroite. Elle en a l’habitude maintenant de son secours qui n’apporte rien de bon.

Elle se relève, époussette sa robe rageusement, remet ses cheveux en arrière et regarde la bulle intacte qui semble se jouer d’eux.

Elle réfléchit quelques instants, regarde aux alentours et se décide à prendre le galet à ses pieds. Elle le lance de toutes ses forces et le regarde terminer sa trajectoire près du pupitre. Pas le moindre petit éclair, pas le plus petit grésillement, rien que le bruit du galet qui ricoche sur le sol.

Triomphante, elle se tourne vers Vince.

« Tu vois qu’ya aucun danger, t’avais pas b’soin d’me bousculer comme dans l’métro ! »

Résolument elle s’avance vers le socle prête à passer à travers le champ magnétique puis se ravise.

Ben tiens ! Passe devant puisqu't’as l’air d'vouloir fouler l’sol de c’machin avant tout l’monde !

Elle s’efface pour lui ouvrir le passage et attend l'air moqueur et les bras croisés.

Elle est mécontente. Très mécontente! Je m'y attendais. Bah, c'est toujours comme ca! Elle va m'en coller une, et partir chercher quelqu'un de plus fréquentable, surement. C'est toujours comme ca.

tiens, la baffe tarde a venir. Que fait-elle avec son calliou?

« Tu vois qu’ya aucun danger, t’avais pas b’soin d’me bousculer comme dans l’métro ! »

oui bon ok, je me suis trompé, ca arrive non? Faudra que je pense à m'excuser, j'ai ptêt une chance de devenir ami avec elle... Ca serait bien, parce que j'ai pas envie de me retrouver encore tout seul moi! Seraient capable de me laisser à me débrouiller les autres j'en suis sûr!

Ben tiens ! Passe devant puisqu't’as l’air d'vouloir fouler l’sol de c’machin avant tout l’monde !

Pfff, oki j'y vais, puisqu'il le faut...
Je m'avance comme insouciant de la bulle. je pose ma main, lentement. Une petite déhcarge désagréable me fait faire un mouvement de recul

"Aie! Saleté!"

Puis j'examine ma main. Rien de méchant, juste une petite décharge. Lentement, je rapproche de nouveau ma main de l'étrange sphère colorée. Lors du contact, la même décharge se produit, mais ce coup ci je ne bronche pas. Puis ma main semble s'habituer, et je passe la main de l'autre côté de la paroi

"En effet, il n'y à rien à craindre. Désolé de m'être jeté sur toi. Je pensais que c'était dangereux, je voulais pas t'embêter...Je... Je suis désolé. J'espère que tu me pardonneras. Je cherches pas à jouer les chevaliers servants, mais bon on est seuls sur une ile avec ce truc bizarre. Faut comprendre que je sois méfiant... Enfin...
Bon, on va examiner ce socle?"

Comme pour appuyer mes paroles je tend mon autre main vers elle, comme pour une invitation...

Je n’attends pas qu’on me suive, j’ai pas l’âme d’un chevalier au panache blanc. Je fais ce que j’ai à faire, en essayant d’assurer mon taf le mieux possible. Sac au dos, l’œil à l’affût, je me dirige vers les falaises où sont censé avoir disparu la fille et son ravisseur. Evidemment, il est inutile d’envisager les escalader, et se rompre le cou n’avancerai à rien.

Pas le choix. Il faut longer. Tout en restant sur mes gardes, je commence à avancer et la plage qui est censée nous servir de base arrière disparaît peu à peu de mon horizon. J’entends des pas précipités dans mon dos, quelqu’un au moins a décidé de me suivre. Je renonce à me demander si c’est une bonne chose. Seul, j’aurai eu les coudées franches , mais un zig de plus peut faire la différence s’il n’est pas trop empoté… On verra bien.

