Le Grand Salon « Orchestra »

Pas grand monde encore.
Tant mieux.

Elle ne reconnaît plus le salon. Ouvert, aéré, accueillant. Alors qu'elle y étouffait il n'y a pas une heure...
Un jeune type à sa droite, elle le salue d'un sourire et d'un hochement de tête.
Quelques demoiselles installées, oisives, empruntées, se jaugeant du regard.

Pas envie de m'asseoir, encore.
En tout cas pas de m'asseoir parmi elles.

Elle traverse la pièce en oblique, tranquillement, et gagne les portes coulissantes. Le pont terrasse est à elle. La brise, le soleil oblique. A elle... Quelques minutes, et puis elle retournera parmi eux et se mettra au travail.

Elle a mal aux genoux. Elle est tombée au pied du lit, la porte de sa cabine à peine refermée. Le sac, ouvert, retourné, les mains qui fouillent, tremblantes. La trousse de cuir blanc, et le flacon, enfin.
"Fais gaffe, Sib, c'est puissant, ce truc, pas plus d'un demi à la fois"...
Oui, puissant. Merveilleusement, miraculeusement puissant.
Un comprimé entier, avalé à sec.

Quelques minutes d'oubli, le regard vide braqué sur le plafond...

Puis elle est revenue. Clignement des yeux, une fois, deux fois, et puis de nouveau, elle est là. Elle ferme les yeux, elle sourit et elle pleure.
Partis... Disparus, les tentacules tordus et violacés de ses perceptions-malgré-elle, foutues intuitions qui ne viennent jamais à propos, sentiments décalés qui lui vrillent la tête, lui retournent la tripe, lui étranglent le coeur, partis, disparus, tranchés net par le parapsychotrope. Elle l'a appelé Diego. Libre dans sa tête. Sans cette chose qui lui tord le cerveau, ce parasite, cette excroissance... Libre.
Libre d'être elle-même, de réfléchir, de raisonner.

Quelques minutes pour ranger tout ce fatras. C'est vite fait. Peu d'espace, dans cette cabine exiguë, et peu de choses à ranger, aussi. Un seul trésor. L'ordinateur portable, déposé soigneusement, branché, allumé.
Et pendant l'heure suivante, elle écrit.
Elle note, consigne, détaille.
- Adolescente, 16-18, nom ?
Retard mental probable, retard socio-cognitif certain. Ne sait pas nager. (blonde à couettes)
- Homme, 35-40, nom ?
Narcissique. Syndrôme de Don Juan. (petite moustache, culturiste)
- Jeune femme, 20-25, nom ?
Classe sup., non autonome, recherche permanente de regard masculin (complexe ?), stratagèmes probables de séduction (rousse, cheveux longs)
- Jeune homme, 25-30, nom ?
Niveau social indéterminé, costume coûteux, porté avec trop d'ostentation pour être habituel, éventuellement imposteur (blond, bien fichu, le sait, en joue)
- Homme, 30-40, nom ?
Possibilité dépression profonde (A confirmer, inves. sup. nécessaires, urgent, suicide possible)
- Céli : Jeune femme, moins de 20
Douce, timide
... très étrange. Quelque chose de...
Décalage encore indéterminé avec la réalité.
- Elliot Pacetti : Jeune homme, 20-30
Niv. educ. moy au moins, caractère fermé, sombre, potentiellement intriqué (cheveux brun, mi-longs)
... dangereux dangereux danger...
Mortenzen, Comte : Homme âge indéterminé.
...
A éviter.
- Tom : Jeune homme, approx 20
Très étrange, anachronique, potentiellement délirant-mythomane. Mode d'expression obsolète. Recherche frénétique d'un regard positif féminin. (cheveux longs, bruns)
- Jeune femme, 20-25, nom ?
Cartomancienne, talent à confirmer. (rousse)

C'est tout. Les autres, elle ne les a pas encore vus, encore moins approchés.
Quelques notes, un code pour se remémorer le niveau de connaissance du sujet, O observation, C contact, CC contact prolongé-conversation...

Puis elle sauvegarde son tableau. Eteint la machine.
Une longue douche, brûlante.
Elle sort rapidement quelques vêtements de la penderie. Pas de robe élégante. Pas les moyens, et pas le goût des fanfreluches...
Une jupe droite, un chemisier blanc.
Un regard dans le miroir pour le coup de brosse. Et c'est tout.

La bague de Mamy ? Un seul petit diamant bleuté. La monture toute simple. Dépouillé. Le seul bijou qu'elle tolère.

Après tout... Dîner sur un bateau de luxe... Sacrifions au rituel du Paraître...

