On glisse, on avance inéxorablement vers cette masse sombre..
Plus qu'à attendre le choc..
Le vent file, le bateau dérive, encore quelques secondes...
L'air marin fouette le visage, l'odeur salé innonde l'atmosphère, c'est un calme plat avant le drame..
Et puis...
C'est d'abord un arrêt brutal, un sursaut, comme si le bateau était soudain pris de spasmes incontrolables.
Le comte tombe à terre et serre la rambarde de toute sa poigne.
Un raclement de tôle se fait entendre, comme un long cri plaintif, s'ensuit presque aussitôt le déchirement de la coque que tous peuvent entendre.
Quelques sursauts témoignent du passage du bateau sur les derniers récifs de coraux.
Le bateau est en arrêt, comme s'il avait épongé le drâme et en était sortit vainqueur.
Mais tout le monde ici sait que déjà l'eau infiltre les cales,et que tout n'est plus qu'une question de temps.
Le spectacle en est presque amusant, la piscine est couverte de bouteilles flottantes, elle n'a presque plus d'eau. Il y a un grand vide là où le comptoir se trouvait quelques secondes plus tôt.
Les premiers naufragés du bateau étaient des assiettes et des verres qui avaient basculées par dessus bord..