Tout en marchant, maintenant que nous sommes un peu plus seul, j’enlève mon sac de l’épaule et, sans m’arrêter, l’ouvre. Il y a deux trois petites choses dont je pourrais avoir besoin… un ravisseur n’est pas exactement quelqu’un d’inoffensif… Je sors mon exemplaire de chez Magnum… Desert Eagle .44, modèle Mark XIX… chargeur modifié de 12 balles. J’engage l’étui de métal et arme le pistolet d’un KALK sonore. C’est pas que j’aime ça, mais quand on en a dans sa poche de quoi arrêter un rhinocéros en pleine course, on se dit qu’on a des arguments un peu plus percutants en cas de discussion houleuse. Je glisse l’engin dans mon dos, vérifie la sécurité. Ok.

Les falaises finissent par s’amincir et s’étirent maintenant à quelques dizaines de mètres de haut. Il va être temps de songer à les remonter pour tenter de trouver des traces. La plage se fait plus large et des voix me parviennent aux oreilles. Je m’immobilise un instant. Je ne distingue ni les mots ni la langue, mais le ton de la discussion indique qu’un homme et une femme sont là, derrière cette petite dune. Ils ne semblent pas s’entendre… Un geste derrière moi pour indiquer que le silence est de mise.

A pas de loup, je gravis le monticule de sable pour observer ce qu’il se passe.

Elle le regarde agir, le trouve d’un ennuyeux avec sa prudence démesurée, à envie d’enjamber le mur magnétique et d’aller voir ce pupitre qui l’intrigue tant.

Elle attend patiemment, baille pour montrer qu’elle commence à trouver le temps long puis se met au garde à vous quand il se tourne vers elle et l’invite à rentrer avec lui.

Elle prend tout son temps, comme si elle réfléchissait alors que sa décision est prise depuis longtemps.

Elle fixe sa main tendue, fait mine de la prendre et passe devant lui sans s’arrêter l’air hautain, la tête relevée sans plus le regarder. Elle pose résolument un pied sur le socle. Le passage est désagréable mais elle ne montre pas que la décharge l’a quelque peu déstabilisée. Elle a sa fierté tout de même.

Elle s’arrête toutefois un court instant le temps de se remettre de ce petit choc, puis termine de pénétrer à l’intérieur de la bulle.

L’impatience lui intime de courir jusqu’au pupitre, sa roulade dans le sable lui conseille la prudence. Il est capable de recommencer à lui sauter dessus et tomber sur la pierre ça faire rudement plus mal que sur le sable.

Elle se tourne alors vers lui et l’air triomphant lui dit

« Alors tu viens, on va pas coucher là non plus ! »

Hum, elle refuse de prendre ma main et préfère rester seule pour le passage de la paroi si étrange. Soit. Après un temps d'hésitation sans doute du a la décharge que j'ai ressenti, elle s'arrête non loin du pupitre, et m'interpelle

« Alors tu viens, on va pas coucher là non plus ! »

Je la suis en réchignant, pas très satisfait de ses manières

"D'accord je me suis raté, mais c'est pas une raison pour m'en vouloir à ce point quand même... T'aurais ptpete préféré que je te laisse crever la bouche ouverte? Si c'est le cas dis le desuite, mais sérieusement c'est pas du tout ce que je veux, moi. Donc s'il te plait, je te demande de me pardonner, je reocmmencerai pas, promis."

Je la dévisage quelques instants. Elle est froide envers moi, et je sens déja qu'elle m'en veut plus qu'a quiconque ici. Est ce donc un crime que d'aider les gens? Ou c'est parce qu'elle sait qui je suis? enfin bon

"J'arrive, examinons ce pupitre"

Je m'approche de la dalle, non sans m'assurer que Axelle reste proche de moi, sait-on jamais. Puis je lui fait une place à la droite du pupitre, me mettant à la gauche... Ma main prête à dégainer mon arme au cas où!