La bague brille très faiblement à sa main gauche, discrète. Face à la mer, elle s'emplit de l'air encore pollué du port. Mais c'est bon... Après l'air saturé de sa cabine, c'est tellement bon...

Ca s'agite un peu dans son dos. Allons, Sib. Tu as du travail...

Elle se retourne, s'assied encore un moment sur l'une des banquettes du pont. elle les regarde prendre place. Elle observe, classifie, analyse...

J’arpente le long de ses couloirs, et putain, j’ai la haine bordel. J’sais même pas pourquoi. La baronne s’est débinée et puis après, pas de quoi foutre un coup de pied dans une cervelle.
On est pas taillé dans le même cuir, elle c’est d’la semelle qu’on a pas l’temps d’user, d’la semelle sur laquelle on pose pas l’pied pour pas la froisser.

Bordel !

J’lui ai tiré ses bijoux, c’est mieux que rien. merde, j’suis furax. Faut que j’me rince la gorge, direction le musée des horreurs, virée au comptoir et deux brises glaces pour faire passer la p’tite colère.

Y a pas un serveur, chier.

J’contourne le zinc… voilà. Whisky. Pas d’manière, j’me sers. Au prix de la promenade en mer, faut pas déconner. Putain ! ça fait du bien par où ça passe, encore un et je me remets au boulot.
Demi tour, exploration de la page blanche, numérotation de la mémère à son toutou, estimation de son compte en banque, évaluation de la carrosserie et prise de contact.

Merde… elle est là. J’ai la guibole qui me joue des tours ou j’deviens tout ramolo la…
T’es dans la merde Trapp…

Je ressers le col, je tire sur les pans de ma veste, petit ré-ajustage obligatoire. Un coup d’œil dans le miroir. Impec.

Je m’approche d’elle, un pas, deux pas, je suis derrière elle.

(...)

Il soulève sa longue chevelure, elle sait qu’il est la. Dans sa main, le collier. Il l’accroche autour de son cou, et replace la chevelure, longue, soyeuse.
Sa main frôle sa joue, la boucle d’oreille reprend sa place.
Elle contourne son menton, caresse son autre joue, et accroche la deuxième boucle.

Il s’assoit à ses cotés, lui prend la main et y dépose le bracelet.
Sans la voir, il fait semblant.
Il avale son Whisky.

La gamine à couettes fait irruption, flanquée d'une autre, qui pour paraître nettement plus délurée n'en est pas moins tout aussi jeune...

Ouch... Atteinte, la petite... Franchement chargée... Intéressant de voir comment l'équipage va gérer ça...
Ca titube et ça glousse, à pleine voix s'il vous plaît...
Intéressant.
Et la copine, première fois que je la vois...

Observer, analyser, classifier...

Tiens, revoici le ramasseur de poules... Un whisky, cul sec. Un regard éloquent... Un second whisky... Ca sent le râteau à plein nez. Il en a les marques dans la raideur des épaules, dans la crispation des mâchoires, et dans le blanc des jointures...

Etrange manège.
Cadeaux ?
Mmmmmh...
Très étrange.

Ils me tournent le dos, tous deux... Moi c'est leurs visages qui m'intéressent... Prédateur-proie, proie-prédateur... Le rapport aurait-il basculé ?

Observer, organiser, codifier...

Il serait peut-être temps d'entrer dans la danse...

Elle se lève et revient calmement vers le salon. Le bar. Bien. Parfait...
Il semblerait que le barman soit encore de service là-haut... Elle se glisse derrière de comptoir courbe, repère parmi les bouteilles alignées un excellent Lagavulin... Une bonne rasade, et pas de glaçons, criminel dans un nectar pareil...

Un coup d'oeil vers le jeune homme toujours accoudé là.

Je vous sers quelque chose ? Tant que j'y suis...

Petit sourire, neutre.

