Portail (3eme signe)

On est là, à regarder, celui qui s'appelle Maverick jouer avec nos vies et j'ai un sale pressentiment. Pas sur le fait qu'il tripote un bouton qui déclenche peut-être une explosion nucléaire à l'autre bout de l'univers, cette bulle ressemble à un machin préhistorico spatiale, mais plutôt sur le fait que cette ile ressemble à celle du docteur moreau en pire. J'ai un putain de Karma, depuis que je marche sur la terre, j'attire les emmerdes. Mais, pas du genre naturels, non, si vous trouvez un truc bizarre ou incompréhensible, vous pouvez être sur que je suis pas loin.

comme à Bali l'année dernière, Un vieux racontait des histoires debout sur un mur dans sa langue maternelle. Puis voilà que le vieux se met à parler anglais. Et, il raconte ma vie à tout le monde comme si c'était déjà arrivé. Je me suis barré aussitôt, je voulais pas entendre la fin, je sentais que ça finirait mal. Et là, je sens que cette ile est comme une putain de plante carnivore, elle nous bouffera à petit feu si on y prends pas garde.

Je jette un oeil de là d'ou proviens l'écho, ça s'agite en réponse sur la plage. Y a là-bas assez de monde pour se débrouiller. Comme, Maverick a fini de toucher au bouton et qu'il ne s'est rien passé, je respire un peu mieux. Regard noir au bonhomme. Sa copine se propose de nous accompagner. ils ne savent pas, ils n'ont pas vu le truc qui a enlevé Sibylle. Je leur réponds.

" On dirait qu'il n'y a pas que nous sur cette île. Un type a débarqué de la forêt. Et tout à l'heure, quelqu'un a enlevé une femme sur la plage. Vous devriez restez groupés, c'est pas les vacances de Martine, cette île. Ca sent trop mauvais."

Comme Mike démarre au quart de tour vers la falaise, je lui emboite le pas. J'abandonne le duo là, mais je sais déjà que la duchesse va nous rattrapper. elle est jolie, mais y a quelques plombs qui ont sauté là-haut pendant le naufrage. Parle pas beaucoup... C'est bien avec Mike, ça me fait deux muets laconiques. Je lui souris gentiment, elle a l'air perdu. J'arrive à la hauteur de notre ami qui observe la falaise.

L'escalade, Corso connait ! j'hésite... Est-ce que cette foutue falaise nous laisse des prises ? On a même pas un rouleau de cordages... A moins que des grottes s'ouvrent dans le paroi. C'est pas rare que la mer et la pluie tracent des tunnels à travers les falaises. Je recherche un trou noir.

" On a rien trouvé jusque là. Même rapide, cette saloperie ne peut pas s'être totalement évanouie ! Va falloir grimper, plus on attend, plus l'autre doit se marrer. "

J’avais cru distinguer un chemin qui serpentait dans le creux de la falaise, mais nib. Tout au plus une vague voie que les chèvres sauvages hésiteraient à prendre sans être encordées. Mais voilà, j’ai pas de temps à perdre non plus. Si quelqu’un nous veut du mal ici, nous avons tout intérêt à lui faire comprendre que nous ne sommes pas tout à fait d’accord pour nous laisser faire. Je réajuste mon sac à dos, vérifie que mon cracheur de pralines risque pas de se faire la malle et je me résigne à entamer l’ascension.

La roche n’est pas très sure et je redouble de prudence en voyant mes pieds déraper plus souvent que nécessaire. J’essaye tant bien que mal d’assurer mes prises sur ces foutus cailloux et m’élève petit à petit au-dessus de la plage. En bas, ça fume et ça papote. L’autre type tripatouille l’engin pendant que ça rombière a l’air d’en avoir sa claque. C’est pas désagréable de prendre ainsi de la hauteur. Ce bourbier de people qui se veulent tous plus VIP les uns que les autres. Un vrai panier de langouste ce bateau, quand on y pense. Et c’est pas en s’échouant sur la plage que ces crustacés ont pris un peu conscience des réalités de la vie.

Enfin, ça ne me regarde pas… On va tout faire pour se sortir de là le plus vite possible, ramener le garçonnet intact à son pôpa et régler quelques petites affaires. Mais pour l’instant on est sur cette damnée île et j’ai une sœur Marie-Sibylle-des-naufragés à aller récupérer… Allez, grimpe mon gars…

La grimpette pour un type né sur les falaises de la côte sauvage de Saint Malo, c'est une partie de rigolade. Mike, toujours aussi volubile et efficace s'est jeté à l'assaut du monment naturel et granitique. Au moment, où je me décide à crapahuter et le rejoindre en deux temps, trois mouvements... Dans une autre vie, j'ai du être chevrier, où alors c'est les haubans des navires qui m'ont fait croire que y a pas de différence entre une paroi verticale, aussi abrupte à chevaucher que soeur maria thérèsa d'assumption, sainte de Séville la mauresque.

J'ai jeté un oeil pour chercher mes prises, et je tombe sur ce rocher, on dirait presque une peinture rupestre surgie des âges farouches de Rahan, un pulp que je dévorais gamin. Le premier homme qui suivait la route du soleil couchant...

Le dessin, peut-être un homme surmonté d'un drole de carré, une femme avec un oeil au dessus d'elle, l'escaclier et une grotte... Bordel, on pourrait presque croire que ca vient d'être graphé. J'appelle Mike et je sens derrière moi la duchesse.