Etrange dalle de pierre, dont les symboles effacés par le temps me sont inconnus. j'avoue que tout cela m'intrigue, d'autant qu'un seul symbole est véritablement visible, parce qu'illuminé d'une étrange aura blanche bleutée. Mais qu'est ce donc que cette pierre?

"T'a une idée de ce que ca peut être? Moi j'en ai aucune..."

a force de courir Achille a rattrapé le groupe.
Mais à une bonne vingtaine de mètres d'eux il s'arrête et se dissimule.

Les anglais disaient toujours:"Wait and see." Ca leur a pas mal réussi.
Oui, je crois que ch'est ch'e que je vais faire.

Un coup d'oeil supplémentaire dans le dos,il s'agirait de ne pas se faire surprendre. L'oreille reste aux aguets.

Il se remet à observer le groupe.

Un coup d'oeil supplémentaire dans le dos..

Qu'est ch'e que ch'est que ch'e bidule, je n'ai jamias vu ch'a.
y en a déja deux dedans. Ca a pas l'air d'être piégé à ce niveau là...

Achille observe.
Un coup d'oeil supplémentaire dans le dos...
Il observe.

J'ai connu des meilleurs jours et des pires parfois. Condamné par mon équipage y a trois jours, j'ai réussi à me faire récuperer par un paquebot qui nous a joué le grand naufrage. deux jours de suite à la baille. Tu parles d'une semaine de poissard. Pourquoi, je me dirige à pas ferme vers le type avec ses pognes d'étrangleur ? Parce que j'ai vu la saloperie qui a emportée Sybille. J'ai surement pas envie de savoir que cette chose nous traîne dans le dos où qu'elle pourrait croire qu'on peut embarquer n'importe quel naufragé. Nom de dieu, j'ai jamais vu un truc pareil. Il sera pas dit que Corso recule.

La vérité, j'ai eu les foies ! La trouille, pendant une seconde, et ça ne se reverra pas. non, surement pas, on dirait bien que l'ile ne ressemble pas à un havre de paix. Si on doit y rester un moment, je compte pas me laisser faire. Il est pas dans les habitudes d'un gentilhomme de bonne fortune de se laisser marcher sur les pieds. on a taillé nos territoires à coups de flingues et de couteaux. Je suis un homme averti à présent !

Je rejoins le nommé Mike. Pas mécontent non plus d'avoir quitté cette plage surpeuplée où tout le monde tournait en rond. Je fixe mes yeux noirs sur cette foutue falaise qui se découpe à l'horizon.

" Corso ! On n'a pas été présenté, vu que tu me portais la dernière fois. "

On n'est pas la pour faire causette non plus. sortir de mon trou, marcher même en ayant quelques vertiges, ca fait du bien. Je sors une clope que j'allume, d'un geste je lui demande s'il en veut une, pendant que le type sort son matériel, un flingue gros comme son bras. Je souris sardonique. J'aurais parié qu'il donne dans le genre règlement de compte à ok corral. Ca ne me regarde pas. On approche d'un endroit ou la falaise se rétrécit, je fais discret, penché en avant.

L'adrénaline me prend comme lorsque mon voilier fend la mer avec une cargaison d'armes pour l'amérique du Sud. Je lui glisse discrètement.

" Jai vu cette saloperie, Mister, attends toi à être surpris ! "

Sans vraiment s'en rendre compte, elle les a suivi. Silencieuse, le pied leste sur le sol sablonneux, dans un léger froufrou de soie. Plusieurs fois, elle a ri, gloussé, lorsque sautillant de pierre en pierre comme une enfant de 5 ans, elle parvenait au bout de ses parcours imaginaires. Un rire muet, sans éclat, à peine plus qu'un souffle d'air.

Hors des évènements, la Duchesse continue sa course sur le chemin de la démence, enfermée dans un monde où plus rien ne compte. Ni la faim, ni la douleur, ni la soif… peut être qu'elle finira par s'allonger dans le sable en attendant de s'éteindre, sans un cri, sans un mot. Sa raison s'est enfuie en même temps que le petit caillou de lumière qu'elle portait à son doigt…

Pour quoi déjà?