Qu'est ce qu'on s'amuse...
Une jeune femme entre.
Elle est élégante, mais sans excès, pas surfaite.
Elle reste naturelle, et elle a bien raison...
De longs cheveux bruns descendent en cascade sur ses épaules.
Cette femme est décidément loin d'être laide...
Tiens, elle me sourit.
Le temps que je lui réponde elle a déjà détrourné son regard.
Ah, voila deux jeunes filles qui entrent.
Une semble tout droit sortie de "La petite maison dans la prairie", un peu niaise, mais surtout complètement saoule...
C'est quoi ce bateau où on laisse boire des enfants ?
Bon, je suis là pour me détendre, restons calmes.
Un homme entre à ce moment là.
Assez étrange, plutôt pas mal, classe.
Il se dirige vers un autre femme assise plus loin.
Visiblement ces deux là sont venus ensemble.
Ils doivent faire leur voyage de noces...
Un peu perdu dans des pensées sans grand interêt philosophique, les yeux tournés vers le sol, j'aperçois quelqu'un qui approche.
Je lève les yeux, c'est une femme.
C'est celle qui m'a sourit tout à l'heure.
Elle ne me regarde pas, bah qu'importe, je la connais même pas.
La voila qui passe derrière le bar.
C'est vrai que le barman n'est pas encore arrivé.
Je ne prête pas trop attention à elle, et je reporte mon attention sur la salle.
C'est alors qu'elle me propose un verre.
Elle me sourit, mais cela semble assez formel.
Je la regarde, et je lui rend un sourire, que j'espère un peu plus cordial que le sien.

- Avec plaisir... Servez moi la même chose que vous, ça ira très bien.

Bon... Si elle veut causer c'est pas gagner, je suis vraiment nul pour amorcer une conversation.
Je peux lui faire le plan classique, comme quoi je l'ai vue sur le bateau.
Ou sinon le direct, où je me présente et lui demande son nom.
Hé puis merde, je m'en tape.
Je parle pas.
La parole est d'argent, le silence est d'or, c'est une de mes devises.
Je me redresse, un peu et je lui fait face, j'ai vraiment l'air d'une loque là.
Restons dignes, même si le silence prend place.

Un second whisky, donc.
Sec.

Elle emplit un second verre, range la bouteille là où elle l'a prise. Puis elle contourne le bar, repasse devant le jeune homme. Elle pose le verre à côté de lui, puis se perche sur un tabouret haut.

Pas très causant, le jeune homme... Tout à fait charmant, par contre. Préoccupé. Sombre, même.

Observer, analyser...

Eh merde.

J'ai repéré les glaçons, si vous le préférez ainsi... Il est un peu âpre...

A mi-voix. C'est suffisant.

Je m'appelle Sibylle.
A la vôtre...

Je lève mon verre, un petit sourire par au-dessus, et hop.
La première gorgée.
Ma préférée.
Celle qui fait retrousser les lèvres sur les dents, une fraction de seconde. Et lâcher un petit soupir rauque.
Nom de Dieu que c'est bon.
Nom de Dieu que j'en avais besoin...

Tiens, la voilà arrive vers moi.
Bon, comme quoi parfois le silence vaut mieux qu'un long discours...
On semble un peu de la même trempe, pas très bavards, mais pas pour autant inactifs.
Tiens la voilà qui s'assied à côté de moi.
Ca me fait bizzare de savoir que je n'ai plus à me préoccuper de la suite des évènements...
Enfin, il reste Amy qui m'inquiète, mais elle semble entre de bonnes mains.
J'irrais lui passer un petit coucou si il n'est pas trop tard.
Allez, on vera plus tard, Carpe Diem comme dirait l'autre, profite de l'instant présent.
Elle m'apporte un verre, le même que le sien.
Un whisky.
Je ne l'imaginais pas boire ça, je l'aurai plus vu vin blanc haut de gamme ou champagne.
C'est pas plus mal d'un côté, j'aime bien le whisky.
Visiblement c'est une connaisseuse, elle le boit sans accompagnement.
C'est toujours meilleur ainsi.

- Non non, ne vous dérangez pas, ça ira très bien.

Je lui sourit et la remercie implicitement.
Elle trinque avec un sourire, et se présente.
Sybille... Un peu vieillot mais plutôt joli, plein de mystère même...
C'est vrai que d'un côté mes parents ont pas fait fort sur mon prénom.
James, y a légèrement plus moderne... Et qui fait pas espion invincible...
Je lève également mon verre, et je lui dis :

- Enchanté Sybille...

Je bois à mon tour.
C'est vrai qu'il est un peu âpre, mais il reste pas mauvais.
De toute façon ça ne peut me faire que du bien.
Je ne lui donne pas mon nom, pas encore, j'aime pas trop ça.
Il va peut être me prendre pour le dernier des malpolis mais c'est comme ça.
Allez, un petit effort et je lui pose la question des plus classiques :

- Vous voyagez pour le plaisir ou pour affaires ?

Voilà, j'ai presque honte. En général on appelle ça meubler une conversation...
Là c'est carrement du meuble en kit suedois...
Bon autre chose...
Un autre gorgée me détends un peu plus.
Faisons une entorse à ma règle.
Elle est plutôt sympa, je vais faire un effort.

- Ah oui, je m'appelle James... Mais pas Bond.