" Hé ! Mike, finalement, cette faille que les autres ont trouvé... Peut-être qu'elle peut nous mener à travers la falaise ! Y a une grosse chance pour que cette falaise soit comme un gruyère. Ramène-toi, on vas aller y jeter un oeil ! "

sympa, je l'attends au pied de la muraille. Corso sourit ironique.

" La vue est belle ? "

Bloqué.

La voie se ferme, sans aucune possibilité de continuer plus haut, sauf si on est un gekko… Mais là, c’est pas gagné. Me voilà coincé à dix mètres du sol. Quelle chienlit… il va falloir que je me tape une redescente. Et l’autre frisotté qui me baragouine quelque chose…

Il a trouvé un truc en bas ? un escalier ? Mais j’ai de la peau de saucisson devant les yeux ou quoi, ça sort d’où ce truc-là ? A croire qu’une main céleste a soudain ouvert la falaise pour y dessiner des degrés. J’essaye de descendre sans me casser un truc, qu’est-ce que c’est con comme sport l’escalade, faut vraiment être demeuré pour y passer ses week-ends.

En quelques instants, je finis par me retrouver sauf en bas, à l’exception des genoux de mon pantalons qui ne sont plus que charpie. En même temps, mon costar est déjà tout niqué.

« Que disiez-vous monsieur ? Vous avez trouvé quelque chose ? »

Tiens, pendant que j’y pense, il ne serait peut-être pas inutile de le libérer, l’aigle du désert, des fois que de mauvaises surprises nous guettent dans ce coupe-gorge. Je vérifie de nouveau la sécurité. Qu’est-ce que j’aime pas ces machins-là… mais on a pas toujours le choix.

« Alors ? Que faisons-nous encore ici ? En avant ! »

[vers le lagon]

Mike est comme Mac Giver, je songe avec envie. Moi, qui est tout perdu une nouvelle fois, rien d'autre en poche que mon couteau magique. J'admire le talent de ce type qui de son sac pourrait sortir à peu près n'importe quoi d'utile. Mais, corso marche pieds nus, Il a des yeux étranges, sombres mais changeants, certains disent que c'est la couleur du vent qui m'entraine chaque jour.

il est redescendu rapidement, et je me marre en lui montrant d'un signe de tête, le rocher rupestre et ses dessins mystérieux. Puis d'un autre signe de tête, je montre la faille d'où provenait les cris d'appel à l'aide tout à l'heure. Je souris ironique.

" Jamais en panne, hein ! Mike. "

après tout, faut pas être bigleux pour voir que le boulot de ce type, c'est de ne jamais être surpris. J'en ai déjà vu quelques uns comme lui sur ma route. Du genre qui vous pèterait les doigts en continuant de sourire. Je préfère décidement l'avoir avec moi.

Putain, j'ai deserté de la marine militaire à 22 ans, pendant que le croiseur, où frais lieutenant débarqué, mouillait sur la côte du Vénézuella. J'ai bourlingué depuis sur toutes les mers du monde. J'ai parfois tenu des montagnes d'or entre les mains, et d'autres fois, elles me sont passées sous le nez. J'ai tué pour survivre, d'autre fois sans état d'ame. J'ai rien du dernier samaritain. Et aujourd'hui, je n'ai plus rien, alors j'emboite le pas de Mike qui porte la luz, à la poursuite d'un être étrange qui a enlevé une naufragée. Et je me marre devant l'ironie de cette saloperie de vie. Et tandis qu'on se rapproche de cette faille, je me demande ce que cette île nous réserve vraiment.

Dans ma tête trotte les images d'un vieux codex Maya fait en peau humaine au VIème siècle du côté de Tikal que j'ai eu la chance de tenir quelques jours entre mes mains, quand je repense aux dessins qu'il y avait sur le portail... On dirait les enjolivures qui ornait le vieux livre, le seul problème, c'est qu'elles n'ont rien à foutre si loin de l'amérique. Et puis, les dessins se ressemblent, mais pas tout à fait, pas comme si ils appartenait à la même civilisation. J'aime pas les coincidences et j'aime pas les mystères.

Devant la faille, je me retourne vers notre blonde evanescente aux yeux fous. Je préfère qu'elle nous suive, plutôt qu'on continue à courir après de belles disparues.

(On t'emmene Duchesse...^^)

(Hrp : Et edit : Comme on est des gros malins qui comprennent tout du premier coup, c'est au lagon qu'on va alors^^)

Elle n'avait pas bougé, la Duchesse. Depuis des heures, elle fixait cette pierre peinte au pied de la falaise. Le temps que son regard se détache des étranges symboles, les personnes qui l'entouraient avaient disparues.

Depuis combien de temps était-elle restée penchée au dessus de ce caillou, à suivre les contours des personnages dessiné grossièrement sur la roche? Beaucoup trop, selon les bruits grouillant de son estomac.

Elle roula des épaules, tentant de réveiller ses muscles endormis et se dirigea vers l'endroit de la falaise où elle avait vu les autres pour la dernière fois. L'ascension n'avait rien de vraiment difficile et relevait plus de la randonnée montagnarde que de la véritable escalade. En quelques minutes, elle fut en haut, découvrant une végétation luxuriante, dans laquelle elle s'enfonça sans la moindre hésitation.

(Je suis le mouvement avec un peu de retard. Direction le lagon!)

Edit : en faitsi ça ne gène pas je vais zapper le lagon et filer directement au coin de verdure, puisque visiblement c'est là qu'à lieu le grand rassemblement^^