Pour qui?

Peu importe maintenant…

Tiens des gens?

Deux des gaillards de la plage se sont arrêtés. L'un dégaine un paquet de clope, l'autre une pétoire… et pas du petit calibre

La vache, c'est pas un truc de tapette! J'espère pour lui qu'il sait s'en servir, parce qu'un Desert Eagle .44, modèle Mark XIX… c'est pas le genre godemiché à trou de balle! Et elle s'y connaît la Duchesse, tout ce qui fait bang, pour tuer le temps, à grand coup de Balle trappe…

Nouveau petit rire amusé, silencieux.

Une main passe dans la chevelure folle, tentant d'y mettre de l'ordre, en vain. En quelques pas, elle est derrière eux. Sa main se faufile jusqu'au paquet tendu, saisit une cigarette, et l'amène à sa bouche. Eclat de malice sur le visage ravagé… c'est décidé, elle tape un squat avec les deux malabars.

Les deux protagonistes, en bas, ce sont des gens du bateau je crois. Il me semble les avoir croisé sur le Pacific Princess. Des naufragés donc, on doit pouvoir sortir à découvert.

Un coup d’œil en arrière. Ils sont trois. Enfin, disons plutôt qu’il y a avec moi une duchesse, un blessé et un trouillard… Je sens que ça va être coton tout ça.

Je me relève, remet un instant de l’ordre dans ma tenue et descend ostensiblement vers les deux tourtereaux. Devant eux, une sorte d’immense auréole qu’un ange aurait laisser tombé des cieux un soir où l’ambroisie tirait plus de 12°5. Qu’est-ce que c’est encore que ce machin…

« Madame, monsieur, bonjour. (V’là que je ressemble à Yves Mourousi maintenant) Sauriez vous nous dire si une personne serait passée il y a peu sur le haut de ces falaises ? C’est extrêmement important, il y va sans doute de la vie d’une femme.

Et… hem… quelle est cette installation ? »

Axelle lance à Vince un regard d’acier quand il s’approche d’elle. Il semblerait qu’elle ne soit pas prête à lui pardonner son acte de bravoure fort mal venu. Elle le laisse la dépasser et s’approcher du pupitre au centre sans faire mine de le suivre.

Mais elle est bien trop curieuse pour ne pas se jeter sur le pupitre au bout de quelques secondes d’attente. Ces drôles de signes gravés partout l’intriguent et sa curiosité mise en éveil lui dicte l’imprudence.

Elle frôle d’un doigt timide les reliefs de chaque hiéroglyphe sans trop oser s’approcher encore de celui qui brille au centre. D’autres signes tout aussi étranges couvrent le pied de l’appareil. Elle en est sûre maintenant, cette drôle de boule est un appareil et le pupitre le moyen de le faire fonctionner.

Ce symbole, une sorte de socle et trois drôles de panneaux qui se dressent à la verticale. Qu’elle est sa signification? Ces panneaux sont-ils des miroirs, le moyen d’entrer dans une autre dimension, comme dans une série dont elle ne se rappelle plus le nom où il suffisait de passer à travers une glace pour atterrir dans une autre époque ?

Une solution dans les signes à moitié effacés par le temps, un message caché, elle n’en a aucune idée. Elle est sûre qu’il faut actionner quelque chose, mais quoi ?

Toutes à ses pensées, elle n’entend pas un homme s’approcher, elle sursaute puis se retourne vivement.

« Bonjour … »

Dit-elle tout en l’examinant sans discrétion le temps de comprendre sa question et de trouver la réponse adéquate.

« Ben non on a vu personne.

Tu viens du bateau toi aussi ? »


Les pensées braquées sur leur découverte, elle enchaine fébrilement


« T’as vu c’qu’on a trouvé ?