Je lui sourit. Houla je commence à faire de l'humour minable...
Il attaque ce whisky...
Elle va me prendre pour un débile qui essaie de la faire rire...
Alors que c'était même pas le but, c'est venu comme ça.
Tant pis, j'ai rien d'autre à dire.
J'entends que dans la salle c'est un peu pareil...
On se sent moi seul comme ça...

Fin du dedale de couloir metallique... enfin un autre bruit que celui du metal rouillé craquelant...

John Gibson, la serviete de cuir a la main, sort de sa poche un petit dictaphone.

"Note pour plus tard: L'état de corosion indique quelques inflitration basse. Il sera probablement necessaire d'acheminé le paquebot via un remorqueur pour évité toute torsion désagreable de la coque dut au moteur."

Il range le dictaphone dans la serviette, et pousse la porte de ce qui doit etre le salon.
Des bruits de conversation de ci de là monte progressivement.

Le chef d'entreprise ressert machinalement sa cravate, reajuste sa veste...

Il avance tranquillement, tire une chaise a une table libre et pose sa serviette sur une chaise proche.

S'installant confortablement, il remonte un pied sur son genoux, laissant paraitre ses chaussettes...

[HRP, arrivés de la swimming pool et du bar, avec Ritchy, Rocky, bidule quoi!]

No need de me changer, je suis déjà sur mon thirty-one.
Classe-cool, intemporel, marque de fabrique, jean et veste en cuir noir glued comme s'ils étaient indissociables de mon image.

J'invite Ritchy au bar, me sert un sherry and coke, et m'accoude au comptoir, les yeux sur la salle.
Too early, pas encore assez de monde, je vais presque paraitre inaperçu, no way, man!

Un signe de tête aux voisins de comptoir.

And you were saying, tu t'es fait mettre dans une croisière loin des States pour éviter le scandale? Poor Ritchy. Lucky you got a rich daddy.

Sourire entendu de l'ancien gosse des bas-quartier de Liverpool, à peine caché par le verre.

La porte s'ouvre à nouveau laissant apparaître la duchesse dans son plus bel apparat : robe noire de couturier à la griffe savamment exposée, pierres précieuses jusqu'au creux de la gorge, escarpins aux talons d'une hauteur vertigineuse et surtout, surtout, l'énorme diamant qui orne son annulaire, souvenir d'un mari aimant, riche… et six pieds sous terre.

Iris jète un regard froid et méprisant sur l'assemblée. Levant un peu plus haut le menton, elle se dirige vers le bar, ignorant avec l'art de ceux qui aime à être regardé le reste des présents. Prenant une pause pleine de majesté, elle s'accoude au bar. Un gars passe à côté du comptoir, sans doute le barman.

"Un Martini blanc glacé! Et que je ne vois pas une seule olive flotter à la surface sinon je vous fais jeter par-dessus bord! Allez mon brave! Au travail!"

Pose impatiente, juste pour la forme, offrant le meilleur profil de son gros caillou au reste de la salle. Un regard d'acier parcourt rapidement l'assistance… pfff quelle basse-cour! A peine digne de sa présence!

Mon dieu quelle horreur! Exhiber ainsi ses chaussettes, alors qu'elles ne sont pas assorties à sa cravate, quelle faute de goût monumental!

Il semblerait que cette croisière soit destinée à une clientèle beaucoup moins prestigieuse que ce que lui avait promis l'agence… leur coller un petit procès au cul lui permettra peut être de s'en repayer une nouvelle. En attendant, il faut faire bonne figure…

En parlant de bonne figure…

"Salut ma jolie!"

*Dommage qu'un mâle en rut lui ait déjà mis le grappin dessus. Regardez-le, avec son air sûr de lui, sa suffisance masculine, j'vous dit qu'il est en rût! Tous des salauds…*

En désespoir de cause, la veuve de Loncour se dirige vers une table désertée à la nappe écarlate, attendant un verre qui ne vient pas, en suivant de près les allers et venues des miches présentes.

Je me suis peut-être trompé après tout, la compagnie n'a pas tellement l'air de vouloir être méprisable, mise à part les deux petites là bas au fond , que j’envie un peu d'ailleurs, père ne m’aurais jamais laissé courir ainsi dans tout le bateau sans chaperon .

Non tout compte fait à voir leur état .... envier serait peut être un peu exagéré

Derrière moi le bar et si j’imitais les deux gamines ? m’éteindre ne serait ce qu’une fois pour voir l'effet que ça fait ?
Je sourie aux deux jeunes tourtereaux
Sourire sincère,
Il y a encore ces deux demoiselles à ma droite, un petit sourire bien hypocrite comme je les aiment, ne risquons rien, gardons nos distances .

Je n’ai pas très faim et cette boule au fond de mon ventre, d'où peut elle bien venir ?
Enfin elle me permettra de ne pas trop me goinfrer ce soir, rien de tel pour garder la ligne !

Bien appuyer sur la chaise les bras croisés
Je m’ennuie .....

Trapp .... ah non tu ne vas pas recommencer ! regarde ce beau jeune homme, beaucoup plus attirant, occupé ? il n’est pas marier de ce que je sache, alors aucun problèmes !

Et si ce n'est pas lui, le bateau entier en est certainement remplie, alors arrête de t'apitoyer relève le menton, regard bien dédaigneux et c’est partie .

Trapp mais cette fois pour de bon, je l’aperçois du coin de l’oeil, il m’ignore ..
Je sors
Non je reste
Faut te décider tu ne peux pas faire les deux
Immobile ...

Il aurait pu se changer, toute une journée dans le même costume pfff vraiment !

Ha on se fait tout beau ! on parie combien qu’il prend la petite brune à ma droite .
Tellement prévisible ... le voilà qui s’avance fier comme un coq .

Son souffle sur ma nuque ...
Tu ne veux plus de ton butin cher Trapp, pas la peine de s’encombrer de mauvais souvenirs n’est ce pas ?

Je le laisse faire indifférente, insensible ...
Il s'assoit je détourne le regard

Le bar .... un verre, il me faut un verre

Je me lève à contre-coeur

Arrête moi Trapp, arrête moi avant que je ne dérape ...

Qu'il est doux le monde futil du paraitre...
Les uns exhibent leur cuirs tannés, les autres leur joaleries incontournables...
Un bateau de luxe sans les moyens d'assurer ou d'assumer...

Chez les Romains... fait le Romain dit le vieil adage.

John passe la main dans sa serviete en vachette indoux, et en sort un petit paquet en dain brun.

Il dénoue deliquatement le lien de cuir, et en sort un porte cigare en or 48carat. Comble du luxe d'un homme sans limite, les initiales 'JG' tracé en diamant brut du Nigéria.

John coupe le bout de son cigare, l'allume... tire et s'empli la bouche du gout puissant d'un Havanne pur AOC!

Quel tristre decors... le luxe s'affiche... sans limite... il regarde... trop d'entre eux n'ont rien a faire ici... Et ce bateau... c'est quelques million en perdition...

Un grand timide... ou un silencieux...
J'aime les gens qui n'ont pas besoin de parler tout le temps.
Il y a qui ne tolèrent pas le silence.
Comme si le silence était un vide qu'il faut à tout prix combler.
Mais c'est leur propre vide qu'il comblent.

Elle sourit doucement à sa boutade. Rit même un tout petit peu, en le regardant de côté.

Pas Bond, ouf...
Ce Casanova suffisant m'a toujours écoeurée.

James, donc. Enchantée.

Mieux vaut oublier sa première question, détourner l'attention de ce que je fais ici. Je fais une piètre vacancière, et il a l'air assez fin, au contraire de beaucoup ici qui lorgnent leur nombril ou leur prochain compagnon de lit, pour noter que je ne recherche pas l'amusement...

La salle s'anime avec l'arrivée de plusieurs passagers. Un homme en costume, la cinquantaine, et deux jeunots. Celui qui parle, le brun, semble se donner énormément de mal avec son look... L'autre, le blond, promène un air blasé. Gosses riches ou gosses de riches.

Quant à la femme qui les suit...
Que dire ? L'élégance personnifiée. La morgue naturelle.
Sang bleu. Bleu foncé, même... La rouquine attablée un peu plus loin pourrait presque passer pour une bourgeoise, à côté...

Elle lui adresse un "Salut ma jolie" qui lui arrive comme une petite gifle sèche... Puis elle part s'installer plus loin, avec un air d'ennui stoïque comme seuls ceux qui n'ont rien à faire de leur dix doigts et de leur tête sont capables d'en afficher...

Je n'ai pas répondu. Que répondre ? Elle ne me parlait pas.
Et de toute manière qu'aurais-je dit ? Que je ne suis "la jolie" de personne ?
Je n'ai vu cette dédaigneuse assurance que dans des yeux d'hommes, avant. Il n'y a qu'eux qui ont déjà réussi à me mettre cette rage dans le ventre.
Morceau de viande.
N'essaie pas d'y planter tes dents, chienne de luxe.

Observer, analyser, classifier.