Tu peux rentrer tu risques rien, approche ! Ya un drôle de pupitre avec des signes bizarres dessus ! Moi j’y comprends rien à tous ces trucs.

Mais approche ch’te dis, n’ai pas peur on va pas t’manger ! »


Sans plus se préoccuper du nouveau venu, elle s’agenouille devant le pupitre et se met en devoir d’examiner chacun des dessins grossiers. Après quelques secondes de concentration intense, elle s’exclame pour elle même


« L’es quand même pas doué en dessin, c’ui qui a gravé ça dans la pierre quand même ! »

Ah! Zut. Il y a déja du monde. C'est pire que l'acropole ich'i. Bon de toutes fach'ons quoi qu'il se passe dans ch'ette bulle, ch'oit ils en reviennent et ils expliqueront, ch'oit ils meurent et je préfère ne pas être là.
Il faut que je réflèchich'e ch'ette fois. Quelles ch'ont mes priorités?
Sauver cette jene femme innocente?
Innoch'ente, d'abord ch'est pas dit et puis moi, je ch'uis encore plus innoch'ent que tout le monde. Donc je me ch'auve en premier.
T'as raison p'tit gars, on est pas l'samu social, en plus tous ces cons y'te feront une saloperie dés que t'auras le dos tourné, moi par exemple j'aurais pas filé mon matos.
T'inquiètes te dis-je, je n'ai laich'é que ch'e qui peut ch'ervir à un campement, tout ch'e qui sert en vadrouille est avec moi, médicaments de ch'ruvie compris. Généreux oui. Fou, non.
Bon que fais-je? Je ne ch'ais pas où elle est, ni où je ch'uis. Bien ch'ur! Un plan! voilà ch'e qu'il faut. Une explorach'ion rachionnelle. En notant les gens que j'y ai croisé.
Ah parce que tu crois qu'ils vont pas bouger?
Juch'tement ch'ils dich'paraich'ent sans prévenir j'aurais une idée des lieux ch'uch'pects...
Allez au travail.

Achille se pose et fait un rapide dessin du lieu qu'il a sous les yeux. Ainsi que d'une derscription sommaire des personnes présentes qui lui sont inconnues, puis part vers un autre lieu pour faire sa carte.

C'est dommage que tu n'aies pas de boussole.
Tiens oui. Mais ch'il y a du monde ch'ur ch'ette ile, il y aura peut être une bouch'ole.

Il repart vers d'autres lieux.
Toujours en observant les alentours et surtout toute source potentielle de menace.

Un homme qui surgit de derrière une dune. Sa tête ne me dit rien, en revanche il semble bien armé le coco. Il nous aborde calmement, nous demandant si l'on a vu quelqu'un sur la falaise, et c'ets quoi cette bulle. Bonne question!

Axelle, elle, me fait toujours la tête. Ca va mal finir cette histoire. A croire que je suis tombé sur la demoiselle la plus sympa, mais aussi la plus rancunière! Enfin, ca lui passera... j'espère.

"Bonjour Monsieur. Je suis désolé de vous dire que personne n'est passé ici a ma connaissance, et je vous souhaite bon courage pour sauver la demoiselle dont vous parlez. Je vous aurais bien volontiers donné un coup de main mais je doute que la demoiselle ici présente soit d'accord"

Je foudroie alors Axelle du regard, comme pour lui reprocher de me mener ainsi si durement. Elle semble s'en moquer, et après avoir inviter le nouveau venu à nous rejoindre dans la bulle, et examine les symbole, et passe ses doigts sur la pierre, tout en critiquant. Moi, j'observe calmement. Ces symboles ne me disent rien du tout!

Bon tentons une analogie. Le symbole brillant ressemble à un tiers de cercle fermé, avec trois drôle de carré sur des tiges. On dirait des antennes. Bon sang j'y perds mon latin!