Au travail. Tu t'égares, Sib.
Où en est donc le couple-ou-pas que j'étais venue observer ?
La demoiselle se sauve. Avec une lenteur soigneusement calculée... Je pars, retiens-moi... Quelle est l'offense réelle ou imaginaire qui l'empourpre ? A quoi rime cette histoire de bijoux ? Etrange...

Une autre gorgée de whisky.
La rage s'est dissoute.
Tant mieux.
J'ai du travail.

Direct vers le buffet. Elle est affamée, ce que je peux comprendre. A la première cuite, on a toujours la dalle. Par contre, j’espère qu’elle fera pas l’erreur de manger trop vite, sinon, elle va gerber sur place. Ça serait beaucoup moins tordant que du pont sup… J’attrape un morceau de quelque chose, façon, j’aime que les pâtes, donc autant prendre au hasard et faire semblant de manger. Au moins, pendant ce temps, je peux scruter les tables discrétos de derrière ma main qui cache à moitié mon visage.

Où est ce que je vais m’installer ? Faut que je puisse voir les deux entrées, toutes les tables, le bar, et le buffet. Parce que faut pas que je loupe Johnny. Je crois que j’ai trouvé!

Hey, Kiki! Quand t’as la bouche pleine, pas la peine de pousser avec les doigts pour en faire rentrer plus! Attends un peu, mâche, avale, et remets-en ! J’vais au bar, j’t’attends là bas. Regarde, je vais m’asseoir là, tu pourras me faire coucou. Rejoins-moi quand t’auras le ventre plein, j’ai un secret à te dire, pis je t’apprendrais des trucs…

J’en mettrais sa main à couper, elle va me faire plein de petits signes quand je serai installée, la couille…
Avant de rejoindre le comptoir, je fais le tour des tables, histoire de bousculer les bourges gentiment assis qui attendent de se faire servir. Voilà qui est fait, je les entends râler d’ici, quel trip!

Maintenant, je prends place. Les deux mains sur le zinc, une petite impulsion, et je m’assois sur le comptoir. D’ici, je domine toute la salle. Obligé, je le louperai pas, le Johnny. Je cherche vers le fond de la salle, je passe en revue toutes les tables et le buffet… Pas là.

Mais… Cette voix… Merde, mais il est là, juste à coté de moi! Trop occupée à écouter les ralages, j’l’avais mêm’ pas vu! Les bras tendus, mains posées sur les cuisses, mes jambes se balancent. Dans ma tête, je cherche les mots que je vais lui dire. Tout ça sans oublier de garder un oeil sur Kiki.

(hrp: assise sur le comptoir)

Booon..
Me voilà dans le grand cirque.. Il y a déjà du monde dis donc.. Ils ont l'air contents.
Moi aussi, je suis sûr qu'ils me prennent déjà tous pour un sacré boute-en-train. Voilà l'rigolo du bateau, celui toujours de bonne humeur, toujours une bonne blague et l'oreille attentive. Accrochez vous, z'allez vous décrôcher les mâchoires !

Bon.. Ben, je vais aller grignoter au buffet, tiens.
Merde, une môme, c'est horrible les mômes, ça transpire la joie de vivre, ça rigole comme ça, sans retenue, avec tout l'entousiasme pur de leur innocence.. Si elle rit, je succombe..

Je prend un petit gâteau, pour faire semblant d'être tout à fait à l'aise.. Je remarque une femme aux allures bourgeoises, seule à sa table, un petit côté de Fontenay en plus sexy.. Une autre table, une fille seule, elle a un teint que je respire la santé à côté...

En gager la conversation ? Pas sûr...
Allez Sven, c'est bientôt l'an 2000, réagit !

Pis non.

Je demande à la gamine..

Tes parents sont à bord ?

Je suis pathétique.

[hrp] En provenance du pont supérieur [/hrp]

Le comte faisait trainer ses pas sur le pont, il avançait lentement, d'un pas nonchalant et lourd. Son visage blafard contrastait avec le jour qui commençait à s'éteindre. Il aurait été difficile de dire si c'était la soirée tombante ou bien la présence du comte qui avait raffraichit aussi vite l'atmosphère ambiant. Ses yeux bleus balayaientle décor.

Il entra dans la salle, remarquant au moins une personne qui pourrait rendre cete soirée amusante. La fille du bar.

il fendit son visage d'un sourire qui n'avait rien de chaleureux, et inonda le paysage d'un détail lugubre et froid, de ce genre de tâches indésirées sur un tableau haut en couleur.

Vous semblez bien seule, à l'écart des conversations qui animent déjà cette fête. Chercheriez vous la solitude d'un instant afin de profiter du calme?

Sa voix était éteinte, sans timbre partiuclier ni modulation qui aurait pu laisser entendre une émotion derrière les mots.

Mais peut-être est-ce autre chose qui vous oblige au recul, serais-je malvenu?

Le Comte.
Il ne me fait plus peur. Mon ami Diego est là pour étouffer toute trace de sensation troublante...
Je le regarde, calmement, froidement.

Observer, classifier, codifier...
Excentrique, oui. Magnétique. Aimant à user d'un charisme noir pour mettre les gens mal à l'aise. Aimant déstabiliser.

Etrange, comment peut-il trouver que je suis seule, entre James, les deux jeunes types un peu plus loin, et la gamine assise sur le bar à moins de deux mètres... Est-on seule dans une pièce pleine de monde ?

Rien ne m'oblige à rien, monsieur. Et ma solitude est toute relative. Quant aux conversations...

Elle balaie la salle d'un oeil rapide, s'arrêtant un instant sur Céli, seule. L'homme au costume, seul. L'aristo, seule. Le couple, muet. La blondinette, qui rit, isolée dans son délire. La brune au fond. Les seuls qui parlent sont les deux jeunes types à sa droite.

Je crois que je ne manque pas grand chose en m'attardant quelque peu ici.

Je hausse un sourcil ironique, et me permets un sourire en coin.
Une lampée de whisky.
A votre santé, monsieur le comte.
Trouvez-vous une autre âme fragile, ce soir. La mienne est blindée au Diego...

[Vu l'énorme suspens présent dans cette scène, je vous conseille d'écouter ceci pour être bien dans l'ambiance...]

Le temps passe doucement pour Céli, seule dans son coin. Elle observe d'un air détaché toutes les allées et venues.

Peut-être qu'un peu de nourriture me ferait passer le temps, après tout ? Et le buffet a l'air...appétissant.

Lentement, Céli se lève, fait deux pas et se retrouve à l'extrémité Sud du buffet.

Mmmh...des soufflés au fromage, des toasts au saumon...du caviar et des oeufs de caille, du foie gras...rien de très bon pour la ligne, j'en ai bien peur ! Truite fumée, Bar, Roussette, Raie, c'est mieux. Enfin non, pas la truite, c'est trop gras.

Elle continue lentement son exploration.

Des bouchées à la reine, beuah...j'ai jamais supporté les fruits de mer. Rien que la vue me donnait envie de vomir.

Elle s'arrête un instant, main devant la bouche.

Comment je sais ça, moi ? J'en ai jamais mangé...c'est d'avant, je le sais, je le sens, j'en suis sûre. Avant le bateau, avant aujourd'hui.

Elle pose ses mains sur le buffet.

Allez, essaie de te rappeler, cherche un peu, ma Céli, tu dois pouvoir y arriver. Pourquoi cette réaction devant les fruits de mer ? Pourquoi tu te souviens de ça et pas du reste ? Hein ?

Mais la mémoire ne revient pas. Dépitée, elle met un petit coup de poing sur le buffet. Puis elle se retourne, honteuse, pour voir si des fois quelqu'un l'aurait vue.

Bref...continuons, avant de devenir folle. J'ai l'impression que ça revient mieux lorsque je vide mon esprit.

Queue de lotte, mérou, tournedos Rossini...ah, d'autres toasts ! C'est drôle, toutes ces couleurs ! Mais la pâte rose n'a pas l'air appétissante. Voyons voir...suprême de barbue, charlotte d'asperges, jeune fille à couettes...jeune fille à couettes ?

Céli sursaute. Son bond en arrière manque de la faire heurter une autre gamine, et l'homme qui se tient à côté avec une tronche de six pieds de long.

Euh...veuillez m'excuser, j'étais...perdue dans mes pensées.

Ben voyons, Céli, même quand tu penses pas t'arrives à faire n'importe quoi.

Avec un sourire gêné, elle regarde plus attentivement l'homme en costume.

Quelque chose ne va pas ? C'est parce que j'ai failli vous bousculer ? Je suis vraiment navrée...

Alors ça ! Ben mon vieux Sven, c'est pire que tout, là... C'est pas possible, tu attires les mal dans leur peau ! à moins que ce ne soit une croisière pour dépressifs ou grand traumtisés de la vie, auquel cas ton abruti de frêre est décidement plus con qu'un pied.. de cochon... qui fait même pas groin groin tellement il est con.

Après le type à la clope qui te confie qu'il a une viede merde, voilà vampirella qui te rentre dedans et la petite rémieuh dans famille qui viennent te voir, troublant, non ? Booon.. Fait ta b.a, remonte leur le moral..