J'approche ma main de la pierre, et commence à faire courir mes doigts le long de celle ci, comme si je lisais... Puis mon doigt s'arrête juste en dessous du symbole brillant

"Pas doué pour la gravure, en effet, mais doué pour impressioner. Je pense que la "bulle" doit être générée par ce machin, c'ets de la haute technologie ce truc"

Mes yeux sont attirés par ce petit symbole. Il m'intrigue. mes doigts se crispent sur la plaquette, j'ai du mal à résister.
Mon doigt se pose alors sur le demi cercle du symbole brillant, tout crispé. On va bien voir si cela a un quelconque effet!

Echo. "Faille... Faille... je viens de trouver un abri !!! il me faut de l'aide !!!"

derrière la colline, on plonge dans un autre monde. Putain, sur cette île, on courre après les surprises... Et des plus dérangeantes. Y a une espèce de bulle irrisée au beau milieu de la plage, on purrait aussi bien être tombé dans la quatrième dimension pour ce que j'en vois.

Y a déjà deux personnes dans l'engin mystérieux aussi transparent que du verre. Derrière nous, j'entends les pas d'un petit monsieur qui observe tout avec un regard de chouette aux aguets, on dirais qu'il prend des notes, il reste à l'écart. Je le salue d'un signe de tête. La plupart des passagers de cette croisières ont pas l'air moins bizarre que ce qu'on découvre à chaque fois que l'on fait un pas ici.

J'ai tendu une clope à Mike, mais, c'est pas lui qui s'est servi, c'est une grande blonde surgie de nulle part dans un déshabillé couteux mais en triste état. Grand, plantureuse, elle rit toute seule en allumant sa clope. Mais, elle n'a pas l'air bien, plutôt à fraise. Je matte son corps somptueux sans vergogne.

Mike est déjà descendu près de la bulle étrange, il parle avec les deux aventuriers découvreurs en bas. On entend tout, je vois pas ce que je rajouterais. Ils n'ont rien vu et l'un et l'autre trop occupés par cette espèce de machine plantée au beau milieu de la plage comme sortie du délire d'un inventeur futuriste.

La fille a l'air décidé de nous suivre. Je descends rejoindre les autres. J'aime pas la façon dont le type tripote l'engin. Ca me file des sueurs froides. Corso se marre jaune.

" C'est de pire en pire, cette île ! Tu devrais peut-être faire gaffe avant d'appuyer n'importe où. Mike, on trouvera rien ici. On devrait peut-être... "

C'est alors que les cris de kheira nous parviennent très tenus, tout juste si on comprends. Faille... Aide ? Je jette un oeil tendu à mes compagnons les deux penchés sur la console, le tueur à gage et la fille qui fume à mes côté.

Le bouton lumineux s'enfonce lentement, dans un bruit bizarre et...

Et rien... Rien du tout.
Ronchonnant un peu, je me remet à examiner soigneusement la plaquette, espérant trouver quelque chose

Tiens, ya cinq symboles en forme de demi cercle, dont un barré.
Ce dernier doit sans doute correspondre à cette bulle. Mais les 4 autres, ca veut dire quoi? C'est quoi? Peut être existe t-il d'autres plaquettes comme ca qui sait?

Tandis que les neurones commecent a chauffer, un étrange appelle résonne aux alentours. Apparament elle demande de l'aide, et l'homme qui vient de parler semble vouloir aller aider. Personnellement je pense que c'est inutile d'être cinquante pour y aller

"Je pense en effet que certains devraient s'y rendre, mais personnellement je n'en ai guère envie. Je pense que ce... "truc" peut signifier beaucoup, et ya quelque chose qui m'intrigue dessus.
Vous n'auriez pas remarqué des choses bizarres de ce style sur cette ile?"

Mon estomac se met alors à gronder. J'ai faim, et je pense qu'Axelle aussi.

"Dit, Axelle, que préfère tu que l'on fasse? je te laisse choisir notre direction, mais sache que je tiens à ce qu'a un moment ou un autre on parte à la recherche de trucs bizarres de ce style, doit surement y avoir un rapport..."

J'attends alors sa réponse, quelle qu'elle soit

[HRP : désolée pour le retard, manque d'inspiration totale aujourd'hui, je tâcherai de faire mieux la prochaine fois!]

Une longue bouffée, le goût piquant du tabac sur sa langue, la tête qui tourne légèrement… Une simple cigarette vient de faire naître un sourire béat sur le visage de la Duchesse. Un nuage épais s'échappe d'entre ces lèvres. Son regard délavé se pose sur le bienfaiteur, plein d'une infinie reconnaissance.

Sa bouche s'ouvre, articulant un mot, mais aucun son ne vient le traduire. Visiblement troublée, la Duchesse affiche un sourire las et se tourne vers l'étrange engin qui trône au milieu de la plage.

Je sais pas qui est le designer mais il a des goûts de chiotte. Non mais regarder moi ce style! C'est d'un kitch! Quoi que, l'espèce de tablette aurait pu faire très joli au milieu de mon salon.

Vite désintéressée, Iris se détourne de l'œuvre d'art en péril et commence à déambuler sur la plage, ponctuant sa promenade d'un nuage vaporeux.

Un écho lui parvient, l'interrompant dans sa réflexion.

Un abri? Pour quoi faire? J'ai pas de tondeuse à gazon à ranger, moi!

La Duchesse se tourne vers les présents, sourcil interrogateur, haussement d'épaule. Elle finit par se rapprocher, jetant le petit mégot sur une des vagues qui est venue lui lécher les pieds. Elle se tient devant la grosse bulle, mais répugne visiblement à y pénétrer.

Axelle n’attendit pas la réponse de l’homme qui les avait interrompu dans leur recherche. Grand bien lui en prit car il ne daigna pas répondre. Absorbée dans la contemplation des signes qui couvraient le pupitre, elle ne remarqua pas que Vince avait décidé de jouer les curieux au péril de leur vie à tous.

Lorsqu’elle s’en rendit compte il était bien trop tard. Heureusement pour lui, son geste inconsidéré ne porta pas à conséquence. Elle se leva néanmoins précipitamment, la colère dans les yeux.

« Alors toi quand même faut t’supporter. Tu m’renverses par terre parc’que j’touche une boule lumineuse et toi tu vas appuyer sur n’importe quel bouton sans savoir quel cataclysme tu vas déclencher !

J’me demande si t’es pas un danger public oui ! »

Se retournant prête à le planter là, elle vit qu’aux alentours le peuple arrivait. Mon dieu que de têtes inconnues ! Grands yeux ouverts, elle tomba sur un marin qui semblait être groggy et une dame de haute lignée qui, elle, vivait vraisemblablement dans les nuages.

« Et d’abord qu’est ce que vous cherchez tous ? Vous avez perdu quelqu’un ? On peut vous aider alors ?

Enfin moi … parce que lui là … à part les ennuis … j’sais pas s’il est capable de chercher aut’e chose ! »

Ce disant elle sauta au bas de la machine après avoir traversé à nouveau le champ magnétique.

Bon, on s’casse d’ici ou on attend l’coucher du soleil ? D’façon cette machine elle fonctionne pas ça s’voit bien qu’elle est trop vieille !

On va pas dormir ici non plus ? V’là l’autre Bombard qui sort ses clopes et va taper la causette. C’est quand même scotchant de voir à quel point tout le monde ici a l’impression de vivre une garden party. Je ne suis pas là pour débattre cent sept ans sur l’utilité de cette sculpture contemporaine délirante, mais j’ai une vie sur les bras, semble-t-il et un gamin qui va finir par devenir grand-père si je continue à traîner comme ça…

« Je vais voir s’il y a un moyen de retrouver des traces plus haut… »

Je laisse tout ce petit monde à ses conversations mondaines pour me rapprocher de la falaise, il y a bien un chemin pour remonter par là… Au pire, il va falloir que je m’escrime à tenter une escalade…