à la jeune fille cadavérique..

Hihi.
Pas le moins du monde.
Il n'y a pas de mal.
Youpi.
Je m'appelle Sven. Chic. Enchanté.
Vous croyez qu'on va pouvoir danser ?
C'est comment votre petit nom ?
Tacidigatum Tacidigatum
oh. excusez moi.

à la petite orpheline.

Oh.
Pauvre petite.
Tu es seule dans ce bateau ?
C'est pas grave.
On va bien s'amuser.
Je suis Sven, et avec Sven, on rigole.
Chouette.
Heu... Merci pour le gâteau, hein, pas c'est pas appétissant, appétissant ton affaire, pis j'aime pas le chocolat, encore moins les gosses, encore moins ceux qui ont des probl....
Hem.
Chic mais non, je suis au régime.


Pfff.. Moins une.. Va pas nous traumatiser la petite quand même ! Bon.. Ben dans quelle galère je suis encore embarqué, moi ?

Elle se barre ! Merde alors, je lui refile sa camelote et elle se barre ! Elle commence à m’gonfler avec ses manières « un pas en avant, deux en arrières », je suis plus dans la danse, là. Et j’suis pas en croisière moi, et je bosse moi, madame ! Et puisqu’on peut pas joindre l’agréable à l’utile, j’me demande ce que je fou encore à sa table.

Regarde ailleurs Trapp… regarde celle-là, elle est accoutrée comme une BMW série limitée, un exemplaire pour maman, le deuxième pour le prince de Monaco.
Et vas-y qu’je pointe mes airs au comptoir, oui c’est ça étale ta marchandise, une vraie supérette à bijoux, la Duchesse ! Manque plus qu’le cleps à mémère et le tableau est signé, mise à prix hors concours, vente aux enchères du chien-chien à sa maman.

C’est pas d’la petite richesse, ça… OuaoW, elle se dandine comme une chaloupe vent force 5. retiens-moi où j’la culbute sur la table ! Bordel les parechocs ! La, j’déroule la langue sur la table façon Tex Every.

J’me lève et je change de table ? Et la baronne, je la colle dans un coin de ma cervelle, et j’étiquette « brosses à reluire, ne pas déranger »

Et merde.

Restez…

Tu fais une connerie Trapp…
Ne la regarde pas, fait lui le coup de l’erreur de destination, turbulences et vent de bâbord !
Non… ne prend pas sa main…Ne la regarde pas…
Putain, tu l’as fait !

Et c’est quoi ça ! C’est des yeux d’chien battu qu’tu lui fais !

Bourre-toi la gueule !

Arrivée à la porte vitrée du salon, après un tour en cabine. Pantalon et veste en cuir noir, bottes style rangers assorties.

Nickel ! V’là ce qu’i’me fallait… la vitre servira de miroir… alors… j’me remets les mèches de cheveux en place, j’descends un peu la fermeture éclair du veston, histoire d’aérer l’décolleté… regard aguicheur, sourire en coin, c’est parfait… manque plus que le bronzage mais ça ma poule, ça va venir ! Hé ! J’vais faire du repérage en sirotant des cocktails sur un transat au beau milieu de l’océan… vraiment sympa ce taf !

Allez, on y va… et soit gentille pour une fois, hein ! Mêle toi à la masse, attire pas trop l’attention et le boulot sera fait proprement… comme j’aime. C’est parti…

Entrée dans le salon, balayage de la pièce et des invités en un coup d’œil.

Houlà ! C’est quoi c’spectacle ? Foutue môme… elle est en train de ravager le buffet, j’te la foutrais par-dessus bord moi… quoi d’autre ? Une qui s’la joue princesse, un couple qui joue tout court, un beauf qui semble rouler sur l’or, une célébrité à la mords-moi-le-nœud et j’en passe… OK ! Ca promet…

Bon, reste pas là… le bar, c’est tout ce qu’il me faut… j’viens d’arriver et j’ai tout le temps de la croisière pour faire mon job alors pour l’instant, un sky et rien d’autre !

Bar. Entre le Comte et Jenny. Sourire forcé.

Bonsoir, un whisky on the rocks s’il vous plaît.

Cinq personnes au bar… la star et un aut’ gars, l’a pas l’air bavard lui, là-bas… et sa voisine encore moins, elle arrête pas de scruter les alentours, on dirait qu’elle analyse tout ces guignols, hé ! Mais le pire c’est mon voisin… p’tain, ce mec a trop maté la Famille Adams… J’me retourne… et merde, une aut’ mioche…